Au début, ils n’osent pas ouvrir les yeux. A cause du souvenir de l’eau de mer, et du sel qui pique. Olga est née à Varna, près de la mer Noire. Toute son enfance à barboter et à construire des châteaux de sable, et des rêves qui vont avec; à voir passer des touristes bedonnants, pleins d’huile et de gras sur le ventre tout en pensant que le bonheur est là, puisque tout le monde y vient.
Toute son enfance aussi, avec le vent qui s’infiltre dans les cheveux, sous les ongles et sur la peau, qui craquèle, dans le dos et sur la nuque, et qui se lézarde comme les harengs séchés qui reposent dans la saumure, les uns sur les autres, dans le grand tonneau de bois blanc de l’épicerie de monsieur Ivanov.
Mehdi, lui, le goût de la mort aux lèvres, garde surtout en mémoire le marché...