Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Corinne Clavien-Défayes, la femme qui a dégusté plus de 600’000 vins du Valais

C’est la première. La première Valaisanne à intégrer l’école d’ingénieurs de Changins. La première Suissesse à obtenir le titre d’ingénieure-œnologue. La première encore à occuper la fonction d’œnologue cantonale. Fidèle à ce poste depuis 2008, Corinne Clavien-Défayes est sans aucun doute la personne la plus autorisée à disserter de l’évolution de la viticulture de notre canton. Retour sur le parcours d’une femme d’exception qui est aussi un sacré palais.

10 mars 2019, 18:00
Oenologue cantonale, Corinne Clavien a dégusté plus de 600'000 vins du Valais depuis sa nomination en 2008. C'est sans aucun doute la personne la plus autorisée à disserter de l’évolution de la viticulture de notre canton.

«Ce n’est pas un métier pour une femme!» Lorsque Corinne Clavien-Défayes parle à son oncle Jean Crettenand, enseignant à Changins et œnologue fédéral, de son désir de s’inscrire dans la seule école proposant des formations en œnologie et viticulture, celui qui est aussi son parrain est catégorique. L’œnologie, c’est une histoire d’homme.

«Pourtant, c’était à cause – ou grâce — à lui qui j’avais envie de faire ce métier. Il en parlait avec une telle passion», se souvient-elle. «De plus, j’avais grandi les pieds dans la vigne. Mes parents étaient pépiniéristes et vignerons-encaveurs. Dans ma famille, tout le monde travaille dans la viticulture. Mon frère a repris la cave familiale et ma sœur Claudine règne sur les vignes de la Rodeline, la cave qu’elle a fondée avec son mari Yvon Roduit. La vigne et le vin, on a ça dans le sang.»

Devant l’insistance sa nièce, Jean Crettenand lui organise tout de même un rendez-vous avec le directeur de Changins de l’époque. «Michel Rocher, enthousiaste, m’a dit: tu commences quand tu veux» raconte Corinne Clavien.

Un poste étatique conjugué au féminin

En 1979, son diplôme d’ingénieure œnologue en poche, Corinne entame un stage au laboratoire cantonal avant d’y être engagée officiellement. En 2008, le Conseil d’Etat crée le poste d’œnologue cantonale pour elle. Un poste étatique conjugué dès le départ au féminin. Une exception. À l’époque, dans les colonnes du Nouvelliste, celle qui a entraîné dans son sillage des Madeleine Gay, Marie-Thérèse Chappaz ou Marie-Bernard Gillioz, commente cette nomination féminine. «C’est surtout une reconnaissance de mon travail, de toute l’expérience accumulée, qui seule permet de revendiquer ce poste.»

 


La femme de l’ombre qui éclaire la viticulture valaisanne

Au fil des millésimes, rien qu’en Valais, elle a dégusté plus de 600’000 crus. «J’aime analyser, poser des diagnostics, partager mes conseils avec les encaveurs, avec les communes aussi. On ne le sait pas assez, mais le laboratoire cantonal met ses expériences à la disposition de tous les vignerons et les encaveurs. On peut même se déplacer. Je ne suis pas cantonnée au labo.»

Un vin, c’est comme un enfant, si tu ne le guides pas, il va n’importe où.

 

Son rôle premier reste la défense des appellations d’origine contrôlée et l’amélioration globale de leur qualité. Véritable ambassadrice des AOC, elle défend des critères stricts, garants de qualité. Une démarche saluée à l’international en 2014, lorsqu’elle reçoit la distinction de Chevalier de l’Ordre du Mérite agricole français. Une reconnaissance hors frontières consacrée par sa vice-présidence de l’Académie internationale du vin où elle est la seule femme membre de ce conseil depuis 2017.

Artisane de la progression qualitative des vins du Valais, elle  se réjouit de la maîtrise actuelle de l’utilisation de la barrique, «pour autant que le bois ne domine pas, tous les cépages supportent la barrique quand les raisins sont beaux.» Celle qui connaît si bien la viticulture valaisanne constate que le bio gagne du terrain et que la plupart des vignerons sont très respectueux de la terre sans forcément revendiquer le label.» Elle demeure cependant dubitative devant les vins natures. «Un vin, c’est comme un enfant, si tu ne le guides pas, il va n’importe où»

 


Fidèle à son terroir, Corinne Clavien-Défayes pense encore et toujours qu’on peut faire du Valais une des grandes régions de la planète vins. «Avec nos Petite Arvine, Cornalin, Amigne ou Humagne, bien que ce soit une viticulture de niche, nous avons des trésors qui portent le visage de notre pays, qui respirent le lieu…»


Rejoignez Swiss Wine Valais Community, le cercle d’amoureux des vins du Valais 
https://www.lesvinsduvalais.ch/community/
 

 

A lire aussi : Grégoire Dessimoz, le discret qui laisse ses vins parler

 

Votre publicité ici avec IMPACT_medias