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L'"évêque de luxe" suspendu jusqu'à nouvel ordre

Le Vatican a annoncé mercredi la suspension jusqu'à nouvel ordre de l'"évêque de luxe", Mgr Franz-Peter Tebartz-van Elst.

23 oct. 2013, 15:15
"L'évêque de luxe" est au coeur d'une polémique sur les coûts de la nouvelle maison diocésaine qu'il a fait construire à Limburg, dont l'estimation dépasse les 38 millions de francs.

Apôtre d'une Eglise "pauvre pour les pauvres", le pape François a suspendu mercredi le très dépensier évêque de Limburg, surnommé "l'évêque de luxe". Il n'a pas été jusqu'à le démettre, contrairement à ce que réclamaient certains. Accusé d'avoir menti sous serment, le prélat fait aussi l'objet d'une demande d'ordonnance pénale.

"Le Saint-Siège considère qu'il est opportun", dans l'attente des résultats d'une enquête de l'Eglise allemande, d'"autoriser Mgr Frans-Peter Tebartz-van Elst à une période de séjour en dehors du diocèse", indique le Vatican dans un communiqué.

"Une situation s'est créée dans le diocèse dans laquelle l'évêque Mgr Tebarts-van Elst ne peut pas exercer à l'heure actuelle son ministère épiscopal", poursuit le Vatican. Il précise que "le Saint Père a été constamment informé en détail et de manière objective de la situation dans le diocèse de Limburg".

38 millions de francs

Depuis 15 jours, l'évêque de Limburg fait les gros titres des journaux en Allemagne. Celui que les médias ont surnommé "l'évêque de luxe" est au coeur d'une polémique sur les coûts de la nouvelle maison diocésaine qu'il a fait construire à Limburg, passés de 5,5 millions d'euros à au moins 31 millions (38 millions de francs) en raison de ses demandes somptuaires, disent ses détracteurs.

Selon les médias allemands, l'évêque a longtemps cherché à dissimuler le coût réel des travaux, qui ne cessait de croître. Ses appartements auraient notamment coûté la bagatelle de 2,9 millions d'euros, avec une salle à manger de 63 mètres carrés et une baignoire de 15'000 euros. Le montant des travaux pourrait même atteindre 40 millions d'euros, a écrit "Die Welt".

Enquête sur les dépenses

Une commission a été depuis nommée par l'Eglise allemande pour enquêter sur les dépenses de l'évêché.

"Dans l'attente des résultats de cette commission et des enquêtes qui y sont liées concernant les éventuelles responsabilités" le pape a décidé d'éloigner et de suspendre l'évêque de Limburg. Il lui a nommé un substitut en la personne du vicaire général Wolfgang Rösch, qui s'occupera du diocèse.

Interrogé à ce propos par la presse, le porte-parole du gouvernement allemand, Georg Streiter, a refusé de commenter cette "affaire intérieure à l'Eglise". Il a néanmoins convenu que l'évêque de Limburg était payé par l'Etat allemand "comme tous les évêques allemands".

Ordonnance pénale

Les fidèles du diocèse de Limburg ont récemment critiqué dans une lettre ouverte le style autoritaire et les dépenses jugées excessives du prélat nommé par l'ancien pape Benoît XVI. La missive a été signée par plus de 4'400 fidèles, prêtres ou salariés de l'Église, sur les 650'000 que compte le diocèse.

Mais les ennuis de l'évêque ne s'arrêtent pas là : le parquet de Hambourg a demandé il y a deux semaines une ordonnance pénale car il l'accuse d'avoir menti sous serment.

La justice met en cause des déclarations au magazine "Der Spiegel", dans lesquelles l'évêque reconnaissait avoir effectué un voyage en classe affaires pour rendre visite à des pauvres en Inde. Mais sous serment, il a par la suite assuré avoir refusé de répondre à la question du journaliste.

Eglise plus simple

Avant de prendre sa décision, le pape François a accueilli, il y a une semaine, le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Robert Zollitsch, pour évoquer cette affaire. Le pape argentin a ensuite reçu, il y a deux jours, Mgr Tebartz-van Elst et le cardinal Joachim Meisner, archevêque du très puissant diocèse de Cologne, et considéré comme étant proche de l'évêque de Limburg.

Depuis son élection, le pape François ne cesse de prêcher pour une église plus simple, plus dépouillée et plus proche des gens. Il n'a pas pris de mesures spectaculaires contre la richesse de certaines Églises, mais a accepté en septembre la démission d'évêques slovènes eux aussi très dépensiers. Il a par ailleurs engagé une réforme des finances du Vatican.

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