A l’instar de beaucoup de professionnels de la scène, la rude période de la pandémie a amené le danseur et chorégraphe Nicolas Turicchia à se poser certaines questions sur l’acte de la création et sur son rythme. «Aujourd’hui, j’ai envie d’aller peut-être encore plus au bout de mes choses».

Au Crochetan durant trois mois

Durant le bouleversement généré par le Covid-19, Nicolas Turicchia n’a pas pourtant pas qu’imaginé le futur. Il a été invité à habiter le théâtre montheysan durant trois mois. En février de l’an dernier, cette résidence lui a permis de dévoiler son «Iceberg». Avec seulement des briques en terre cuite et des toiles de jute, il a évolué sur le territoire de son passé.

Ce voyage au cœur de ses souvenirs, il espérait le présenter dans les salles romandes. Le Théâtre Benno Besson à Yverdon-Les-Bains l’a programmé en mai pour La Fête de la danse 2022 et il l’a aussi interprété à l’Espace Saint-Marc au Châble.

L’illumination Béjart

Cette création sur la mémoire a été suivie de «A la dérive», le troisième volet de ses pièces sur la notion d’espace. Il avait alors confié sa riche partition à cinq interprètes féminines de sa compagnie.

Le Valaisan détaille avec passion ses réalisations échelonnées durant trois décennies. C’est en effet en 1991 qu’il a débuté sa carrière. Il assista au Boléro de Ravel de Maurice Béjart et ce fut l’illumination. Danseur, il sera. Et aujourd’hui? «J’ai toujours soif.» De culture. Et de rencontres.

Un projet annulé

Le danseur et chorégraphe Nicolas Turicchia peaufinait un projet pour le Crochetan avec la chanteuse Guesh Patti. Malheureusement le cours de la vie en a décidé autrement. «On travaillait une performance mêlant danse, musique et paroles, cela devait être un peu rock’n’roll ou pas», précise le Bagnard. Ce ne sera pas, la chanteuse touche-à tout ayant dû annuler. «Je l’ai rencontrée par hasard, on s’est lié d’amitié, elle est tout simplement indéfinissable, j’ai été attiré par son énergie. Je me réjouissais de cette collaboration.» Et nous aussi.

PROFIL

Il a commencé à danser en 1991. En 1995, il entre à la prestigieuse école de danse fondée à Bruxelles par Anne Teresa De Keersmaeker.

En 1996, il décroche son premier contrat professionnel au Stadttheater Münster en Allemagne.

En 2000, il participe à la tournée internationale de la Vincente Saez dance company basée à Valence.

En 2004, il est engagé au Ballet de Lucerne. En 2013, il obtient une résidence d’artiste octroyée par l’Etat du Valais de six mois à la Fondation Suisse à Paris.

En 2014, il présente «Parision», le premier spectacle de sa compagnie.En 2015, il participe à «Moseset Aron» par Roméo Castellucci à l’Opéra de Paris.

Les créations se succèdent ensuite.

Ses coups de cœur

UNE MANIFESTATION

Le festival Hik et Nunk à Monthey qui a lieu tous les deux ans. J’y ai participé l’an dernier avec une performance dans la salle des archives de la ville. J’aime ces propositions artistiques qui n’ont pas lieu dans l’enceinte d’un théâtre. Les artistes se produisent hors cadre, dans des commerces, à la médiathèque ou ailleurs.

UN LIEU CULTUREL

Le Quartier culturel de Malévoz. C’est un lieu d’échanges entre les artistes et les personnes hospitalisées. J’y ai œuvré en résidence artistique.

UN FILM

«Le Dictateur», de Charlie Chaplin, sorti en 1940. Ce film m‘a touché par son écriture, sa gestuelle, sa dérision. L’un de ses points forts est la scène où il joue avec un ballon représentant le globe terrestre.

UN LIVRE

«Yi King, Le Livre des mutations», élaboré en Chine il y plus de 3000 ans. Il m’aide à trouver des réponses à mes questions. Je le consulte régulièrement.

Cet article peut être lu gratuitement à partir du 21 mai dans notre magazine «Culture» ici

Nicolas Turicchia dévoile ses coups de coeur

Le danseur et chorégraphe était en préparation d’un spectacle intitulé «Etienne» avec Guesch Patti. Des impondérables ont bloqué le projet. Mais la vie continue.