courrier des lecteurs

Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse

15 mai 2021

«Le Nouvelliste» prend l’opinion d’agriculteurs bios valaisans au sujet de l’initiative, c’est louable mais insuffisant. Ce serait comme de demander aux seuls automobilistes ce qu’ils pensent des limitations de vitesse. 

La vraie portée de l’initiative n’est pas de savoir si ce sera plus difficile pour l’agriculture suisse de produire sans pesticides. Ce n’est pas un problème de technique agricole mais de santé publique. Les pesticides n’ont rien à faire dans nos assiettes et notre eau. Ils sont extrêmement nuisibles pour la santé humaine mais aussi pour la biodiversité et menacent les écosystèmes. L’agriculture biologique permet d’éviter depuis longtemps et avec succès le recours aux pesticides de synthèse. Les valeurs limites n’offrent pas de protection suffisante. 

Rachel Carson, pionnière de la lutte écologique, écrivit en 1962(!): «Admettre une tolérance, c’est autoriser la contamination des denrées alimentaires destinées au public dans le but d’accorder aux producteurs et aux industries de transformation le bénéfice d’un moindre coût de revient; c’est aussi pénaliser le consommateur, en lui faisant payer l’entretien d’une police économique chargée de veiller à ce qu’on ne lui administre pas des doses mortelles de poison. Mais étant donné le volume et la toxicité des ingrédients agricoles actuels, ce travail de contrôle demanderait, pour être bien fait, des crédits que nulle assemblée n’osera jamais voter. En conséquence, la police est médiocre et le consommateur est à la fois pénalisé et empoisonné.» 

Ça n’a pas pris une ride sauf que les produits sont devenus plus toxiques et utilisés en cocktails qui ne sont pas testés, de même que les adjuvants dans les processus d’homologation. Alors oui, il faut changer le mode de production agricole et nos habitudes de consommation.

par Pierre Schertenleib, constituant PS, 1958 Uvrier