Un satané coup du sort. Ils voulaient fêter l’Ascension en famille. Avaient demandé à travailler de nuit pour obtenir un congé et faire le pont. Ils étaient bien loin de s’imaginer que certains d’entre eux ne seraient plus. Et bien loin de s’imaginer que les survivants auraient tout sauf le cœur à la fête.
Nous sommes le mardi 28 mai 1946. Il y a septante-cinq ans. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le fort de Dailly, qui est l’une des fortifications majeures du Réduit national, située au-dessus de Morcles, dans les Alpes vaudoises, est moins sur le qui-vive. Elle accueille tout de même des recrues, mais ce soir-là, les 151 soldats qui y restaient avaient été déplacés aux Follatères pour un exercice. Un hasard salvateur. «Une chance énorme. Sans elle le bilan humain de cette catastrophe aurait été bien plus lourd», confie Pierre Frei, professionnel durant près de...