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La Brésilienne disputera dimanche avec le FC Sion féminin le dernier match à domicile du premier tour face à Schlieren au complexe des Plantys à Vétroz.

Joyce Magalhaes Borini parque son vélo devant le stade de Tourbillon. Le deux-roues demeure son moyen de locomotion privilégié malgré le froid mordant. «Je vis les moments les plus difficiles de ma vie par rapport aux températures extérieures», avoue-t-elle.

Simultanément, son sourire et ses yeux rieurs expriment une joie de vivre contagieuse. Le premier contact avec la joueuse brésilienne du FC Sion dévoile immédiatement deux traits majeurs de sa personnalité: un caractère fort et une attitude positive.

La réunion de ces deux éléments lui a permis de surmonter tous les obstacles dressés entre son rêve de football professionnel et elle depuis sa naissance à São Paulo. Joyce est le cinquième enfant d’une fratrie qui compte quatre filles et deux garçons.

Des légumes et des fruits comme ballon

Le déséquilibre numérique ne la détourne pas d’une orientation spontanée vers la discipline sportive reine de son pays natal. «Mes sœurs et moi avons toutes fait du foot.»

Même à l’heure de la préparation du repas avec sa maman dans la cuisine, le sport a la priorité sur l’apprentissage de l’art culinaire. «A défaut d’un ballon que nous n’avions pas, j’utilisais tous les légumes et les fruits de forme un peu ronde qui apparaissaient: les choux, les tomates ou les pommes de terre. Toutes les choses dans lesquelles je pouvais taper avec le pied y passaient. Maman répétait sans cesse de ne pas jouer avec ça, mais je n’ai jamais briqué la maison.»

7 octobre 2023 - Sion
FC Sion Féminin contre Etoile Carouge FC
Joyce Magalhaes Borini (7 rouge) © Fahny Baudin/Pigiste/Le Nouvelliste

Joyce Magalhaes Borini centre malgré l’opposition d’une joueuse d’Etoile Carouge. © Fahny Baudin

Maman dit non à un essai dans un club pro

Papa pose un regard plus tolérant sur ces objets volants non identifiés entre les murs du domicile familial. «Il nous emmenait aux spectacles ou aux manifestations sportives pour nous occuper.»

Elle a 9 ans lorsque son père décède. Les frangines et les frangins se serrent les coudes pour soutenir leur mère. Joyce rejoint l’un de ses frères qui gère un centre dédié au roller skate. «J’ai pris le sixième rang sur vingt dans une course contre des garçons. Mon esprit de compétition était déjà très marqué. S’engager pour gagner est inné chez moi.»

Cette période la détourne du ballon rond qu’elle pratique essentiellement en salle. Un club pro situé dans une ville assez distante lui propose un essai. «J’avais 12 ans. Maman a dit non. Elle a refusé aussi une participation dans un film sur le roller. Il n’était pas question que je m’éloigne de la maison toute seule.»

Le chiffre

Le nombre de buts inscrits par Joyce Magalhaes Borini en championnat depuis le début de saison. La Brésilienne est actuellement la meilleure réalisatrice de ligue nationale B.

Une banque l’emploie quand son frère, prothésiste dentaire de formation, file en Espagne pour des raisons professionnelles. L’exilé lui conseille de le rejoindre afin de tenter sa chance dans un environnement plus propice. Sa traversée de l’Atlantique se termine par un essai infructueux. Elle s’accroche à son rêve en s’enfermant durant un mois afin d’apprendre l’espagnol.

«J’ai trouvé du travail dans un bar. Entre des journées à rallonge de quatorze heures et des entraînements pour le foot, mes nuits se réduisaient à quatre ou cinq heures.»

Quatre ans dans un bar en Espagne

Elle tente de maintenir le mieux possible sa condition physique en jouant dans des catégories inférieures. Des complications la privent des documents nécessaires à un engagement au sein des deux premières divisions féminines.

«Je travaillais de manière illégale.» La délivrance intervient au bout de quatre ans d’attente au sein d’une équipe de D2, Torrejon. L’espoir se crashe quelques mois plus tard lorsque la société part en faillite après avoir obtenu la promotion dans l’élite. Son frère a déjà regagné le Brésil. «Maman n’arrêtait pas de me dire: rentre, tu ne peux pas rester toute seule.»

J’ai toujours fait mon chemin avec dignité et honnêteté sans jamais trahir ces principes. Rien n’est impossible si l’on se bat avec son cœur.

Le retour au pays natal est bref. Un courriel de l’entraîneuse du Rayo Vallecano la rapatrie sur les pelouses espagnoles. «Elle m’avait repérée durant les play-off. Le faible salaire m’obligeait à travailler à côté du foot, mais cet engagement m’offrait plus de visibilité.»

Son obstination paie. Elle décroche un contrat plus lucratif dès la saison suivante à Huelva. «Je touchais 1000 euros par mois, j’avais une maison. Je connaissais enfin la stabilité et j’ai pu me concentrer uniquement sur le foot.»

Avec Marta, six fois meilleure joueuse du monde

La Brésilienne est lancée. Elle soulève la Coupe de la Reine avec sa nouvelle équipe au terme de la saison et signe dans la foulée au Valence CF. «Je me suis enfin sentie professionnelle. Il était impressionnant de voir nos photos sur les rames du métro.»

Joyce s’éclate. Ses performances n’échappent pas aux responsables de la sélection auriverde. Une blessure la prive d’une première convocation.

Football: présentation au stade de Grône de la filière élite Valaisanne, qui regroupe les meilleures jeunes joueuses, portée par le FC Sion et par l’AVF
Sur l’image: Joyce Magalhaes Borini (joueuse étrangère) entraine les Valaisannes © Louis Dasselborne/Pigiste/Le Nouvelliste

Joyce Magalhaes Borini lors d’un entraînement sur le terrain du FC Grône avec la première volée du sport études en version féminine. Louis Dasselborne

«J’ai cru que c’était foutu pour moi quand l’entraîneur a changé. Heureusement, le nouveau sélectionneur est tombé sur des vidéos de mes matchs en Espagne. Il m’a retenue. Je me suis retrouvée tout d’un coup au côté de Marta, élue six fois meilleure joueuse du monde.»

Elle touche à la félicité. «C’était incroyable de me retrouver là où tout a commencé sans avoir joué une seule fois avec une équipe de club au Brésil. C’était tellement inspirant. J’ai regardé tous les gens et ma mère en pensant à papa qui nous emmenait sur ce terrain pour jouer au ballon et regarder les équipes. Tout ce que j’avais souffert et combattu seule durant ces années m’est revenu en mémoire. Rien n’est impossible dans la vie si l’on se bat de tout son cœur.»

Des passages à Rome et à Côme

Ses étapes footballistiques la conduisent ensuite en Italie, à Rome et à Côme, après un crochet par Madrid. «Je profite pleinement de tous les instants sur le terrain. Une blessure à la rotule a été mon premier bobo grave il y a trois ans. J’ai conscience que tout peut s’arrêter d’un coup.»

¨Traduction: Ricardo Seara

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