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Coronavirus: «Une deuxième vague semble évitable à la condition de toujours appliquer les consignes d’hygiène et de distance sociale»

Répondant à vos questions, le directeur de l’Hôpital du Valais revient sur les décisions du Conseil fédéral, évoque les risques d’avoir une deuxième vague en Suisse et revient sur les comparaisons faites par certains quant au nombre de morts.

30 avr. 2020, 19:48
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Nous sommes descendus en dessous des cinquante hospitalisations."

Eric Bonvin, est-ce que la courbe des hospitalisations continue de baisser? 

Oui, l’Hôpital du Valais est maintenant passé sous la barre des 50 cas hospitalisés avec un total de 48 à ce jour, dont 8 seulement aux soins intensifs. Sur les 354 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 31 ont pu quitter les soins intensifs et 235 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux. 

«La levée plus rapide de certaines mesures peut surprendre.»

Le 11 mai, la Suisse retrouvera une situation plus ou moins normale avec notamment l’ouverture des restaurants, de tous les magasins et un retour progressif à l’école. Les gens imaginaient plutôt ce scénario en juin ou en juillet. Un lecteur nous demande si l’économie a triomphé sur la santé. Est-ce trop tôt selon vous?

Après la prudence des premières annonces, il est vrai que la levée plus rapide de certaines mesures peut surprendre, mais nous aurions tort de penser que tout va reprendre comme avant. L’ouverture des écoles et des commerces va s’accompagner de mesures assez contraignantes pour limiter les risques et les autorités devront plus que jamais veiller au respect des règles établies, faute de quoi la pandémie pourrait reprendre de plus belle. Sur le plan individuel, la population a bien intégré les mesures de protection par les gestes barrières et il ne faudrait pas non plus penser que nous pouvons les abandonner de sitôt.

«Nous avons pu constater que des pays qui semblaient maîtriser la situation après une accalmie connaissent aujourd’hui des difficultés.»

Une étude suisse évoque potentiellement entre 5000 et 15 000 morts en Suisse d’ici à la fin de l’année selon le comportement des gens et donc une potentielle deuxième vague. Très concrètement, celle-ci est-elle évitable ou fait-elle partie obligatoirement de l’évolution de cette pandémie? 

Il est impossible de répondre avec certitude à cette question car nous ne sommes sûrs de rien et nous continuons à apprendre à vivre avec ce virus. Avec les mesures de «normalisation» finalement assez rapides annoncées hier, il s’agira de suivre très attentivement les moindres signes de reprise de la pandémie. Nous avons pu constater que des pays qui semblaient maîtriser la situation après une accalmie – le Japon qui avait rouvert ses écoles début avril, l’Allemagne où le taux d’infection augmente de nouveau, ou Singapour longtemps cité en exemple –, connaissent aujourd’hui des difficultés. Il reste encore l’inconnue sur le comportement du virus selon les saisons et son pouvoir potentiel à ressurgir à l’automne ou l’hiver prochain. Dans l’immédiat, une deuxième vague semble évitable, à condition d’appliquer toujours aussi scrupuleusement consignes et gestes barrières, comme le respect des distances et l’hygiène des mains. Selon certains spécialistes, une levée totale du confinement se traduirait quant à elle par un pic majeur et une saturation des hôpitaux dès le mois de juin.

En France et en Angleterre, on a découvert des maladies graves sur des enfants et on évoque un lien potentiel avec le Covid-19 alors qu’en Suisse le discours est complètement différent. Comment l’expliquez-vous et avez-vous eu à hospitaliser des enfants en Valais? 

Nous n’avons pas eu à hospitaliser d’enfant en raison du Covid-19 en Valais jusqu’à présent. La maladie que vous évoquez est la maladie de Kawasaki, du nom de la personne qui l’a découverte, mais dont on ne connaît pas les causes et qui est somme toute très rare. Il n’y a pas non plus eu d’enfant hospitalisé pour cette pathologie en Valais. Il s’agit d’une maladie inflammatoire acquise des vaisseaux sanguins, qui existait bien avant le Covid. Le lien possible entre les deux maladies est aujourd’hui étudié, car des tests sérologiques ont mis en évidence des anticorps de Covid chez certains enfants atteints de la maladie de Kawasaki. Mais en l’état actuel des connaissances, ces données ne remettent pas en cause ce qui a été dit par l’OFSP sur le fait que les enfants sont le plus souvent moins infectés et, lorsqu’ils le sont, qu’ils ne développent majoritairement pas la maladie. Les médecins y restent attentifs, même si pour l’instant aucun lien direct n’a pu être démontré et que l’état de santé de tous les enfants atteints a évolué de manière favorable.

«A l’heure actuelle, le Covid-19 génère proportionnellement plus de complications, d’hospitalisations et de décès que la grippe saisonnière.»

Aux Etats-Unis, le coronavirus a fait symboliquement plus de morts que la guerre du Vietnam. Pourtant certains prétendent que le coronavirus n’est pas plus mortel que certaines grippes ou que l’influenza. Plusieurs lecteurs nous disent ne plus rien comprendre. Qu’en pensez-vous?

Il est difficile d’isoler ces chiffres, et en particulier ceux de la grippe saisonnière car la mortalité qu’elle génère est souvent associée à d’autres pathologies. Un indicateur utile reste cependant celui de l’observation des variations de la courbe de mortalité de la population générale durant la période d’une épidémie. De ce point de vue, depuis le mois de mars, le coronavirus a clairement provoqué une surmortalité en Suisse comme dans les autres pays et les chiffres sont déjà plus élevés que lors des dernières importantes épidémies de grippe saisonnière. Nous constatons à l’heure actuelle que le Covid-19 génère proportionnellement davantage de complications et donc d’hospitalisations et de décès que la grippe saisonnière. Il faut cependant rappeler que la mortalité ne touche qu’une minorité de personnes et que la très grande majorité ne subit qu’une forme bénigne de la maladie, pour la grippe comme pour le coronavirus.
 
Vous pouvez vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Le prochain rendez-vous aura lieu lundi soir sur le web et mardi dans le print du Nouvelliste.
 
 

 

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