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Erdogan justifie l'évacuation du parc Gezi et de la place Takism

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a justifié dimanche devant ses partisans sa décision de faire évacuer par la police le parc Gezi d'Istanbul, dernier bastion des manifestants réclamant sa démission. Des heurts sporadiques ont éclaté dans la ville.

16 juin 2013, 20:49
Samedi soir, la police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants rassemblés depuis plus de deux semaines dans le parc Gezi.

"J'ai dit que nous étions arrivés à la fin. Que c'était devenu insupportable. Hier, l'opération a été menée et (la place Taksim et le parc Gezi) ont été nettoyés (...) C'était mon devoir de Premier ministre", a lancé M. Erdogan devant des dizaines de milliers de partisans de son Parti de la justice et du développement (AKP) réunis à Istanbul.

"Nous n'abandonnerons pas cette place aux terroristes", a-t-il lancé, en référence aux drapeaux de mouvements politiques interdits qui avaient été déployés place Taksim. M. Erdogan, arrivé au pouvoir en 2002, a donné rendez-vous aux contestataires aux élections municipales de mars 2014. "Si vous ne voulez plus nous voir au pouvoir, la solution est toute trouvée: les élections", a-t-il dit.

Au milieu de la foule, des groupes de jeunes entonnaient des slogans dénonçant les contestataires qui exigent depuis deux semaines la démission de leur champion. "Il faut briser les mains qui s'en prennent à la police" ou "le peuple est ici, où sont les vandales?", ont-ils scandé avant de reprendre en coeur "dieu est grand".

Place nettoyée

Avant ce grand rassemblement, les autorités turques avaient entrepris de nettoyer la place Taksim et ses abords au lendemain de l'intervention des forces de l'ordre pour déloger les manifestants campant dans le parc voisin de Gezi, dans le centre d'Istanbul.

Entouré d'un imposant dispositif policier, des bulldozers ont démantelé les barricades tandis que des employés municipaux nettoyaient les rues du quartier, bouclé par les forces de l'ordre.

Samedi soir, la police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants rassemblés depuis plus de deux semaines dans le parc Gezi, qui jouxte la place.

Quelques heures plus tôt, le chef du gouvernement avait exigé la levée de ce campement sous peine d'une évacuation de force par la police. La coordination des manifestants avait toutefois décidé de poursuivre son occupation malgré la promesse du gouvernement de suspendre ses projets d'aménagement contestés jusqu'à ce que la justice tranche définitivement.

Un ministre évoque des "terroristes"

Après cette soudaine intervention policière, des milliers de Turcs sont descendus dans les rues de plusieurs quartiers d'Istanbul pour ériger des barricades à l'aide de barrières métalliques, de pavés et de panneaux publicitaires, tout en allumant des feux.

Selon les manifestants, "des centaines" de personnes ont été blessées lors de l'opération. Le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu a évalué dimanche à 44 leur nombre.

Le ministre de Affaires européennes Egemen Bagis a demandé dimanche aux manifestants "de ne pas essayer de défier aujourd'hui la force de l'Etat". Il a souligné que toute personne tentant d'entrer sur la place serait considérée comme membre d'une "organisation terroriste".

A Ankara, les forces de l'ordre ont tiré dimanche des grenades lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants bloquant les rues du quartier de Kizilay.

Grève générale lundi

Deux syndicats, la Confédération syndicale des salariés du secteur public (Kesk) et la Confédération des syndicats révolutionnaires (Disk), ont décrété une journée de grève générale lundi en réaction à l'intervention de la police à Gezi. Les organisations représentant les médecins, les ingénieurs et les dentistes ont annoncé qu'elles se joindraient au mouvement.

Ces troubles ont terni l'image d'une Turquie démocratique et ouverte à l'économie de marché que l'AKP s'emploie à donner au monde depuis une décennie.

Appel au calme

L'Allemagne a appelé dimanche la Turquie à "respecter la liberté de manifester et d'expression". Elle s'est aussi prononcée pour la "poursuite du dialogue" avec les manifestants. Le Conseil de l'Europe a pour sa part exhorté Ankara à éviter "toute escalade supplémentaire de la violence".

Et à Genève, une cinquantaine de personnes ont manifesté dimanche soir sur la place des Nations pour dénoncer la "guerre sauvage" déclenchées selon elles par M. Erdogan "contre le peuple", a constaté l'ats.

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