La naissance des nouveaux trains CFF à deux étages construits par l'entreprise canadienne Bombardier se fait décidément dans la douleur. La semaine dernière, la faîtière des organisations suisses de personnes handicapées, Inclusion Handicap, a déposé une plainte auprès du Tribunal administratif fédéral. Motif: les rames FV Dosto ne sont pas adaptées aux personnes à mobilité réduite.
Or, cette plainte pourrait entraîner des conséquences plus graves que prévues pour les CFF. Dans le cas où la firme devrait adapter les 59 trains, selon les normes voulues par Inclusion Handicap, ces derniers ne pourraient plus circuler hors des frontières suisses.
En effet, ils contreviendraient alors aux règlements de l'Union européenne, comme l'apprend la SonntagsZeitung (Tages-Anzeiger). Par conséquent, les passagers à destination de l'Allemagne risqueraient de devoir changer de train aux gares frontalières.
Concrètement, le problème mesure 40 centimètres. C'est la longueur de la rampe qui mène de l'intérieur de la rame au quai. Il en résulte une pente de 14%, trop inclinée pour les passagers en fauteuil roulant qui ne parviennent à quitter le train par eux-mêmes. Inclusion Handicap demande donc le rehaussement du plancher.
Problème: l'inclinaison de la pente a été conçue de telle manière qu'elle tient compte des hauteurs de quais diffèrentes entre la Suisse et l'Allemagne. Autrement dit, elle est le résultat d'un compromis qui permet l'accès aux quais des deux côtés de la frontière et répond ainsi aux normes internationales.
L'entreprise canadienne a livré environ six compositions il y a trois mois. Le reste est encore en construction. © Keystone
Beat Schweingruber, expert pour des transports publics sans obstacle et conseiller pour la faîtière des associations de personnes handicapées, ne pense pas que les CFF se rendront en Allemagne avec leurs nouveaux trains.
Une affirmation que conteste Daniele Pallecchi, porte-parole des CFF, dans le journal dominical. Selon lui, l'appel d'offre de l'ex-régie fédérale stipule expressément que les trains commandés se rendront en Allemagne dans six ans. Daniele Pallecchi ajoute que les trains seront en service pendant 40 ans; le trafic transfrontalier doit donc être garanti.