courrier des lecteurs

La censure à 1500 signes, espaces compris...

21 nov. 2007

A notre époque de "tolérance" et d'"ouverture", il faut bien constater que la liberté d'expression, sinon de pensée, est en voie de disparition. Le dogmatisme inquisitorial de la "pensée unique", imposé par les médias aux ordres, supporte de moins en moins de résistance. Alors que la technologie informatique semblait garantir définitivement la liberté individuelle de s'exprimer, on se rend compte que cette "autoroute de l'information", comme on l'appelait, subit quotidiennement de nouveaux contrôles, de nouveaux "radars". Le "Courrier du lecteur", qui permettait à celui-ci d'exprimer sa différence avec la ligne du journal, est en voie de neutralisation. Car maintenant, sa "libre opinion" est calibrée: 1500 signes, espaces compris! On sait que la presse actuelle est entre les mains de la nomenclature mondialiste, au politiquement correct, mais que la plupart des lecteurs non pavloviens, c'est-à-dire utilisant leurs neurones et leur bon sens, n'apprécient pas ce mondialisme. Certains font l'effort d'exprimer et d'argumenter leur position. Mais argumenter contre la "pensées unique" signifie expliciter ses raisons. Il faut convaincre et pour cela démontrer. Ce n'est pas toujours facile et ne peut être bâclé. A l'inverse des adeptes de cette "pensée" auxquels il suffit d'un slogan ou d'une image pour être compris de la masse qui y macère. Aussi doit-on admettre que la restriction égalitaire de la dimension des lettres de lecteurs est la forme la plus sournoise et la plus sophistiquées de la censure. D'autant plus qu'elle se dissimule ainsi sous un aspect d'équité et de justice aux esprits simples. Alors que, comme le disait Aristote: "Il n'y a pas de pire injustice que de traiter également des choses inégales."
par Ernest Truffer, Sierre