Genève (460 cas et six interpellations), Neuchâtel (15 cas et deux anciens employés d’un centre de vaccination interpellés), Le Jura bernois (2 interpellations dans un centre de Moutier), Fribourg, sans parler de la Suisse alémanique (dont un centre de vaccination schaffhousois): les cas de faux certificats Covid se multiplient en Suisse. Et le Valais ne fait pas exception.

Des arnaques organisées de manière massive n’ont pas été détectées pour l’instant par les autorités valaisannes. On parle seulement d’une dizaine de cas isolés posant problème. Nos sondages dans la population n’ont pas non plus permis de répertorier un système organisé à grande échelle. Toutefois, la police cantonale et le Ministère public valaisan savent désormais où chercher et elles mènent une investigation préventive.

Les offres pullulent sur la Toile

Cela n’empêche pas les tentatives de contournement de la loi de se propager, comme le démontre notre propre enquête dans le canton. Il n’est même pas nécessaire d’aller sur Internet pour trouver des propositions de faux certificat. Avec l’application Telegram, nombre de Valaisans découvrent quotidiennement des offres sur leur smartphone. Et visiblement, cela intéresse pas mal de monde.

Ainsi, le groupe «PassportSanitaireSuisseSansVaccin» compte actuellement près de 60 000 abonnés! Cela ne correspond pas forcément à autant de faux documents en circulation, cependant cela démontre l’intérêt d’une frange de la population pour ceux-ci.

Sur Telegram, les propositions de certificats vaccinaux pullulent. DR

L’ampleur du phénomène en Suisse se chiffre par dizaines de milliers de faux pass, au bas mot. Rappelons que dans le seul canton de Saint-Gall, une arnaque concernant 8000 faux certificats a été découverte.

Faux QR codes

Des férus d’informatique tentent de confectionner de faux QR codes, via un générateur. Mais l’exercice, là encore totalement interdit, semble difficile. Sauf pour ceux qui ont accès à une base de données contenant des clés officielles permettant de créer le précieux sésame. C’est ce qui est arrivé à Saint-Gall.

Parfois les faussaires ajoutent un sens de l’humour très particulier à leurs créations. Des pass portant les noms d’Adolf Hitler et de Mickey Mouse circulent. Un Valaisan a obtenu l’identité de l’auteur de «Mein Kampf» pour 50 €. Selon nos confrères de Heidi.News, ces faux sont désormais dépistés par l’application de contrôle de la Confédération.

Autre porte d’entrée des tricheurs: la carte d’identité. Nous avons vu un Valaisan présenter à un restaurateur un vrai certificat au nom d’une autre personne. Avec une carte d’identité portant la photo du Valaisan attablé et le nom figurant sur le pass.

Un pass obtenu par vidéo de l’étranger

Autre solution: des Valaisans ont obtenu pour quelques dollars un certificat via des sociétés étrangères. Ces boîtes proposent de fournir un certificat après un entretien vidéo durant lequel on effectue un véritable autotest devant un soi-disant infirmier. «Tu dois effectuer un vrai test sans interrompre la transmission vidéo et montrer le résultat à la caméra, ainsi que ta carte d’identité. Dans la foulée, en quelques minutes on te valide le test», raconte un utilisateur bas-valaisan. Ensuite, le client reçoit un certificat Covid européen soi-disant valable.

Toutefois, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) rappelle que «les autotests ne peuvent en aucun cas donner lieu à un certificat» et «déconseille vivement ce type d’offre». Ce d’autant plus que certains sites peu scrupuleux délivreraient le document tant désiré un peu trop facilement.

En stations de ski aussi

Les stations valaisannes ne sont pas épargnées par les tromperies.

A Crans-Montana, on nous signale des QR codes scannés sur un format carte de visite avec, au verso de ce bout de papier, une image de la carte d’identité. Idem à Verbier où un Anglais raconte là-bas qu’il suffit parfois de présenter ce bout de papier à la validité plus que douteuse.

Certains offrent des pass censés être réalisés frauduleusement dans des centres officiels. DR

On le voit, les fraudes existent bel et bien et les modes opératoires sont multiples, rendant difficile de cerner l’ampleur du phénomène. Dernier exemple en date: un Valaisan indique avoir pu se procurer un véritable pass Covid sans avoir été vacciné pour la somme de 300 €. «On m’a aussi proposé un tarif spécial couple à 500 € pour ce document réalisé probablement dans un centre officiel suisse ou européen.»

Les faussaires risquent jusqu’à trois ans de prison pour faux dans les certificats et leurs clients le plus souvent une peine pécuniaire et une inscription au casier judiciaire.

Le Valais traque une éventuelle arnaque massive
Jusqu’ici, le Ministère public valaisan a dénombré «pas plus de dix cas» de fraude au certificat Covid, indique le procureur général Nicolas Dubuis. «Il s’agit de cas isolés», confirme le magistrat qui parle «d’utilisateurs individuels parmi lesquels quelques médecins ou assistants médicaux.» Des thérapeutes parmi les faussaires? Pas si vite. La présomption d’innocence s’applique dans ces enquêtes, toujours en cours, qui devront déterminer s’il s’agit bien d’infractions volontaires et non pas d’erreurs. Selon nos informations, il pourrait parfois s’agir de simples oublis imputables à la surcharge de travail des praticiens. En d’autres termes, la paperasse aurait alors été remplie de façon incomplète voire erronée. L’enquête confirmera.
Si aucune arnaque d’envergure n’est donc signalée pour l’instant en Valais, la police effectue actuellement des investigations, sur délégation du parquet. Car ce dernier tient à vérifier, notamment, si les centres valaisans de vaccination pourraient avoir été victimes de petits malins. Et si une tromperie de grande envergure a pu être mise en place, comme ce fut le cas notamment dans le canton de Saint-Gall. Là-bas, un groupe de personnes travaillant dans des centres de test privés avait émis plus de 8000 faux certificats grâce à leur accès au système national d’émission de ces titres.
Après avoir analysé le mode opératoire de ces tricheurs outre-Sarine, le procureur général veut savoir si la même méthode ou un procédé similaire a été utilisé ici. Interpellé, le magistrat confirme cette démarche. «En effet, j’ai invité la police cantonale valaisanne à procéder à des investigations afin de déterminer si le mode opératoire ayant permis la délivrance de faux certificats de vaccination Covid-19 dans le canton de Saint-Gall avait également été utilisé en Valais.» L’enquête est toujours en cours actuellement. Alors que la Confédération améliore sans cesse la sécurité de ses certificats.

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