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Habiter en temps de crise. La chronique de l’EPFL

La question de l’évolution de l’habitat est constante, que le monde soit en crise ou non. Cependant, les crises agissent comme des révélateurs et des accélérateurs de tendances qui sont en cours.

06 mai 2021, 08:00
Alexandre Blanc est professeur associé d’architecture à l’EPFL, directeur du Laboratoire de manufacture spatiale.

Le Covid nous a surpris dans une période où les modes de vie sont changeants, avec la modification des conditions de travail, l’évolution de la cellule familiale et d’autres facteurs comme le changement climatique. Le confinement nous a reclus dans nos foyers, avec une charge à ceux-ci de satisfaire des conditions pour lesquelles ils n’ont pas forcément été conçus et pensés. En effet, la vie privée et la vie publique – donc celle du travail – sont distantes pour ce qui est du lien émotionnel que nous avons avec l’espace.

Un habitat plus flexible

L’habitat est l’expression du moi, de l’intime et du secret. Lorsque la caméra de nos outils numériques renvoie vers l’extérieur l’image de ce monde intérieur, il faut admettre qu’on peut se sentir exposé, quitte à vouloir rectifier notre arrière-plan pour qu’il renvoie une image plus publique de notre environnement de vie. Nous parlons ici de rendre l’habitat plus flexible, et à même de renvoyer l’image d’une vie plus fluide entre les conditions du travail et celles de la vie privée. Il s’agit d’une question de «décor» au sens où nos intérieurs sont désormais accessibles au public, mais aussi de pouvoir adapter l’espace privé à des fonctions diverses, comme celle du travail.

Vivre de façon décloisonnée

Il me vient à l’esprit l’idée du loft, espace qui traduit une certaine ouverture au monde public par sa générosité spatiale et ses plafonds hauts, qui nous rappelleraient les lieux partagés comme les gares, les théâtres ou les églises. Mais il est aussi question de neutralité dans le loft, où l’espace ne semble pas en proie à une fonction particulière mais plutôt à même d’accueillir le déroulement d’activités diverses au sein du même lieu. Faut-il imaginer l’habitat du futur, donc de demain, en lien avec des caractéristiques telles qu’il permettrait de traduire ces deux mondes de l’intime et de la vie publique?

Il y a deux questions, d’abord celle de la générosité de l’espace, car un espace étriqué ne sera jamais celui de l’ouverture au monde. Et l’autre, celle de l’absence du caractère fonctionnel du logement, dont les pièces sont a priori conçues pour abriter un type particulier d’activité comme «dormir» ou «manger», pour plutôt favoriser une multitude d’usages au sein du même continuum d’espaces. Vivre demain pourrait donc ressembler à vivre de façon décloisonnée dans de grands espaces neutres. Des territoires d’expression de la vie, qu’elle soit intime ou publique, qui laissent une marge d’appropriation. Habiter en temps de crise, pourrait alors devenir habiter tout court.

 

Cet article peut être lu dans notre magazine «Votre Habitat» en cliquant sur la couverture ci-dessous.

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