Une «Glocke» (une cloche), des nains, du béton, du mélèze et du verre. Un lieu écolo et détonnant aux parois pas très droites. Un espace sauna tellement haut que je m’y suis sentie lilliputienne…

Voici pour les grandes lignes de ce conte. Car tout est parti d’une histoire à l’hôtel Glocke de Reckingen. La trame se déroule en plein milieu de la vallée de Conches, dans le Haut-Valais.

Ce conte ou plutôt ces contes, Bernhard «Gioco» Schmid les raconte à ses hôtes, lors de soirées dans l’hôtel de 18 chambres qu’il a imaginé avec sa femme Hanny, inauguré en 1987. Ces légendes du coin, il les a revisités en y ajoutant une touche philosophique et il les accompagne à la guitare et au hackbrett.

L’ancien bâtiment de 18 chambres de l’hôtel Glocke, à gauche, date de 1987. A droite, la nouvelle extension avec onze chambres terrasses. Photos: Sophie Winteler

Les nains et les naines dans tout ça? Sebastian, le fils de «Gioco», nous donne la clef du mystère. «Les nains vivaient sur le terrain où mes parents ont construit leur hôtel. Aussi, un soir, ils sont montés dans la vallée de Blinnen, car on les avait dérangés. Mes parents leur ont promis que chaque semaine, ils raconteraient un conte.»

C’est ainsi que les Schmid on fait la paix avec ces petites créatures. Le temps passa et ce fut le moment pour Sebastian de reprendre la direction du lieu. Avec sa femme Sonja. Mais avec un rêve pour ce couple: agrandir. Et c’est là que les nains ont refait surface.

«Heigh-ho, heigh-ho, on rentre du boulot!»

«On a raconté nos histoires de nains à l’architecte en lui demandant de respecter leur biotope! Comme ils vivent cachés dans des caves ou des grottes, ici, tout l’éclairage vient du sol. On n’a aucun plafonnier sauf dans la grande salle de réunion, entièrement vitrée. La nuit, l’ambiance est fantastique.»

Je confirme: cette ambiance ajoute une touche étonnante à cet hôtel où peu de choses sont à l’équerre. Même si l’extérieur est trompeur.

En arrivant, on découvre l’ancien bâtiment, habillé de mélèze bien noir, le même qui entoure les maisons de ce village de 350 habitants. A côté, la nouvelle extension labellisée Minergie, inaugurée en septembre 2021, est allongée, recouvert d’un bois très clair, du jeune mélèze.

J’entre, l’escalier en béton mène au niveau des chambres. De «grands nains» – encore… il faut aimer les nains ici! – sculptés dans le bois sont assis sur les marches.

«Les nains vivaient sur le terrain où mes parents ont construit leur hôtel», raconte Sebastian. Une légende que la famille Schmid cultive et qui a inspiré l’architecte pour dessiner les plans de la nouvelle extension. Photo: Sophie Winteler

Trois saunas et un coup cœur

En face de la lumineuse salle de réunion, le sauna. Une expérience.

L’espace est immense, tout en hauteur avec trois gros puits de lumière en verre aux formes rectangulaires ou biscornues. Les trois blocs du sauna sont entourés de recoins pour les douches et le repos, une coquette mezzanine invitant à la lecture. Ce sentiment de grandeur contrebalancé par l’effet cocon des saunas est surprenant.

Trois cubes noirs, pour trois saunas différents dans un immense espace recouvert de bois de mélèze. La lumière vient principalement de trois puits de lumière. Photo: Sophie Winteler

Ce long couloir volontairement sombre, éclairé uniquement par le sol, se veut un clin d’œil aux grottes des nains, explique Sebastian. Comme dans plusieurs parties de la nouvelle extension, les pans du plafond ne sont pas symétriques. Photo: Sophie Winteler

Chambres avec vue sur la prairie

Après le coup de chaud, je «plonge» dans le couloir, très sombre, qui mène aux chambres, magnifiques. Très clairs, toutes en bois, avec baies vitrées et terrasses.

La mienne donne sur un champ fleuri. L’hiver, les adeptes de ski de fond glissent devant les vacanciers qu’on imagine allongés sur des transats, bien au chaud sous une couverture, en train de boire un thé fumant…

Les lignes sont simples, pures, mais de guingois par endroits. Des parois sont inclinées côté sofa pour qu’on retrouve «une ambiance de cave», glisse Sebastian. La salle de bains est séparée par des panneaux vitrés peints par l’architecte. Ambiance apaisante garantie.

Une des chambres inaugurées en septembre 2021. Ici tout est pensé écolo, recyclage et bien-être, dans un espace pas forcément bien carré. Photo: Sophie Winteler

Et c’est justement sur cet atout que le couple veut jouer. «Nous n’avons volontairement pas mis de télévision. Mais il y a du wifi, car on nous le réclame!» Et d’ajouter: «Ce bâtiment, résolument contemporain, doit bien être le seul entre Brigue et le Grimsel!»

Cerise sur le gâteau, si le repos est d’or ici, les repas sont royaux. Tout est frais et fait maison. J’y retourne demain, juste pour quelques tartines: les pains et confitures sont à tomber.

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