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T’as où le tatouage? La chronique de Frédéric Recrosio

14 juil. 2018, 05:30
Frédéric Recrosio, humoriste.

C’est l’été, on se balade court vêtus, on se montre la surface, et se propage une drôle de dermatomanie: les tatouages.

Comment en est-on arrivé là? Au début, les tatouages, c’était un truc de durs. De prisonniers, de marins, de mercenaires. Aujourd’hui, même ta tante, elle en a un. 

Au début, les tatouages, les mecs se les faisaient eux-mêmes: dans l’obscurité d’une cale, au fond d’une cellule sans fenêtre, ils se plantaient maladroitement des aiguilles imbibées d’une eau charbonneuse – et souvent, c’était raté. Aujourd’hui, le tatoueur, il est diplômé et a des horaires de bureau – mais souvent, c’est raté aussi.

Au début, les tatouages, c’était grave. Quand tu revenais de loin, tu te marquais «Diên Biên Phu» sur l’avant-bras, avec dessous la date où t’aurais dû mourir. Aujourd’hui, c’est quand tu reviens d’Ibiza; et le seul truc tendu que t’as vécu, c’est l’embarquement qui a eu du retard, mais tu vas quand même pas te tatouer «Easyjet - U2 8651»…

Au début, les tatouages, c’était irrémédiable. T’avais fait partie de l’escadron maudit, t’avais vu des horreurs, commis des saloperies, risqué quelque chose, c’était inscrit sous ta peau aussi profond que dans ta mémoire. Evidemment que c’était pour toujours, comment seulement imaginer pouvoir effacer ça? Aujourd’hui, si d’aventure t’as choisi un vilain motif en 1992, pas de problème, tu peux te l’enrober dans un dessin stylé du moment (un insecte, donc); mais attends, si vraiment ton triskel il est emmerdant parce qu’il te rappelle combien t’étais con – pas de souci, tu peux te le faire enlever au laser à la clinique privée où les médecins sont assis sur leur serment.

Au début, les tatouages, ça marquait ta différence. Fallait risquer d’être un paria, savoir goûter la volupté d’être inacceptable. Aujourd’hui, ça te fait ressembler à l’idiot qui vit torse nu dans la télé (je vous le dis parce que ça vous intéresse).

Tout bien pesé de l’époque, on serait tenté de dire que c’était mieux avant, mais regardons plutôt devant, et espérons juste que ce sera mieux après.

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