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4e soirée du Paléo: les Insus (se) font plaisir sur toute la ligne

Quelle claque! Qu'on aime ou pas Téléphone ou sa formation réduite aux 3/4 Les Insus, le concert produit par la troupe de Jean-Louis Aubert marquera l'histoire du festival. Deux heures de rock et quelques minutes de blues pour l'éternité. Récit d'une soirée inoubliable dans une Plaine de l'Asse en grâce. Bravo Paléo!

23 juil. 2016, 11:31
/ Màj. le 23 juil. 2016 à 12:25
Jean-Louis Aubert, en habitué de Paléo, était venu une fois à Nyon avec les trois autres Téléphone pour le festival mais c'était il y a plus de trente ans. La soirée avait fait un four... cette année le four était en fusion et c'était la Plaine de l'Asse.

Joeystarr est là sur la scène de l'Arche et demande si la gent féminine est bien là, peut-être pour se rassurer... le rappeur arrive aux 50 balais. L'homme a toujours quelque-chose de profondément animal. Et son comparse des Caribbean Dandees, le roi de ce dancehall qui s'appelle Nathy a pour compenser la fougue de Joey la délicatesse du chanteur ragga qui harangue avec doigté un public des Arches pourtant «aiguisé comme une lame et chauffée comme un couteau...» pour paraphraser le duo mythique Raggasonic. Le concert de ces « Dandees » des îles s'annonce jouissif. Didier « joeystarr » Morville revient aux racines du hip-hop, du carnaval antillais, des dance-halls de la Jamaïque, avec des rafales de boîtes à rythme, de sirènes hurlantes et autres effets de style de synthé et sampler usés par monts et par vaux. Le concert puise allégrement dans le répertoire de NTM et de Joeystarr solo pour faire chanter les massive et autres ti-mal de l'assistance sur « Pose ton gun » ou « Dans ma Benz ». Joeystarr, comme à l'époque de sa période « jaguarr », prend tout l'espace, éructe des slogans hip-hop classiques mêlant provoc' (« vous êtes trop calmes, vous avez payé trop cher votre place ou quoi ?... ») et de motivation du public... cette action récurrente prend justement parfois trop de place par rapport à la musique mais on s'en moque au final. Après une heure de show, qui nous a fait voyager entre Pointe-à-Pitre, Sainte-Lucie et Kingston en passant par la Seine-Saint-Denis (style po-po-po-pop...), Joey et Nathy prennent congé sur le rap de rassemblement de Suprême NTM « Seine-Saint-Denis Style » sur l'instru de « Smells like teen spirit » de Nirvana comme lors des concerts de NTM. Grosse explosion de joie à Paléo. Le « double R » a déboulé pour mettre l'enfer et on en redemande.

Téléphone comme à la première heure

On multiplie par 10 l'effet reformation avec les ex-Téléphone tant attendus depuis l'annonce de leur venue en avril. 30 000 paléistes enthousiastes fixent la Grande scène à 23 heures. Le concert des Insus entrera dans les anales de Paléo... c'est quasi imparable, tant la succession de hits a provoqué une cascade de sourires, de cris énamourés et de retours en enfance, adolescence ou simplement un flashback enivrant pour le public. Jean-Louis Aubert, en habitué d'éditions de Paléo, souvent pluvieux sourit devant ce magnifique public au sec et chauffé à blanc. « Crache ton venin » débarque en guise de hors-d'oeuvre puis Aubert crie que « la vie est trop courte pour être petite », « Argent trop cher » retentit avec son riff introductif monstrueux et reconnaissable entre mille. Louis Bertignac, heureux comme s'il avait gagné 100 millions, prend un pied monstre guitare bien en main et semble « après trente ans de séparation avec son camarade Aubert » être le héros de Paléo 2016. Il descend sur le manche de sa Gibson des accords tellement ancrés dans les esprits avec une telle dextérité et une tension jouissive qu'il fait du bien à voir.

Téléphone marque un grand coup. Quel dommage que le groupe des années 70 et 80 n'ait pu s'entendre avec Corine Marienneau leur bassiste historique! Aubert se fait grave, quelques instants, en faisant référence aux attentats de Nice et de Munich avant de lancer une « Bombe humaine » qui calme les esprits. Puis le show repart de plus belle avec « Cendrillon », où l'on un Richard Kolinka joue des baguettes comme un Stewart Copeland azimuthé. Le batteur, fidèle de Jean-Louis Aubert, assure cette cavalcade permanente jusqu'au break salvateur. Les deux guitaristes Aubert et Bertignac se donnent un baiser amical sur la bouche en prenant des grattes sèches et en invitant Richard à descendre de ses fûts pour caresser les percus. Les Insus sortent de leur plein gré le public de ce moment magique ininterrompu avec cette « jam » blues trop calme. Break acoustique vite interrompu pour reservir une heure de déluge d'hymnes rock en français dont « New York avec toi » repris à l'unisson pour terminer sur un rappel où les boîtes vocales de ces deux Insus(« -portables ») grisonnants mais toujours fringants se brisent sur « ça, c'est vraiment toi » et le bouquet final «Tu vas me manquer ». 

Le meilleur concert de Paléo 2016?

Ce fut un des meilleurs concerts de Paléo 2016 alors que celui-ci était arrivé à mi-chemin. C'est peut-être aussi un des plus beaux concerts de toute l'histoire du festival. L'avenir le dira. En tous les cas, vous pouvez revoir le concert de Téléphone et l'ambiance qui se dégageait au salon du Quotidien de La Côte ici, vous allez voir, le plaisir est contagieux. La soirée s'est terminée comme elle a commencé, avec délice et une banane qui monte jusqu'aux oreilles... c'est prouvé : la musique a des vertus fabuleuses pour la santé. On retiendra l'excellence des danseuses des « Dancesperados of Ireland » au Village du monde, les insanités amusantes de GiedRé proférées avec une voix de douce pucelle, les rythmes dub electro de Deluxe, la tchatche réaliste et percutante du rappeur protégé d'IAM PihPoh, un Belfortain qui jouait un peu à domicile au Club Tent (à découvrir ici en interview). Le « gig » très propre du groupe pop Bastille qui a ravi un nombre important d'habitants anglophone de La Côte... On adressera une mention spéciale au combo The Throes + The Shine, deux attelages lusophones mêlant zouk, le kuduro angolais, le rap et les sons dansants du Portugal, de l'Angola et du Brésil. On a hâte d'y retourner dès ce soir, Paléo est comme dirait Jean-Louis Aubert un vrai « festival à part ».  

Ce même soir, le groupe parisiano-normand "Lilly Wood & the Prick", devenu mondialement connu grâce à "Prayer in C", titre remodelé par le DJ allemand Robin Schulz, nous donnait une interview en live sur Facebook. Revoyez aussi leur concert à Paléo.

 

 

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