Connaissez-vous Andy Schmid? Si vous ne pouvez pas répondre à cette question par l’affirmative, personne ne vous jettera la pierre… ou plutôt le ballon. Parce que l’homme est considéré comme la perle du handball helvétique, le meilleur joueur suisse de tous les temps, élu à cinq reprises MVP du championnat allemand.

Un demi-dieu pour la Suisse du handball. La Suisse alémanique donc. Une fois franchi le Röstigraben, les références au quadragénaire (40 ans) s’estompent à mesure que l’on «s’enfonce» dans la Romandie.

En Valais, il faut au minimum passer la Raspille et rouler jusqu’à Viège pour avoir une chance de voir des supporters porter le maillot du Zurichois. Viège, le lieu où résident les deux seuls clubs de handball de notre canton – le KTV Visp et le HC Visperterminen – lequel, comme son nom ne l’indique pas, est bel et bien une antenne du KTV, sur les hauts de Viège.

2000 Romands «contre» près de 20 000 Alémaniques

Si d’autres clubs de handball ont déjà existé à Monthey, à Sion ou à Sierre, Viège est depuis de longues années l’unique place forte de ce sport en Valais.

«Dans le reste de la Romandie, c’est la région lausannoise qui possède le plus de licenciés, alors que Chênois chez les hommes (LNA) et Yverdon chez les femmes (LNB) sont les clubs romands qui évoluent au plus haut niveau», explique Florian Simmen, président de la section romande de la Fédération suisse de handball.

On a environ 2000 licenciés en Suisse romande et 20 000 à l’échelle nationale, alors qu’au Tessin c’est le désert total.

Florian Simmen, président de la section romande de la Fédération suisse de handball

Son nom de famille et son léger accent trahissent d’ailleurs des origines alémaniques. «J’ai grandi en Argovie», sourit-il. Un endroit où il est beaucoup plus facile de s’enticher du handball.

«Ce sont deux mondes totalement différents. Rien qu’en matière de licenciés, on en est à environ 2000 en Suisse romande et 20 000 à l’échelle nationale, alors qu’au Tessin c’est le désert total.»

En manque de locomotives… et de salles

Mais comment expliquer pareil écart? «C’est difficile à comprendre, d’autant plus qu’en France, le handball est le sport numéro trois derrière le foot et le rugby. Ma théorie est que notre sport a pris le bus bien plus tard que le basket et le volley en Suisse romande. Alors que c’est l’inverse en Suisse alémanique», avance le résident de Nyon.

Et comme les plages horaires des salles ne sont pas extensibles et que la médiatisation du handball demeure moindre en Romandie, cet écart demeurera difficile à combler.

On a fait bien des pas en avant, puisque nous sommes reconnus désormais comme un centre national de performance.

Dominik Karlen, directeur technique du KTV Visp

«Il faut des clubs phares pour les Romands, mais Chênois et Yverdon sont actuellement trop isolés géographiquement et dans le bas de classement de leur championnat. J’espère cependant que nous pourrons profiter de l’Euro pour attirer les regards sur notre sport.»

Le KTV Visp, globe-trotter du handball suisse

En plus de ses trois équipes actives (deux masculines et une féminine), le KTV Visp possède cinq équipes juniors. © Xaver Kuonen/KTV Visp

L’isolement, le KTV Visp connaît bien. A son échelle, soit la 1re ligue nationale – pour sa première équipe masculine – le club viégeois transhume un week-end sur deux en direction du Lötschberg et de son tunnel ferroviaire. Et c’est également le cas de ses sept autres équipes (pour un total de 130 membres).

«C’est clair qu’on est l’un des clubs suisses qui voyagent le plus durant la saison. Quand j’entends certains clubs qui se plaignent de faire trente minutes de déplacement, alors que pour nous, l’adversaire le plus proche, c’est Thoune…», lâche Dominik Karlen.

Fils d’un des fondateurs du KTV Visp, il y occupe la fonction de «sportchef» depuis plus de vingt ans. «On a fait bien des pas en avant, puisque nous sommes reconnus désormais comme un centre national de performance.»

Une reconnaissance de la fédération suisse qui intervient plus de «dix ans après la création d’une filière sport études» pour les handballeurs haut-valaisans. «On a beaucoup investi dans nos structures et dans la formation ces dernières années», relève Dominik Karlen. «Même si c’est compliqué d’exister au niveau du sponsoring en dehors de l’hégémonie du football.»

A quand un club pour le Valais romand?

Dans le Haut-Valais, les signaux sont plutôt réjouissants pour la discipline, puisque Naters et Baltschieder mettent également sur pied des entraînements pour les jeunes.

«Notre souhait maintenant est de créer un club dans le Valais central, soit à Sierre, soit à Sion. Nous avons plusieurs joueurs et anciens joueurs qui résident dans la région et qui sont prêts à s’investir. Les discussions pour obtenir des heures de salle ont commencé. Ce sera compliqué, mais on veut avancer», conclut Dominik Karlen.

Euro 2024: pourquoi la fièvre du handball ne prend pas en Valais

Alors que c’est l’effervescence de l’autre côté de la Sarine, les Romands et plus particulièrement les Valaisans se désintéressent de la compétition. Pourquoi?