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Le calendrier fédéral de Sion 2026 inquiète Sion et l'Etat du Valais

Avec un débat prévu aux chambres fédérales à la fin de l'année 2018, le calendrier pour une candidature de Sion 2026 aux Jeux Olympiques préoccupe la ville de Sion et l'Etat du Valais car le débat populaire devrait se tenir sans la décision finale de Berne.

30 mai 2017, 17:51
/ Màj. le 30 mai 2017 à 18:18
Le CIO ne décidera qu'en 2019 de l'attribution de la ville-hôte pour les JO de 2026. Mais le calendrier fédéral s'annonce déjà difficile.

Tel qu’il est présenté, le calendrier olympique semble relever de la mission impossible pour Sion 2026. Impossible ou, à tout le moins, difficilement conciliable avec les engagements pris par plusieurs collectivités, dont la Ville de Sion et l’Etat du Valais. Conseiller d’Etat nouvellement élu, Frédéric Favre l’admet et entend bien empoigner le dossier. «Le calendrier est très problématique et jette une sorte de flou. Avec l’entrée du projet dans le champ politique, nous allons désormais devenir nettement plus actifs.» Alors que le comité travaille en ce moment à rendre un budget et un concept complet au Conseil fédéral pour le 31 juillet, c’est en effet une échéance politique plus lointaine qui dérange.

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Échéances trop courtes pour voter

Le nœud du problème réside dans la date prévue du débat aux Chambres fédérales qui, selon le calendrier de Swiss Olympic, devrait se tenir à l’automne et à l’hiver 2018. Or le délai pour la tenue d’éventuels référendums est fixé au 31 janvier 2019 par le Comité international olympique (CIO). Cet intervalle beaucoup trop court imposerait aux villes et/ou cantons concernés d’organiser des votes sans connaître la décision finale de l’Assemblée fédérale. Une situation contraire aux prises de positions annoncées jusqu’ici par les collectivités cantonales et communales et, donc, pas de nature à mener un débat populaire serein.

Sion veut y voir clair

Porte-drapeau et pièce essentielle du dossier, la Ville de Sion, ne cache pas ses doutes. «Nous avons toujours déclaré, publiquement et dans nos lettres d’intention, que notre engagement serait conditionné à celui de la Confédération», rappelle Philippe Varone, président de la Ville. Et on comprend bien qu’une décision seule du Conseil fédéral, sans l’aval des Chambres, ne saurait remplir pleinement cette exigence.

Mais dans une réponse datée du 17 mai dernier à une interpellation de la conseillère nationale genevoise Lisa Mazzone (Les Verts), le Conseil fédéral, par la voix du Département de Guy Parmelin, maintient ce calendrier et ajoute: «Le Conseil fédéral a clairement énoncé, en décembre 2016, que le soutien de la Confédération dépendra notamment de celui de la population dans les régions concernées.» En somme, le serpent se mord la queue.

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Le président de Sion 2026 relativise

Cette situation «malheureuse», le président de Sion 2026, Jean-Philippe Rochat, la comprend, mais souligne qu’il sera extrêmement difficile de modifier les délais fédéraux. Une information que nous a confirmée l’Office fédéral du sport (OFSPO) qui pilote le dossier pour les services du conseiller fédéral Guy Parmelin. «Il n’est pas possible de modifier le calendrier fédéral en raison de la procédure de consultation. Ce projet de candidature a, du point de vue du calendrier, toujours été ambitieux. Les référendums dans les cantons devront se faire en parallèle, avec la possibilité d’émettre une réserve», précise Christoph Lauener, porte-parole de l’OFSPO.

Mais Jean-Philippe Rochat ne cède pas au fatalisme pour autant. «Je suis convaincu que la procédure de consultation, si elle est positive pour ce projet, saura rassurer les gens et lever le point d’interrogation quant à la décision des Chambres fédérales. Mais, avant cela, il nous faut franchir la haie du mois de juillet.»
 

Un délai étrangement long

De l’aveu de parlementaires fédéraux valaisans, le calendrier reste étrangement long entre la première décision du Conseil fédéral, prévu en septembre de cette année, et le débat parlementaire plus d’un an plus tard. En 2012, lors de la candidature grisonne pour les JO de 2022, le Conseil fédéral avait également pris une décision de principe au mois de septembre mais l’avait confirmée après une brève consultation en décembre de la même année. L’objet était ensuite au programme des Chambres au printemps 2013. Débat qui n’a finalement pas eu lieu puisque le canton des Grisons avait choisi de voter le dimanche précédant l’ouverture de session. Pourquoi ne pas pouvoir suivre le même calendrier?

A l’OFSPO, on nous indique que la loi fédérale sur les procédures de consultation a changé et impose un délai de trois mois. «Ce changement provient précisément de l’expérience de la candidature grisonne aux JO de 2022 qui avait bénéficié d’une consultation accélérée. Ce n’est plus possible», ajoute Christoph Lauener.

Le canton veut régler le problème

Reste que même en tenant compte de ce délai de trois mois, il semble envisageable de tenir les débats avant l’automne 2018. Frédéric Favre abonde dans ce sens. «Je ne peux pas penser que ce calendrier soit immuable. Ce ne sont pas des arguments technocratiques qui doivent empêcher ce dossier d’avancer.»

Manque d’optimisme fédéral ou prudence?

En comparaison du projet grison pour les JO 2022, l’attitude du Conseil fédéral à l’égard de Sion 2026 semble privilégier la prudence à l’optimisme. Alors qu’il avait rapidement décidé d’un message et s’était impliqué dès le début du processus dans le dossier grison, le Conseil fédéral semble, cette fois, plus passif, si l’on en croit sa réponse mesurée à l’interpellation de la conseillère nationale Lisa Mazzone (lire ci-dessus). 

En 2012, le gouvernement avait, par exemple, accepté d’engager – certes avec réserve – une garantie de déficit à hauteur du milliard de francs sur la base d’un projet provisoire devisé à 3,4 milliards (deux milliards de plus que Sion 2026) et prévoyant un déficit de 1 milliard. Or, les exigences sont, cette fois-ci, nettement plus élevées.

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«Dans le cadre de l’examen de la faisabilité financière de Sion 2026, le Conseil fédéral s’assurera que les chiffres budgétisés sont calculés avec sérieux et que des réserves suffisantes sont prévues afin d’éviter que la manifestation se close par un déficit. Si cela devait être le cas, la responsabilité incomberait en premier lieu au comité d’organisation», écrit le Gouvernement fédéral. 

Président de Sion 2026, Jean-Philippe Rochat estime que cette prudence s’explique. «Le Conseil fédéral a été refroidi par le double non de la population grisonne. De plus, la méfiance à l’égard des institutions sportives a grandi. Mais je considère, même si les exigences sont très élevées, que c’est plutôt bon signe que le Conseil fédéral veuille être certain avant de se lancer.»

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