En cette froide nuit agaunoise du 29 au 30 novembre dernier, deux hommes avaient pénétré dans 19 voitures et deux commerces, lors d’une virée à travers Saint-Maurice. Une équipée nocturne menée entre la place de la Gare, les avenues du Simplon, du Midi, ainsi qu’à la Grand-Rue, pour aboutir finalement au chemin des Îles.

Lors de cette expédition, le duo aura emporté un peu d’argent et quelques rares objets, provoquant surtout de gros dégâts, en fracturant les portes et cassant des fenêtres. Dans cette affaire, le récit de la soirée fait par l’un d’entre eux s’avère…particulier.

Ce Français, arrêté et incarcéré peu après les faits, comparaissait il y a quelques jours devant le Tribunal de Martigny. Son comparse, lui aussi étranger, a été déféré séparément.

Je cherchais une voiture pour dormir à l’abri du froid.

L’accusé

Beau parleur, le Français à l’accent du Sud a raconté au tribunal avoir été entraîné par un complice lors de cette nuit d’ivresse. A l’entendre, il n’a rien volé et rejette la faute sur son compagnon de beuverie.

Sans travail, ni domicile en Suisse, ce trentenaire n’en démord pas: «Je cherchais seulement une voiture pour dormir par cette nuit de grand froid. J’avais été refusé dans la soirée à l’Armée du Salut à Lausanne. J’ai suivi un homme qui m’a proposé de monter dans le train. Nous sommes descendus à Saint-Maurice, je ne sais pas pourquoi.»

«Cependant, vous aviez déjà volé en Suisse, et ce soir-là vous aviez pris soin de laisser votre téléphone à Lausanne», lui fait remarquer la juge Agathe Tornay-Luisier, soulignant une pratique souvent utilisée par les voleurs, afin de ne pas être géolocalisés. «J’ai fait preuve de beaucoup d’immaturité ce jour-là, mais je n’ai pas volé», insiste le prévenu.

Pas de chance pour lui: un témoin l’a vu tenant en main un appareil photo dérobé dans un des véhicules agaunois. «On ne peut exclure que ce soit l’autre homme qui l’ait volé, avant de le remettre à mon client», tente alors Me Gilles Pistoletti.

Mon client craignait de mourir par moins sept degrés.

Me Gilles Pistoletti, avocat de l’accusé

Pour le défenseur de l’accusé, qui demandait l’acquittement au bénéfice du doute, son client «était dans un état second et craignait de mourir de froid par moins sept degrés, en s’endormant dans la nuit, à cause de l’alcool et d’un calmant. Il n’est pas normal de devoir dormir dehors par un froid pareil.»

Selon cet avocat, qui cite des experts, le Français n’était plus responsable dans son état et ne connaissait pas l’effet du calmant que son ami lui a offert pour apaiser des angoisses.

Huit mois à l’ombre

A Martigny, le tribunal devait donc juger s’il avait face à lui un banal voleur ou un sans domicile fixe parti en roue libre lors d’une soirée de beuverie.

C’est la première version qui a été retenue. Le Français écope de huit mois de prison ferme (soit la durée de sa détention préventive) et d’une expulsion du territoire suisse pendant cinq ans.

Un appel devant le Tribunal cantonal est encore possible.

Saint-Maurice: il «visite» 19 voitures… pour dormir au chaud

Un Français avait pénétré par effraction dans de nombreuses voitures à Saint-Maurice. Il assure qu’il cherchait simplement un endroit pour dormir au chaud. Il finit en prison.