Cloîtrée à la maison, elle se décide à trier ses affaires. Ce qu’elle découvre la laisse sans voix: la pochette waterproof achetée l’été dernier à l’aéroport de Reykjavik, juste avant de redécoller pour Kulusuk (elle prononce ce nom à haute voix).
Elle en extrait deux carnets noirs. Un premier, couverture cartonnée et reliure à spirale. Les croquis qu’il contient deviendraient des œuvres si seulement elle se décidait à les exposer. Certaines aquarelles d’icebergs demanderaient quelques retouches; les dessins noirs-blancs au stylo-feutre ont par contre une spontanéité qui lui parle. Des frissons parcourent même ses avant-bras quand elle revoit la copie grandeur nature d’une griffe d’ours blanc chassée par son ami Kunuk; elle lui avait promis une fresque sur les parois de sa cuisine, elle n’a pas tenu parole et s’en veut un peu. En parcourant ce carnet, elle s’étonne. Elle a contemplé depuis son voilier des paysages surréels mais elle...