Les nuits froides s’enchaînent et le gel menace les cultures autant dans le secteur des fruits et légumes que dans celui de la vigne. Les agriculteurs du canton constatent une situation délicate – en raison de la précocité des cultures – mais pas catastrophique.

Le domaine de la viticulture n’est pas épargné. Mathias Delaloye raconte avoir lutté intensivement durant deux nuits, engageant 25 personnes pour allumer 3000 bougies en moins d’une heure afin de sauver sa vigne de 10 hectares située dans la région de Chamoson. «Le problème n’est pas tant le gel actuel, mais plutôt les températures à 30 degrés qui ont fait débourrer très tôt la vigne (ndlr: développement et ouverture des bourgeons), car quand les bourgeons ont poussé, c’est là que le fruit gèle.»

Mathias Delaloye note un changement de paradigme dans la viticulture. «Il va falloir être conscient que, comme la vigne débourre plus rapidement, il faudra désormais vivre avec cette lutte contre le gel, comme les arboriculteurs le font déjà depuis 50 ou 100 ans. Je vais d’ailleurs installer une sonde sur mon domaine pour recevoir les alertes de températures.»

Le vent protecteur à Martigny

Un peu plus en altitude, sur les coteaux, Jean-Noël Devènes, qui cultive 6 hectares d’abricotiers à Baar, est serein. «Nous avons lutté deux nuits en mettant des bougies et les fruits ont été sauvés.»

Il faudra désormais vivre avec cette lutte contre le gel, comme les arboriculteurs le font déjà depuis 50 ou 100 ans

Mathias Delaloye, vigneron à Ardon

L’arboriculteur précise encore que beaucoup de fruits ont chuté ce printemps, mais pas à cause du gel. «Avec la météo que nous avons eue, des fruits n’ont pas été fécondés.»

Du côté de Martigny, Xavier Moret, producteur de fruits et légumes dans le secteur de la Bâtiaz, raconte avoir lutté trois nuits sur les trois dernières semaines, par aspersion, à part l’installation de quelques chaufferettes sur une petite parcelle. «Pour l’instant, nous n’avons pas de dégâts. Il faut dire qu’à Martigny, nous bénéficions de la bise, qui nous protège du gel… Nous craignons encore un peu pour la nuit prochaine et ensuite les températures devraient remonter.»

La vigne touchée dans le Chablais

Dans le Chablais, à Muraz, Pascal Lattion et son équipe de l’exploitation agricole Lattion-Ruppen ont aussi connu deux nuits agitées. Vendredi et dimanche, ils ont dû placer 140 chaufferettes sur leurs 4000 m2 de myrtilliers. Une toute nouvelle culture, que sa précocité a exposée au gel: «Normalement, ces plants résistent jusqu’à – 4° mais là, ils avaient quinze jours d’avance», relève l’agriculteur, qui ne peut pas procéder par aspersion pour ces petits fruits, trop fragiles.

S’il est encore trop tôt pour savoir si les efforts engagés ont porté leurs fruits, le Murian craint de se retrouver démuni car les chaufferettes viennent à manquer. «J’ai encore de quoi tenir deux heures. Après…»

Dans la Dans la nuit de dimanche à lundi, l’équipe de l’exploitation agricole Lattion-Ruppen à Muraz a placé des chaufferettes sur les 4000 m2 de myrtilliers. © DR

A Vionnaz, Attilio Beltrami et ses deux fils Nicolas et Vincent n’ont pu que constater les dégâts, eux dont les vignes ne sont pas équipées d’un système d’aspersion puisqu’elles n’ont pas besoin d’être arrosées. «Plusieurs parcelles sont touchées à 100%, d’autres sur le coteau, plus pentues, quasi pas du tout», déplorent les patrons de la cave Beltrami & fils.

«Sur Vionnaz, un tiers de notre production est foutue.» Là encore, les fortes chaleurs de ces dernières semaines n’ont pas aidé, la vigne ayant eu une dizaine de jours d’avance.

Le gel d’avril a grillé la vigne dans le Chablais vaudois

Dans le canton de Vaud, le gel de la fin du mois d’avril a fortement touché des vignobles d’Yvorne, Aigle, Ollon et Bex.