«Regarde, c’est là qu’on tapait au foot dès qu’on avait un moment.» Grégory Lathion, président du FC Printse-Nendaz depuis 2015 et Frédéric Musaro, entraîneur du FC Vernayaz depuis l’été dernier ont sous leurs yeux, en contrebas, l’improbable terrain de Saclentse, un hameau entre Basse-Nendaz et Nendaz station. C’est là que ces deux… cousins au 1er degré ont grandi, «à 10 mètres l’un de l’autre», sourient-ils.A lire aussi: Football: «J’aurais préféré jouer cette finale l’automne passé…» Frédéric Musaro, entraîneur de Vernayaz

Le terrain est occupé par des ânes

Et c’est donc là que le futur président, 39 ans, citoyen de Sion et que le futur entraîneur, 43 ans, résident de Salins, frappaient dans le ballon, une fois rentrés de l’école, lors des jours de congé et même après leur match de championnat.

Aujourd’hui, le «terrain» est occupé par des ânes et la pelouse leur sert de nourriture. «A l’époque, c’était le stade officiel du FC Saclentse», rigolent-ils. «Il accueillait une équipe qui disputait des tournois populaires. Le local matériel servait aussi de vestiaire.»

Je cherchais un coach jeune qui faisait du bon boulot, pas forcément quelqu’un de la famille.

Grégory Lathion, président du FC Printse-Nendaz

En parallèle de cette pratique «sauvage», à côté de la maison, ils étaient licenciés au FC Nendaz. Mais en raison de la différence d’âge, ils n’ont jamais été coéquipiers dans un match officiel.

«Non, mais nous prenions part à des tournois populaires de foot et de hockey avec d’autres cousins. D’ailleurs, nous avions gagné le tournoi de Nendaz avec le FC Saclentse beach», précisent-ils. «Nous étions fiers de représenter le village. Par contre, nous avons été adversaires, en actif.» Grégory Lathion jouait alors à Nendaz et Frédéric Musaro à l’US Hérens, en 4e ligue.

Savièse le , 10 avril. 2024 : Demi-finale de la Coupe valaisanne qui a vu s'opposer le FC Savièse au FC Printse-Nendaz. Victoire de Printse-Nendaz 3:1 . ©Sacha Bittel © Le Nouvelliste SA / Sacha Bittel

Printse-Nendaz s’est imposé à Nendaz pour se hisser en finale. © Sacha Bittel

Ils ont défendu les mêmes couleurs

Il leur est aussi arrivé, dans le cadre de la famille élargie, de se rendre à Berne, en pèlerinage, pour la finale de la Coupe de Suisse.

Là où l’histoire est aussi cocasse, c’est que Grégory Lathion a été le président de Frédéric Musaro lorsque celui-ci entraînait la première équipe de Printse-Nendaz entre 2016 et 2018 en 3e ligue. «Je cherchais un coach jeune qui faisait du bon boulot, pas forcément quelqu’un de la famille», tient-il à clarifier. «C’était un peu délicat pour moi. Mais ça s’est bien passé.»

«Je n’avais pas trop hésité. Déjà, j’avais l’idée d’entraîner un jour la «une» de «mon» club», explique Frédéric Musaro. «Ce n’était pas du copinage. C’était donc normal que je saisisse cette opportunité.»

Deux grosses perfs en demi-finale

L’aventure a pris fin au printemps 2018, «parce que nous n’avions pas la même vision sur la suite à donner à la première équipe», mais cette expérience commune n’a en rien refroidi la relation qu’entretiennent, depuis toujours, les deux cousins. Derrière, c’est… Filippo Petrella qui lui a succédé, lequel est toujours en place.

Frédéric Musaro a ensuite dirigé Ayent, durant deux saisons, puis les juniors B inter à Martigny avant de prendre les commandes du FC Vernayaz. Le hasard du foot et de la vie, puisque Printse-Nendaz est redescendu en 2e ligue la saison passée, a voulu qu’ils se retrouvent «adversaires» en championnat. Et, surtout, en finale de la Coupe valaisanne. Ce n’était pas gagné non plus puisque Printse-Nendaz, à Savièse et Vernayaz, face à l’USCM, ont éliminé deux poids lourds en demi-finales.

J’ai peur de voir la coupe sous mes yeux lors des fêtes de famille.

Frédéric Musaro, entraîneur du FC Vernayaz

Grégory Lathion et Frédéric Musaro savent donc, depuis un petit mois, que l’un aura le sourire, un trophée entre les mains et que l’autre rongera sa frustration, mercredi soir. Ils assurent toutefois que depuis le 9 mars, lors du tirage au sort des demi-finales, ils n’ont jamais évoqué sérieusement ce potentiel rendez-vous en finale, devenu réalité le 10 avril dernier. «C’était difficile de se projeter aussi loin compte tenu de la qualité de notre adversaire respectif», relèvent-ils.

Vernayaz - 10 avril 2024 - Le public était nombreux à la demi-finale de la Coupe valaisanne qui a vu s'opposer le FC Vernayaz et l'US Collombey-Muraz. Le FC Vernayaz a remporté le match. © Héloïse Maret / Le Nouvelliste

Et une fois la qualification acquise? «Tu m’as envoyé un message, le soir même, en précisant: «On ne parle pas de foot jusqu’au 8 mai», rigole Frédéric Musaro. «Peut-être qu’on se chambrera juste avant le match, mais avec beaucoup de respect», assure Grégory Lathion. «A l’époque, on se chambrait davantage par rapport à nos clubs italiens que l’on supportait et qui n’étaient pas les mêmes.»

Le favori, c’est l’autre

Les deux cousins promettent qu’ils auront le sourire, quelle que soit l’issue de cette finale. «Bon, l’un des deux sera plus heureux que l’autre», consentent-ils. «Tant que ça ne se joue pas sur un coup du sort ou un fait de jeu…»

Frédéric Musaro avoue quand même une petite inquiétude par rapport à la prochaine fête de famille qui, traditionnellement, est organisée dans la buvette du stade des Grangettes à Nendaz. «Si on ne la gagne pas, ça risque d’être difficile pour moi d’avoir la coupe juste sous mes yeux», grimace-t-il.

Un pronostic, pour terminer? «Vernayaz a l’avantage de jouer à domicile, il est presque obligé de gagner à l’occasion de ses 100 ans», répond Grégory Lathion sans trop s’avancer. «Printse-Nendaz est dans une meilleure dynamique que nous», rétorque Frédéric Musaro.

Ces deux-là ont longtemps frappé dans un ballon, sur ce fameux terrain de Saclentse. Aujourd’hui, ils se renvoient la pression et le statut de favori.

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