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Coronavirus: «Le taux d’hospitalisation est inférieur dans le Haut-Valais par rapport au Valais romand»

En répondant à vos questions, le directeur de l’Hôpital du Valais évoque la volonté de certains de réduire les mesures, la comparaison des hospitalisations dans les différentes parties du canton et donne un conseil pour les familles qui voudraient visiter leurs aînés à Pâques.

03 avr. 2020, 21:27
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Plus de 90 personnes atteintes du coronavirus ont pu quitter l'Hôpital du Valais."

Hier, vous avez annoncé 68 retours à la maison sur un total de 249 patients. Est-ce un taux satisfaisant par rapport à d’autres hôpitaux en Suisse ou dans les pays qui nous entourent?

Ce sont évidemment 68 bonnes nouvelles, mais les comparaisons avec d’autres établissements ne sont, à l’heure actuelle, pas faciles à faire car nous ne connaissons pas l’étendue exacte de la pandémie dans les différentes régions. Il s’agira en effet d’évaluer les taux de rétablissement et de mortalité à l’aune du nombre total de cas infectés lorsque ces données existeront. Alors seulement il sera possible de tirer des conclusions sur d’éventuelles différences entre régions ou établissements sanitaires.

Quel est le bilan de vendredi? 

Nous avons aujourd’hui 127 patients hospitalisés chez nous dont 24 aux soins intensifs. Sur les 265 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 93 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux. 

Si nous avons bénéficié d’un délai de trois semaines après le drame italien, rien ne nous dit à l’heure actuelle que nous sommes préservés d’une évolution analogue.

En Valais, les premiers cas infectés étaient des Haut-Valaisans. Depuis, on a parlé de foyers importants notamment à Verbier ou Savièse. Qu’en est-il de l’étendue de l’épidémie dans les trois régions du Valais?

S’il a pu y avoir momentanément quelques foyers plus importants au début de l’épidémie, avant même l’annonce des mesures actuelles, le coronavirus est aujourd’hui largement répandu sur l’ensemble du canton, sans zone particulièrement touchée ou d’autres qui seraient épargnées. Le seul élément que nous constatons à l’heure actuelle est un taux d’hospitalisation et de recours aux soins intensifs inférieur dans le Haut-Valais par rapport au Valais romand, comparativement au nombre d’habitants.

En Suisse alémanique, certains cantons sont beaucoup moins touchés que par exemple les cantons romands. Comment l’expliquer et pour ces cantons, peut-on imaginer une diminution des mesures plus rapidement qu’ailleurs?

Plusieurs hypothèses devront être vérifiées, notamment la proximité avec d’autres foyers dans des pays limitrophes, le fait d’une plus grande proximité sociale dans les zones urbaines, certains mouvements de population comme le tourisme ou peut-être le comportement global de la population. Il faut, quoi qu’il en soit, rester très prudent face à ce genre de considérations et ne pas parler encore de relâchement des mesures. Si nous avons bénéficié d’un délai de trois semaines après le drame italien, rien ne nous dit à l’heure actuelle que nous sommes préservés d’une évolution analogue.

Pour Pâques, les familles doivent d’abord explorer les voies de rencontre à distance pour communiquer avec leurs aînés. 

Certains prétendent qu’un retour à la normale pourrait être énormément facilité par l’application systématique de ces tests sérologiques. Les personnes déclarées immunes pourraient être dispensées de quarantaine immédiatement. Qu’en pensez-vous?

Pour certaines pathologies comme la polio ou la varicelle, l’immunité peut durer à vie. Mais nous n’en sommes qu’au début de cette épidémie de coronavirus et n’avons aucune certitude. Il nous faudra davantage de recul et, pour l’instant, nous ne pouvons qu’attendre et observer. Seul un vaccin permettrait d’offrir un moyen efficace de se protéger à long terme.

Une personne qui a eu le virus peut-elle venir en aide aux autres sans tenir compte des mesures édictées par le Conseil fédéral?

Non, même si, selon toute vraisemblance, il semble y avoir une immunité qui subsiste durant quelques mois après l’infection au Covid-19, nous ne connaissons pas encore réellement notre capacité à nous immuniser face à un nouveau contact avec ce virus et nous ne pouvons pas exclure la possibilité d’une nouvelle contagion chez une personne qui a déjà été contaminée une première fois. Nous n’avons aucune certitude et il vaut mieux rester prudents pour l’instant.

Pour Pâques, de nombreuses familles veulent ne pas laisser leurs aînés seuls. Si elles respectent la distance sociale, elles peuvent leur tenir compagnie «en ce jour si important»? Une petite balade est-elle appropriée?

Uniquement si cela est vraiment indispensable et en respectant scrupuleusement les distances sociales et l’hygiène des mains. Il faut néanmoins explorer toutes les autres voies possibles de rencontre à distance, par exemple avec des moyens audiovisuels ou des conférences téléphoniques.

Il n’est pas nécessaire de désinfecter les achats faits pour les personnes âgées ou à risque, car les aliments ne présentent pas une charge de contagion significative.

De nombreuses familles ont des animaux domestiques. Si un membre de celles-ci est contaminé, l’animal peut-il être un vecteur de diffusion du coronavirus?

Actuellement, les animaux domestiques et les autres animaux jouent chez nous un rôle très faible dans l’infection par le coronavirus. Bien que nous n’ayons aucune preuve de leur contagiosité, nous ne savons pas si les mains humaines qui les caressent peuvent laisser des germes sur leur fourrure. Par mesure de précaution, il est recommandé d’appliquer les mêmes mesures de distanciation sociale et d’hygiène des mains avec les animaux qui ne vivent pas avec nous. 

De nombreuses personnes âgées nous demandent si elles doivent désinfecter les achats effectués par d’autres et qui leur sont apportés?

Non, cela n’est pas nécessaire. Les aliments ne présentent pas une charge de contagion significative. Le virus ne circule pas par le tube digestif mais par les muqueuses respiratoires en y étant amené soit par les gouttelettes de salive, soit par le contact des mains. Une bonne hygiène des mains garde toutefois toute son importance et permet une manipulation hygiénique ordinaire des aliments comme de leurs emballages.

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions se trouvent aussi sur le site internet de l’Hôpital: www.hopitalvs.ch/coronavirus

 

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