«Nous reconnaissons une faute, mais n’avons pas voulu tromper le consommateur», a reconnu Marcel Ammann mercredi soir à Tourtemagne dans le Haut-Valais.
Le président de la fromagerie Augstbord réagissait à la condamnation pénale infligée récemment par la justice pour violation de plusieurs dispositions de la loi fédérale sur les denrées alimentaires (interdiction de la tromperie, principes de la traçabilité et de l’autocontrôle).
L’affaire avait été révélée le 15 juin par «Le Nouvelliste» qui expliquait alors que 1584 meules de fromage estampillées «Raclette du Valais AOP» avaient été saisies en mars 2017 par le Service cantonal de la consommation.
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Huit tonnes sous enquête
Ces pièces, représentant près de huit tonnes, ne correspondaient pas aux standards de qualité requis pour l’appellation d’origine contrôlée (AOP). Et pour la justice, le consommateur avait été trompé.
Le comité de la fromagerie de Tourtemagne, avec son président Marcel Ammann (troisième depuis la gauche). Walliser Bote
Mercredi soir, la fromagerie a invité la presse pour expliquer qu’elle a rencontré un problème de bactérie début 2017 sur une quantité bien plus importante de fromage.
56 tonnes détruites
«En mars 2017, nous avons alors arrêté la production pendant une semaine et recherché la cause du problème sanitaire. 56 tonnes de fromages ont été détruites. Le problème a été résolu et dès juin 2017, plus un seul kilo n’a été déclassé. Pour nous, l’affaire était réglée.»
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Mais la justice ne l’a pas entendu de cette oreille et a condamné la fromagerie non pas pour l’accident bactériologique, mais parce que 682 pièces avaient disparu. Ont-elles été écoulées sur le marché?
Image mise à mal
La semaine passée, Thomas Egger, président de l’Interprofession Raclette du Valais AOP, avait réagi avec force, estimant «inacceptable que quelqu’un contourne le système mis en place pour authentifier et certifier la qualité de l’AOP». Selon nos informations, cette association professionnelle n’est pas étrangère à la décision de la fromagerie de Tourtemagne de s’expliquer devant la presse.
Mercredi, Marcel Ammann a admis que toute cette affaire fait du tort à l’Interprofession Raclette du Valais AOP. Mais il conteste la version du Ministère public qui explique que la fromagerie continuait à livrer de ce fromage pour de l’AOP, malgré l’interdiction.
L’Augstbordkäserei se borne à reconnaître que de ces meules de moins bonne qualité ont été écoulées lors de différents lotos et pouvaient laisser croire qu’il s’agissait de Raclette du Valais AOP.