Quatre ans après l’échec face à Sierre, après deux saisons annulées en raison du Covid-19 et douze mois après son élimination face à Bâle, le HCV Martigny a donc atteint l’objectif qu’il s’était fixé: retrouver la Swiss League. Il s’agit pour lui, désormais, de définir sa philosophie et le rôle qu’il entend jouer à ce niveau en tenant compte de nombreux paramètres.

Quelle philosophie? Le développement des jeunes

En vingt ans, il s’agit déjà de la troisième promotion du club, sous des appellations diverses, après 2005 et 2012. Son histoire avec la Swiss League n’a toutefois pas été un long fleuve tranquille. En 2008, le HC Martigny demandait son retrait de l’ex-LNB. En 2017, il était déclaré en faillite. Fort de ces expériences douloureuses, quel rôle entend jouer le club en Swiss League, ces prochaines années? «L’idée, c’est de poursuivre la construction de notre pyramide, à travers le HCV Sion notamment, et de continuer à favoriser le développement de jeunes joueurs», explique Nicolas Burdet, directeur général de la structure. «Il s’agit de nous installer en Swiss League sans brûler les étapes. Aujourd’hui, l’urgence n’est pas de nous qualifier à tout prix pour les play-off. Les résultats viendront avec la progression individuelle et collective de nos joueurs. En parallèle, nous devons également améliorer encore les structures afin de permettre, justement, le meilleur développement possible des joueurs et que l’équipe soit la plus compétitive possible. L’objectif de l’un contribuera aux résultats de l’autre. Il faut être conscient que nous n’aurons pas les moyens de monter, dans l’immédiat, une équipe pour jouer les premiers rôles en Swiss League. Par rapport aux échecs auxquels vous faites référence, les circonstances sont désormais bien différentes. Nous sommes bien plus attentifs à notre formation que par le passé.»

Un partenariat avec un ou plusieurs clubs est souhaitable.

Nicolas Burdet, directeur général du HCV Martigny

Le HCV Martigny s’appuiera également sur des partenariats avec des clubs de National League. «Un ou plusieurs, des discussions sont en cours. C’est souhaitable, en effet. Géographiquement, nous sommes bien placés. Notre plate-forme est attractive pour ces clubs qui nous sollicitent pour une collaboration. D’ailleurs, pour un club de NL, avoir un partenaire qui possède une équipe en Swiss League et une autre en MH League est unique en Suisse.»

Quel budget? Moins de 2 millions

Le HCV Martigny disposait, en MH League, d’un budget proche du million de francs en incluant le HCV Sion. Même si la relégation n’est toujours pas à l’ordre du jour, en Swiss League, qu’il n’est donc pas contraint de faire des folies sur le marché des transferts, il lui faudra toutefois compter quelques salaires à plein temps – un staff d’entraîneurs, deux étrangers – et rétribuer différemment ses joueurs suisses. «Notre budget ne va pas doubler pour autant», assure le directeur général. «Il se situera probablement entre 1,5 et 1,8 million. Il sera toutefois affiné en fonction du partenariat, de ses conditions et des joueurs qu’il faudra engager. Il faudra voir aussi où se situe le HCV Sion. Entre la MH League ou la 1re ligue, ce ne sont pas les mêmes montants. Ces moyens nous poussent à trouver des solutions intelligentes pour développer le club d’une manière sportive et pas forcément financière. C’est notre travail, sur et en dehors de la glace, qui nous permettra de grandir dans cette ligue. Mais ça n’exclut pas de dénicher des joueurs plus expérimentés qui voudront assumer un autre rôle tout en envisageant une reconversion professionnelle. Nous n’aurons pas les moyens d’engager deux top premières lignes. Des cadres seront toutefois nécessaires pour encadrer les jeunes. La priorité, c’est de compter sur un vestiaire sain avec de bonnes personnes.»

«L’absence de relégation nous permet de travailler sereinement.»

A titre de comparaison, le HC Sierre s’était lancé en 2019 avec un budget de 2,2 millions pour atteindre, désormais, 3,5 millions. A ce moment-là, déjà, tout risque de relégation n’existait pas. «Ce règlement nous permet de construire notre projet autour des jeunes de manière intelligente et de travailler sereinement. A terme, il est toutefois souhaitable que la relégation redevienne d’actualité.»

Quel entraîneur? Daniele Marghitola est une option sérieuse

La nomination de Daniele Marghitola pour succéder à Kevin Ryan, en cours de saison passée, était une riche idée. Le Tessinois, physiothérapeute à Martigny, préparateur physique et chargé du suivi médical, entend-il mettre sa carrière professionnelle entre parenthèses, tout au moins la réduire considérablement, afin de continuer l’aventure en Swiss League? «C’est tout l’enjeu de nos discussions», confirme Nicolas Burdet. «Sportivement, la gestion du staff technique nous donne entière satisfaction. Daniele Marghitola a une autre activité professionnelle mais il a des ambitions dans le hockey. J’espère que nous pourrons trouver de bons compromis afin de poursuivre cette collaboration. La question de l’entraîneur est toujours ouverte. Il faut que ce soit gérable pour lui et que, de notre côté, nous puissions assurer une certaine qualité de développement. En MH League, nous avions une jolie équipe sur le papier. En Swiss League, la configuration sera différente puisqu’il s’agira de joueurs à développer.»

«La Swiss League, pour un coach, c’est quasiment du plein-temps.»

Le Tessinois paraît en mesure d’assumer cette tâche également. La Swiss League est toutefois plus exigeante en termes d’organisation et de temps à consacrer à d’autres activités professionnelles. «Son cahier des charges au sein du club, cette saison, était lourd. Il s’agit de le préserver pour qu’il puisse se concentrer sur l’essentiel. La Swiss League, c’est quasiment du plein-temps. Pour Christophe Brown, employé à 100% dans une banque, c’est plus compliqué. Nous discutons également avec lui.»

Quel effectif? De nombreux changements

Nombre d’anciens joueurs qui avaient repoussé la retraite ou le retrait en ligues inférieures, ces dernières années, afin de quitter la scène sur un ultime titre, rangeront cette fois leurs patins à ce niveau. La Swiss League est de toute façon trop exigeante pour eux qui ont leur carrière derrière eux. Et pour ceux, aussi, qui ont une activité professionnelle à plein temps. Quant aux jeunes, ceux qui patinent actuellement en 1re ligue avec le HCV Sion, sont-ils prêts à effectuer le saut en Swiss League? «Tous les joueurs ne pourront pas poursuivre l’aventure pour des raisons diverses, professionnelles, personnelles, d’études ou de niveau de jeu», confirme Nicolas Burdet. «Mais c’est vrai qu’il faut s’attendre à de nombreux changements, probablement une bonne moitié de l’effectif actuel. D’autres joueurs voudront tenter leur chance en Swiss League et à qui nous voulons offrir l’occasion de s’y installer. Notre atout, c’est qu’il y aura peut-être pour chacun deux possibilités de continuer le hockey, entre la Swiss League et la MH League.»

«A Martigny, les étrangers pourront se faire un nom.»

Le HCV Martigny devra également dénicher deux étrangers sans avoir des moyens illimités à leur proposer. «En Suisse, il n’y a pas tant de clubs où des joueurs étrangers peuvent se montrer. En NL, ils cherchent avant tout des stars. En SL, certains clubs misent également sur ce profil de mercenaires. A Martigny, ceux-ci pourront se mettre en vitrine. En Swiss League, par le passé, ce ne sont pas forcément des étrangers aux statistiques impressionnantes qui ont cartonné. Ils sont nombreux à s’être fait une réputation en deuxième division. Il s’agit de connaître nos besoins entre des attaquants ou des défenseurs en fonction de la construction de l’effectif.»

Quelle patinoire? Le projet avance

Le Forum est, depuis quelque temps, limité à 1638 places pour des raisons de sécurité. Cette capacité, fortement réduite, est contraignante pour les finances du club et posera quelques soucis lors des (nombreux) derbys face à Sierre et à Viège la saison prochaine. «Il y aura peut-être des solutions pour améliorer cette capacité», avance le dirigeant. «Si ce n’est pas possible, il faudra vivre avec. Ce sera problématique sur quelques matchs, les derbys principalement mais pas forcément sur l’ensemble du championnat. A nous d’être créatifs pour offrir d’autres solutions à ceux qui ne pourront pas être dans la patinoire. Ce sera l’un des défis de notre nouveau directeur administratif, Victor Liebenguth.»

«Le manque à gagner lors des derbys sera important.»

Financièrement, le manque à gagner pour les quatre à six derbys qui se dérouleront au Forum, indépendamment d’éventuelles confrontations en play-off, peut être estimé à 100 000 francs. «Au moins», acquiesce Nicolas Burdet. «C’est considérable dans notre budget.»

La commune ayant renoncé à son projet de patinoire financé par ses soins, le dossier est désormais entre les mains du club qui doit dénicher des partenaires privés. En parallèle, il pourra compter sur le soutien de la ville de Martigny. «Je ne suis pas directement impliqué dans ce projet mais je crois savoir que ça avance. Je ne peux pas en dire davantage aujourd’hui. Cette infrastructure est vétuste mais elle nous permet de pratiquer notre sport.»

Le HCV Martigny transforme son rêve en réalité

En s’offrant la finalissima de MHL face à Thoune (0-4), Jérémy Gailland et ses coéquipiers réalisent un triplé sensationnel: Coupe, playoff et promotion.