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Prévenir vaut mieux que guérir

Les mesures de prévention ont aussi contribué à atteindre des résultats réjouissants en Valais. Mais c'est un effort sur le long terme.

21 juin 2012, 06:36
Les consultations préventives permettent d'éviter bien des soucis.

Prévenir vaut mieux que guérir... La sagesse populaire, en matière de santé, met en valeur une démarche qui a véritablement fait ses preuves. Nombre de maladies peuvent ainsi être évitées par des comportements adéquats. Connaître pour ne pas en dépendre... Il en va aussi de la responsabilité du monde politique de s'engager en matière de prévention afin de limiter les dégâts. Comment se passe la prévention en Valais? Le Dr Georges Dupuis, chef du Service de la santé publique du canton du Valais et médecin cantonal fait le point.

"La prévention des maladies et accidents et la promotion de la santé sont souvent les parents pauvres de la politique sanitaire. C'est le cas en Suisse qui est l'un des rares pays développés à ne pas avoir encore de législation en la matière, même si un projet de loi fédérale est en discussion.

Cette faiblesse est confirmée par l'OCDE: la Suisse investit trop dans le domaine hospitalier et pas suffisamment dans les soins de longue durée et la prévention. L'OCDE relève que la Suisse compte un "nombre élevé d'hôpitaux par rapport à la population (un des plus élevés des pays de l'OCDE).

Plus globalement, le refus par le peuple des réseaux de soins montre que la politique de santé élaborée par le Parlement fédéral est de moins en moins bien comprise par le peuple. Ceci est d'autant plus préoccupant que les Parlements cantonaux ont toujours moins de marge de manoeuvre en matière de santé."

Pourtant la Suisse est active en matière de prévention?

C'est vrai. Des campagnes de prévention sont menées aux niveaux national et cantonal. Mais avec une loi fédérale, nous pourrions mieux coordonner ces actions et ainsi gagner en efficacité.

Le Valais est-il un bon élève en matière prévention?

Je dirais que oui. La prévention et la promotion de la santé sont ancrées dans la législation valaisanne. Elles sont intégrées dans la planification sanitaire. Et la loi sur la santé place la promotion de la santé au même niveau que sa sauvegarde et son rétablissement.

Quel est le secret d'une bonne politique de prévention?

En santé publique, il faut suivre trois étapes pour mener une bonne politique. Ces étapes sont d'ailleurs prévues par la loi. La première est d'évaluer les besoins de la population en se basant sur des données objectives fournies par exemple par les études sur l'état de santé de la population. A partir de ces données, il s'agit de définir les moyens nécessaires pour répondre à ces besoins. Enfin, il faut évaluer la qualité et l'efficience des prestations mises en place.

Reprenons ces trois étapes. Comment évaluer les besoins?

L'état de santé de la population valaisanne est mesuré tous les quatre ans dans le cadre d'une étude nationale à laquelle participe l'Observatoire valaisan de la santé. Le dernier rapport établi en 2010 montre que l'état de santé de la population valaisanne est l'un des meilleurs au monde. Cela s'explique notamment par une élévation des niveaux de vie et de formation, un meilleur état de nutrition et une meilleure hygiène. Mais cela s'explique aussi par le développement de la prévention et de la promotion de la santé qui a été rendu possible par l'augmentation des ressources attribuées à l'Etat. Concrètement, ces ressources ont notamment permis de lutter contre les épidémies, d'introduire la médecine scolaire, d'augmenter la couverture vaccinale.

Quels sont les "besoins" de la population valaisanne en matière de prévention?

En Valais, comme en Suisse, près de 2/3 des décès sont dus aux maladies cardiovasculaires et aux cancers. Les maladies pulmonaires en sont la troisième cause. Pour réduire la proportion de décès dus à ces maladies, il faut agir sur les facteurs de risque comme l'alcool, le tabac, l'alimentation, la sédentarité et améliorer le dépistage quand c'est possible.

Quelles sont les priorités dans ces domaines?

La consommation d'alcool a diminué chez les adultes depuis 1992. Il s'agit sans conteste d'un succès de la prévention. Mais il y a encore fort à faire. La proportion de fumeurs adultes peine à diminuer: en 2007, comme en 1992, 1/3 des hommes et 1/4 des femmes se déclaraient fumeurs.

Quant à la mauvaise alimentation et au manque d'activité physique, ils induisent un surpoids ou une obésité chez un homme sur deux et une femme sur trois.

Passons à la deuxième étape de la politique de prévention. Quels sont les moyens mis en oeuvre pour diminuer l'influence de ces facteurs de risque sur la santé?

Des mesures structurelles ont été prises comme l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Un programme de dépistage du cancer du sein a été mis en place. Des centres de compétences ont été créés comme pour l'alimentation et le mouvement.

Et un gros effort d'informations est fait dans les médias valaisans depuis cinq ans. L'objectif est d'informer pour stimuler la conscience des gens et leur faire remplacer certaines mauvaises habitudes par de bons réflexes qui contribuent à leur bonne santé.

Le Mag santé du "Nouvelliste" fait partie de votre campagne d'information...

Le Mag santé du "Nouvelliste" et du "Walliser Bote" est un volet de la campagne de sensibilisation. L'émission "L'antidote" sur la chaîne de télévision Canal 9, ainsi que l'émission santé diffusée sur la radio Rhône FM constituent les deux autres volets. En s'adressant à la population au travers de ces différents médias, nous souhaitons toucher le plus large public possible.

Dernière étape, l'évaluation de la qualité et de l'efficience. Investir dans la prévention porte-t-il réellement ses fruits?

Plusieurs études nationales et internationales confirment l'utilité et l'efficacité des mesures de prévention. Selon une étude nationale, chaque franc consacré à la prévention a ainsi rapporté entre 28 et 48 francs dans le cas du tabac, et entre 11 et 29 francs dans celui de l'alcool. Récemment, une autre étude a montré que l'interdiction de fumer dans les lieux publics a diminué le nombre de naissances prématurées. Investir avant l'apparition d'une maladie pour éviter des coûts élevés ensuite est donc une décision raisonnable. Mais cela nécessite d'être patient: les résultats ne sont pas immédiats.

La prévention est donc un investissement pour le futur.

J'en suis convaincu. Si notre espérance de vie a autant augmenté, si la mortalité infantile a autant diminué, c'est aussi grâce aux mesures de prévention. Prenons une évolution très significative: les décès survenus avant l'âge de 60 ans (mortalité précoce ou mortalité évitable). Le Valais avait un fort retard sur la Suisse jusqu'à la fin des années 1990 avec 30% de décès avant 60 ans chez les hommes contre 20% en moyenne suisse. Cet écart n'existe plus aujourd'hui et ceci grâce notamment aux efforts de prévention.

La prévention est rentable. Pourtant réussir à faire changer le comportement des gens est loin d'être simple.

C'est vrai. La prévention est l'affaire de tous. Elle suppose une importante coordination entre les différents partenaires: Service de la santé publique, Promotion Santé Valais et Addiction Valais, médecins, pédiatres, infirmières, infirmières scolaires, etc. Cette coordination fonctionne bien en Valais grâce à l'engagement de tous qu'il convient de féliciter ici.

La prévention est aussi l'affaire de chaque individu. Pour que les messages de prévention soient bien reçus, il faut les adapter continuellement. Informer encore et encore, voilà peut-être le secret de la prévention.

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