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Un rapport accable la direction de Genève Aéroport

A Genève, la Cour des Comptes détaille jeudi les dysfonctionnements découverts au sujet d’une procédure d’adjudication visant les services de sûreté de l’aéroport. Elle dénonce des contrôles insuffisants de la part de la direction générale de Genève Aéroport.

16 mai 2019, 11:51
La Cour des comptes a rendu un rapport qui accable Genève Aéroport.

Les notations de certains experts ont été modifiées sans qu’ils en soient informés, indique dans un communiqué la Cour des comptes qui avait été sollicitée par le Conseil d’administration de Genève Aéroport pour investiguer sur cette procédure de 2018. L’appel d’offres visait l’accueil et le filtrage des passagers ainsi que les contrôles des bagages et de l’accès au tarmac.

Dans un courrier adressé au Conseil d’administration, la Cour des comptes estime que les changements de notes «ont pu suffire à modifier les résultats pour deux lots sur trois». Autre problème: un collaborateur mentionné comme faisant partie du groupe d’évaluation des offres n’a finalement pas participé à l’appel d’offres.

Procédure pénale

Un haut cadre, qui avait été écarté de la procédure pour éviter tout conflit d’intérêts, a procédé à l’ouverture des offres, souligne la Cour des comptes. «Ces offres ont alors été laissées à disposition de ce cadre, alors qu’il a travaillé chez une société soumissionnaire et qu’il est ami du directeur régional d’une autre société ayant répondu à l’appel d’offres», selon les conclusions de la Cour.

Cet élément fait écho à l’arrestation mercredi du chef de la sûreté de Genève Aéroport et du responsable d’une société de sécurité. Ces deux personnes, présumées innocentes, sont visées par une procédure pénale pour corruption active et passive ainsi que gestion déloyale d’intérêts publics. Les risques de fraude étant importants, la Cour des comptes avait transmis ses découvertes en mars dernier au Ministère public.

La Cour des comptes relève aussi le délai très court imparti aux collaborateurs pour évaluer les offres, soit moins de 48 heures, ainsi que des erreurs dans la liste des collaborateurs ayant participé à l’évaluation. En effet, un collaborateur mentionné dans cette liste n’a pas participé à l’analyse d’offre. «On ignore qui a évalué les offres à sa place», souligne la Cour des comptes.

Amitié problématique

L’examen de la Cour des comptes montre également que la direction générale n’a pas vérifié toutes les alertes lancées par des collaborateurs au sujet de l’intégrité et de l’éthique du haut cadre. L’appréciation de la situation de la part de la direction générale était erronée, selon la Cour des comptes

Les liens d’amitié entre le haut cadre et un dirigeant d’une société ainsi qu’avec l’administrateur d’une autre ont également alerté la Cour des comptes. Les éléments qu’elle a réunis laissent penser que les intérêts économiques de Genève Aéroport ont pu être lésés au profit de ces sociétés.

De surprenants achats d’uniformes pour le département sûreté, effectués sans appel d’offres, suscite aussi de fortes interrogations.
Culture d’entreprise

Il s’agit désormais à la justice de poursuivre les investigations. A ce stade, la Cour des comptes émet toutefois des recommandations à l’égard du Conseil d’administration. Elle l’invite à reprendre en main la culture d’entreprise en s’assurant que l’ensemble des collaborateurs s’approprient la directive relative à la prévention et la gestion des conflits qui date de fin 2018.

Elle propose aussi de demander à la direction générale une analyse détaillée du bien-fondé économique des relations contractuelles conclues par le département de sûreté depuis 2011. Il faudra aussi s’assurer que les alertes lancées par les collaborateurs soient correctement examinées.

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