courrier des lecteurs

Prélèvement d'organes : quand les bonnes intentions vont trop loin

10 mai 2022

Alors que d’un côté on se bat pour légiférer sur le consentement en matière sexuelle, de l’autre on légifère pour pouvoir s’en absoudre allègrement en matière de prélèvement d’organes. Or les deux questions relèvent de l’intégrité corporelle des individus et de leur droit à l’autodétermination. 

A quel moment la logique sociétale a-t-elle pu déraper vers un tel paradoxe? «Qui ne dit mot, consent», dit-on. Cet adage a toujours été l’excuse préférée des violeurs, des escrocs et des abuseurs de tout poil. Allons-nous maintenant en faire le pilier d’une loi qui autorise à se servir sur les dépouilles de nos morts? Je m’étonne qu’on imagine qu’il faille nécessairement être croyant pour se sentir choqué par le concept!… 

Comprenez-moi bien: il ne s’agit pas de nier l’acte de générosité et d’utilité publique qu’est le don d’organes. Oui: le don, avec tout ce qu’il a de volontaire de la part de celui qui décide librement de donner. D’où la nécessité de mettre en place un système simple et rapide qui permette en tout temps de savoir qui a décidé quoi. Par exemple, via l’assurance maladie, puisqu’elle est déjà obligatoire pour tous. Ainsi, en cas de décès, les médecins n’auraient qu’à contacter l’assurance du défunt pour connaître sa position. En gros: «oui», «non», ou «ne s’est pas encore déterminé» (= non). 

Le «consentement présumé» n’existe pas: soit une personne est d’accord, soit elle ne l’est pas. Si elle ne s’est pas prononcée, il n’existe qu’une seule attitude éthiquement justifiable: l’abstention. Aucune famille ne devrait avoir à vivre un démarchage sordide et une prise de décision aussi pénible alors qu’elle vient de perdre un être cher! 

par Marie-Hélène Maître Tissières, Orsières