Le vétérinaire empoigne le veau. Deux piqûres dans le collier, et la bête part s’affaler dans un coin de l’étable. Quelques minutes plus tard, le jeune bovin somnole sur la paille, haletant, les yeux mi-clos. Vêtu d’un tablier brun, le vétérinaire revient avec une nouvelle aiguille pour une anesthésie locale «du nerf qui mène à la corne», explique-t-il.
Le veau âgé d’une vingtaine de jours n’a pas encore de cornes, mais deux «bourgeons» au niveau de la peau. Comme des kystes. Le médecin saisit son fer et brûle les deux zones. Les rondelles de chair calcinée tombent sur la paille. «Le veau va dormir une heure encore», précise le docteur en bottes, désinfectant les plaies au sommet du crâne.
Jean-Luc Charbon, vétérinaire à Estavayer-le-Lac (FR), effectue ainsi cinq écornages par semaine. Un geste technique, confiné au monde agricole, mais sur lequel tous les Suisses sont appelés à se prononcer...