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Candide et Jules-Henri Gabioud ont remporté la Petite Trotte à Léon, l’une des épreuves disputées dans le cadre de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Au départ d’Orsières, elle rallie Chamonix sur un tracé de 300 kilomètres sans balisage permanent et forte d’un dénivelé de plus de 25 000 mètres.

Les frères Gabioud ont remis la compresse lors de la Petite Trotte à Léon après le deuxième rang obtenu en 2019. Candide, l’aîné, et Jules-Henri ont remporté cette course au format hors norme en arrêtant le chronomètre après plus d’une centaine d’heures de balade à un rythme soutenu d’un versant à l’autre entre Orsières et Chamonix. Leurs poursuivants, une paire tchèque, concèdent plus de 20 heures de retard.

L’exploit témoigne des capacités supérieures du duo à crapahuter dans des milieux accidentés dont ils ont fait leur terrain de jeu depuis l’enfance. La Fouly est le premier lieu de résidence d’une famille qui s’installe rapidement à Orsières. «Nous avons désalpé pour des raisons pratiques», motivent les trentenaires que trois ans séparent. «Les transports scolaires n’étaient pas aussi organisés qu’aujourd’hui et les foyers disposaient généralement d’une seule voiture. Une trentaine de personnes vivaient au village à l’année. Ce n’était pas facile.»

Jules-Henri sort des pelotons cyclistes

Les rejetons se lancent sur les courts de tennis. Candide plus assidûment qu’un petit frère entraîné dans le mouvement. «Le titre olympique de Marc Rosset en 1996 nous a marqués.» Le cadet tâte du football. «Je l’ai fait pour être avec les copains.» Il déserte les pelouses dès le terme de sa première saison. Les raquettes peinent à les séduire lors des compétitions interclubs. «Nous avions une approche de compétition alors que la majorité des joueurs étaient motivés par les grillades et le verre à partager. Cela dit, sans manquer de respect à personne.»

Nous savons mettre notre fierté individuelle de côté pour que la collaboration se passe bien.»

Candide et Jules-Henri Gabioud, vainqueurs de la Petite Trotte à Léon

Le cyclisme assouvit plus intensément leur attirance pour l’effort. Ils suivent avec passion le Tour de France. Jules-Henri enfile un maillot de Marco Pantani lorsque le paternel les entraîne sur les cols de la Grande Boucle. «On les montait avant les coureurs.» Les lacets de L’Alpe d’Huez leur donnent un avant-goût des sensations extrêmes qu’ils éprouvent aujourd’hui sur les trails. «Il faisait tellement chaud que je me suis arrêté à chaque épingle», se souvient Candide. Moins soigneux pour le matériel, il s’accroche sur un VTT alors que son frère s’époumone sur un vélo de route.

Le plus jeune intègre le Vélo-Club Martigny. Il pédale dans les roues de Raphaël Addy ou de Simon Pellaud. «En camp d’entraînement à San Remo, ils me mettaient plein la vue parce que mon truc était la montagne. Quand nous faisions des cols en Suisse, les rôles s’inversaient.» L’adolescent n’apprécie pas la promiscuité des pelotons. «J’aime la liberté d’évoluer hors d’un cadre précis.»

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Le nombre d’heures de course des frères Gabioud, auxquelles s’ajoutent 39 minutes et 49 secondes, pour parcourir les 300 kilomètres de la Petite Trotte à Léon

Des premières comme bénévoles sur l’Ultra-Trail du Mont-Blanc

Candide partage ce goût de l’aventure. Ils fonctionnent tous deux comme bénévoles lorsque l’Ultra-Trail du Mont-Blanc promène son tracé dans le val Ferret. Ils comparent leur temps sur le trajet entre La Fouly et Champex à celui du vainqueur. «L’écart n’était pas énorme. Nous nous sommes dit que le trail pourrait convenir à nos qualités de marcheur. Sa pratique est totalement différente de celle d’une épreuve comme Sierre-Zinal. Nous avons le pied montagnard. C’est une base idéale. Les gens que nous croisions parfois sur les sentiers nous lançaient «ils ont un TGV à prendre». Nous progressions simplement à une cadence adaptée à nos capacités.» L’aîné prend le départ pendant que le cadet l’assiste, privé de dossard par l’âge minimal requis pour la participation.

Il n’est pas question de dormir quand tu te retrouves sur le glacier d’Arolla en pleine nuit. Ce côté survie des courses nous fascine.»

Candide et Jules-Henri Gabioud, vainqueurs de la Petite Trotte à Léon

Leurs premiers pas dans la discipline convainquent définitivement les amateurs de ski-alpinisme. Lorsqu’ils évoluent en duo, les rôles sont bien déterminés. «Candide est le tacticien. Il maîtrise la lecture des cartes depuis son enfance et il connaît bien le terrain.» Cette facilité leur a permis de maîtriser le passage d’une via ferrata de nuit dans le Val d’Aoste sur leur chemin vers Chamonix. «Je me souvenais de tout.» Jules-Henri fonctionne plus comme «le métronome de la paire».

Candide plus patient sur une plage

Des chamailleries de frangins les opposent parfois. Le différend surgit aussi en pleine épreuve dans le choix de l’option à prendre. «Rien d’irréparable. Nous savons qu’en associant nos forces, nous ferons quelque chose de bien. Nous savons mettre de côté notre fierté pour que cela se passe mieux. Notre niveau de performance physique est sensiblement égal aujourd’hui. Nous partageons la passion de la montagne.» Même les vacances marquent à peine la différence. «Candide tient deux ou trois heures sur une plage. Un truc totalement impossible pour moi.» Ils ont vécu l’expérience en Corse. «Mais une sortie en montagne avait précédé le passage en bord de mer.»

Le trail les fait voyager. Ils ont découvert les sommets d’Oman, les montagnes de l’Atlas marocain et les pentes escarpées de la Réunion. «Nous sommes tout le temps dans le même créneau. Il nous convient parfaitement.» L’hiver les rapproche encore. «Les gens nous prennent souvent pour des jumeaux lorsque nous portons nos casques de ski.» Même lorsqu'ils ne courent pas en duo, la distance n'est jamais très grande entre les deux frangins.

Candide et Jules-Henri Gabioud font de la montagne un terrain de jeu infini

Les frangins d’Orsières assouvissent dans le trail de longue distance leur passion de l’effort et de l’aventure.