«Cette situation nous empoisonne la vie.» Dans le hameau de Champzabé, au-dessus de Noës, les habitants du quartier de Regrouillon en ont marre. Depuis le 18 septembre, une grue trône au milieu de la route.

Edifiée pour permettre la réalisation d’un chantier sur le terrain en contrebas, celle-ci empiète sur toute la largeur du passage. Impossible d’y circuler avec un véhicule. Les quelque vingt habitants concernés disent avoir été mis devant le fait accompli.

«L’entreprise qui mène ces travaux ne nous a avertis qu’une fois la grue montée. Pour accéder à notre domicile, nous sommes contraints de passer par une route de vigne, étroite et pentue, à l’ouest de Champzabé. Toute cette situation, censée durer jusqu’à la mi-décembre, est inacceptable. Nous voulons faire bouger les choses.»

Une échelle pour contourner la grue

Contextualisons. Le chemin de Regrouillon se situe sur le territoire de la commune de Sierre. Le 11 septembre, celle-ci accorde à l’entreprise en question une autorisation d’utilisation du domaine public pour la pose de la grue.

Mais une semaine plus tard, lorsqu’ils découvrent la situation, les habitants ne peuvent s’empêcher d’interpeller la municipalité pour lui faire part de leurs préoccupations. Tout d’abord, ils craignent qu’en cas d’urgence vitale, l’accès au quartier pour une ambulance ou un camion de pompiers ne soit pas garanti. L’hiver approchant, ils redoutent aussi que la route de déviation soit impraticable en cas de neige ou de verglas.

une vingtaine d'habitants du hameau sont privés d'accès à leur domicile depuis 2 mois en raison d'une grue installée sur la route.

Le chemin de Regrouillon est coupé en deux. © Le Nouvelliste

Enfin, l’aménagement piéton mis en place pour contourner la grue leur semble inadéquat. «A la base, il s’agissait d’une échelle posée contre le mur de la vigne surplombant la route. Cet accès était inadapté aux personnes âgées ou à mobilité réduite», confie un membre du collectif.

Déviation piétonne pas conforme

A la suite de ces échanges, une visite de la municipalité sur place permet de confirmer les éléments selon lesquels les riverains n’ont pas été avertis au préalable, ainsi que la non-conformité de la déviation pour les piétons.

Cette photo que nous a transmise le collectif d’habitants de Regrouillon montre l’échelle qui avait été installée au début du chantier. © DR

«La demande d’autorisation d’utilisation du domaine public prévoyait la condamnation temporaire de la circulation sur la route, sans influence pour les circulations des piétons. Sur le terrain, nous n’avons pu que constater que cet élément n’était pas respecté. De plus, l’échelle permettant d’accéder à la vigne et de contourner la grue n’était de loin pas une solution acceptable», souligne Stéphane Delaloye, ingénieur de la ville de Sierre.

La ville révoque son autorisation

Le 20 septembre, la commune rappelle à l’entreprise les conditions à respecter pour la suite du chantier, dont celle de «permettre un passage pour piétons adapté, sécurisé et praticable, notamment pour les personnes âgées et les enfants», selon un document que «Le Nouvelliste» a pu consulter.

Toute cette situation, qui dure depuis deux mois, est inacceptable.

L’un des membres du collectif d’habitants de Regrouillon

L’échelle est remplacée par un escalier muni d’une rambarde en bois. Mais pour la ville, cet aménagement ne correspond toujours pas aux exigences. Il ne permet pas «le passage des personnes à mobilité réduite et des poussettes, tout en étant dangereux pour le passage des enfants», peut-on lire.

N’ayant de surcroît pas reçu l’avis de démarrage des travaux, la commune révoque le 29 septembre son autorisation, et ordonne à l’entreprise d’évacuer. Autrement dit, de déplacer la grue et de trouver une alternative à son emplacement. Début octobre, l’entreprise recourt contre cette décision auprès du Conseil d’Etat.

Rencontre prévue la semaine prochaine

Aujourd’hui, la situation sur le terrain n’a pas changé. La grue, tout comme l’escalier, sont toujours là. Sur le plan administratif, l’affaire a toutefois connu un léger rebondissement. Le canton, via son Service des affaires intérieures et communales, a constaté le 12 octobre que la révocation de l’autorisation d’utilisation du domaine public n’avait pas été formellement prononcée par le Conseil municipal.

Conséquence: l’autorisation délivrée à l’entreprise le 11 septembre demeurait en force. L’exécutif sierrois a corrigé le tir le 17 octobre, en formalisant la décision de révocation, tout en prononçant une amende de 5000 francs à l’encontre de l’entreprise.

Celle-ci a jusqu’au 20 novembre pour recourir contre cette décision. Contacté, son directeur n’a pas souhaité commenter ce dossier. «J’espère que nous trouverons une solution qui puisse satisfaire tout le monde.» Une rencontre avec la ville devrait avoir lieu la semaine prochaine. De quoi donner, peut-être, une lueur d’espoir aux habitants de Regrouillon.

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