Jules-Henri Gabioud s’offre une nouvelle balade victorieuse dans les Alpes. Deux semaines après son succès sur la Petite Trotte à Léon, l’une des épreuves de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc en compagnie de Candide, son frère, il remporte le Tor des glaciers, un méga-trail italien. 138 heures pour avaler 450 kilomètres de course et plus de 32 000 mètres de dénivelé positif dans le Val d’Aoste lors de ce dernier succès, 100 heures pour parcourir 304 kilomètres entre Orsières et Chamonix une quinzaine de jours plus tôt.

«Je suis fracassé, complètement hors service», avoue le Valaisan, joint par téléphone dans la foulée de son arrivée à Courmayeur. «Ma saison est terminée désormais. J’ai une tendinite, les pieds enflés et beaucoup de sommeil en retard.»

Six heures de sommeil en six nuits

Luca Papi et l’Orsérien franchissent simultanément la ligne d’arrivée. «J’étais devant après une centaine de kilomètres environ. Le besoin de prolonger ma pause dans un refuge m’a incité à attendre Luca. J’en suis reparti avec lui.»

Les deux athlètes mettent leurs forces en commun. «Courir ensemble n’était pas prémédité. Se retrouver à deux dans la nuit évite la solitude et donne plus de sécurité. Mais tout était clair entre nous. Si l’un de nous avait ressenti le besoin de dormir plus, l’autre aurait filé. Mais nous avons toujours pris le même temps de repos.» Ces pauses réparatrices alternaient entre des micro-siestes de trois minutes et des sommeils d’une quarantaine de minutes. «J’ai dormi environ six heures sur les six nuits de course.»

«Nous avons eu la même gestion de la course. Quand nous discutions de notre journée, nous nous fixions sur une même progression.» Le Valaisan gère les périodes de repos, le Franco-Italien entraîne son compagnon dans les montées. «Il m’a apporté son expérience des épreuves de six à huit jours. J’ai mis mes compétences de la montagne au service de notre course. L’option de finir ensemble s’est décidée dans les 50 derniers kilomètres. L’esprit de cordée s’est imposé naturellement.»

Déjà vainqueur en 2011

L’enchaînement des épreuves avait engendré quelques craintes chez le trailer valaisan. «Plus que sur mes capacités physiques, je m’interrogeais sur ma force mentale à affronter une course d’une telle dimension après la PTL. Le fait de le faire tout seul accroissait ce doute. Le Tor des glaciers exige un effort différent. Les secteurs de marche sont bien plus nombreux. Finalement, la Petite Trotte a été une excellente préparation.» Candide, son aîné qui avait été son coéquipier lors de la PTL, n’a jamais été très loin. Il a assisté le cadet sur de nombreux points du parcours valdôtain.

Vainqueur du Tor des géants en 2011, Jules-Henri Gabioud récidive dix ans plus tard. Le Valaisan ajoute 100 kilomètres à son effort. «Dans une dizaine d’années, ils organiseront peut-être une course de 750 km et je serai là», rigole-t-il en conclusion de son effort démesuré. Il aura largement le temps dans l’intervalle de récupérer de ses efforts.

Trail: Jules-Henri Gabioud, vainqueur fracassé du Tor des glaciers

Le Valaisan franchit la ligne d’arrivée de l’épreuve valdôtaine au premier rang en compagnie du Franco-Italien Luca Papi, après plus de 138 heures d’effort.