Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Aller au-delà des apparences

Né homme, il a fait le choix de devenir une femme. Aujourd’hui, Isabelle Volet doit faire face à l’incompréhension de la société, à la peur. Témoignage.

11 mai 2016, 23:14
/ Màj. le 12 mai 2016 à 00:01
Sion - 2 mai 2016



Isabelle Volet, transsexuelle



Sabine Papilloud/Le Nouvelliste

«Les hommes et les femmes transgenres sont régulièrement victimes de discrimination», reconnaît Isabelle Volet.

A 70 ans, elle est aujourd’hui une femme accomplie d’origine transsexuelle. Elle a choisi de faire définitivement le pas et de se transformer en femme physiquement à 60 ans. Auparavant, elle était Jean-Claude. Un homme qui aurait rêvé de naître femme et qui se sentait mal avec son identité de genre. Elle avait d’ailleurs déjà témoigné dans nos colonnes en 2014.

La réalité des personnes transgenres n’est pas forcément connue du grand public. Elles ne se sentent pas homme ou femme à part entière. Leur identité de genre leur pose problème. Cela soulève des questions de la part de la société, de la curiosité, du rejet, mais aussi de la discrimination plus ou moins violente.

Discrimination active et passive

«En Suisse, il faut quand même dire que les agressions dans la rue sont plus rares comparativement à d’autres pays», souligne-t-elle. «Ici, la population est encore très jugeante à l’égard des transgenres. Il y a également beaucoup d’incompréhension. Dans certains pays, cela peut même aller jusqu’à la menace de mort», complète Johanne Guex, coordinatrice du programme de Prévention du rejet des minorités sexuelles (PREMIS).

De son côté, Isabelle Volet a eu droit à quelques rencontres désagréables. «Il y a quelques années, au début de ma transformation, j’étais à Genève. J’avais un look androgyne. Dans le tram, des jeunes m’ont regardée avec des yeux remplis de haine. Ils m’ont dit: «Tu es une honte pour nous les hommes». Je me suis sentie en danger. J’ai donc quitté le tram un arrêt plus tôt que prévu. Si j’étais restée plus longtemps, je pense qu’ils auraient pu m’agresser physiquement», raconte-t-elle. Toujours dans cette période de transformation, Isabelle Volet prend l’avion à Amsterdam. «J’avais oublié d’enlever ma montre pour le contrôle de sécurité. Ça a sonné. J’ai dû passer une nouvelle fois le portique. Le douanier, un sénior, était accompagné de deux jeunes collègues. Il m’a fait une fouille au corps bien appuyée. J’ai vu que les deux jeunes avaient bien compris son manège. J’ai choisi de le prendre du bon côté et d’en rire…», confie-t-elle tout en ajoutant que réagir trop vivement à ces situations ne fait qu’attiser la haine. A côté de ces épisodes, Isabelle Volet s’est inscrite sur un site de rencontre. Un homme lui a écrit: «Tu peux faire toutes les opérations que tu veux, tu seras toujours un homme». Un autre, très croyant, lui a dit: «Tu vas griller en enfer». Isabelle Volet se dit que ces personnes n’ont pas la connaissance pour comprendre. Elle a donc choisi de ne pas répondre.

A côté de cela, il y a également la discrimination passive, comme elle la décrit. «Des connaissances de toujours ont choisi de ne plus me parler. Elles ne veulent rien savoir. Il y a un réel blocage de leur part. Une grande partie de ma famille a également choisi de couper les ponts, regrette Isabelle Volet. Il y a aussi les hommes qui se travestissent occasionnellement et qui ne veulent pas être découverts. Il y a un malaise et je suis le miroir de ce qu’ils font en cachette, analyse-t-elle. Enfin, la grande majorité des gens arrive à comprendre que j’ai rencontré un problème d’identité de genre. Par contre, ils mettent une distance avec moi, de peur du regard des autres. Au fond, pour les personnes transgenres, c’est l’isolement social assuré», avoue-t-elle.

Tolérance

Isabelle Volet dit avoir compris le sens du mot «tolérance». «Pour moi, cela signifie: «On t’accepte, mais ne t’approche pas trop». Qu’importe, elle garde le sourire. Elle est optimiste et a le moral. Elle sort, elle danse et s’interdit de déprimer. Témoigner, c’est important pour elle. «C’est une manière de faire comprendre ma situation aux gens. C’est aussi une manière de faire évoluer la cause des personnes transgenres, de faire progresser l’opinion et d’aller au-delà des apparences pour prendre en compte l’aspect humain», confie-t-elle. Des regrets, elle n’en a aucun. «Je me sens tellement bien dans ma peau aujourd’hui!» C’est une évidence pour elle. Une renaissance. «C’était soit devenir une femme soit me suicider. En bref, c’était une question de survie», assure Isabelle Volet en espérant que petit à petit les choses changent.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias