Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Coronavirus – «L’hydroxychloroquine est actuellement très utilisée à l’Hôpital du Valais»

En répondant à vos questions de ce mercredi, Eric Bonvin évoque l’utilisation des médicaments en soins intensifs, les effets des mesures prises pour lutter contre la pandémie ou encore la situation des femmes enceintes face à celle-ci.

15 avr. 2020, 20:32
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais : "Nous sommes désormais en dessous des cent hospitalisations liées au COVID-19."

Eric Bonvin, vous passez aujourd’hui sous la barre des 100 patients Covid-19 à l’Hôpital du Valais.

Nous avons aujourd’hui 95 patients hospitalisés chez nous dont 17 aux soins intensifs. Sur les 328 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 16 ont pu quitter les soins intensifs et 172 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux.

«L’hydroxychloroquine est actuellement très utilisée, avec le consentement du patient, hors protocole et sans que l’on connaisse son efficacité réelle.»

En savoir plus : Moins d’hospitalisations, mais cinq nouveaux décès en Valais

Les HUG ont affirmé que la moitié de leurs patients Covid-19 étaient notamment traités avec la fameuse hydroxychloroquine. Qu’en est-il à l’Hôpital du Valais et quel est le traitement pour les cas les plus lourds?

Actuellement, l’hydroxychloroquine, associée à d’autres médicaments antiviraux, est utilisée chez nous comme dans tous les hôpitaux suisses. Elle est actuellement très utilisée, avec le consentement du patient, hors protocole et sans que l’on connaisse son efficacité réelle. Nous observons attentivement et prudemment ses effets, tant thérapeutiques qu’indésirables. Afin d’en savoir davantage, l’Hôpital du Valais participe en l’occurrence à une étude internationale, nommée Solidarity, sur la chloroquine associée à d’autres médicaments et espère ainsi pouvoir valider leur efficacité réelle.

Jeudi, le Conseil fédéral va annoncer un calendrier de déconfinement. Qu’est-ce qui va le plus changer pour l’Hôpital du Valais?

Il est difficile de se prononcer sans connaître le détail des décisions qui vont être prises. Deux aspects devront cependant être pris compte du côté de l’hôpital. Le premier est le fait que la pandémie n’est pas éradiquée et qu’elle se prolongera certainement durant plusieurs mois encore. Cela signifie pour nous que les hospitalisations et les traitements aux soins intensifs vont perdurer de façon plus ou moins constante. Il nous faudra donc maintenir de manière pérenne dans nos hôpitaux une section spéciale Covid-19 qui soit bien séparée du reste. Le second aspect à prendre en compte sera celui de la surveillance nécessaire lors de chaque relâchement de mesure, en comptant avec un potentiel risque de recrudescence des cas diagnostiqués dans les quinze jours qui suivent et de trois à quatre semaines pour les complications qui pourraient parvenir aux soins intensifs. 

«La diminution de la pollution atmosphérique aura un impact réel sur les personnes qui succombent à l’effet des particules fines dans l’atmosphère.»

Avec les mesures liées au confinement, on commence à entendre un discours qui prétend que cette période particulière a plus sauvé de personnes qu’elle n’en a tué. Deux lecteurs nous demandent votre avis sur le sujet.

La question qui se pose là est celle d’un bilan global des impacts non seulement de la pandémie elle-même, mais également des mesures qui ont été prises. Quelles que soient les mesures appliquées, il faudra en effet estimer le nombre de vies qu’elles auront permis de préserver en comparaison estimée de l’absence de toute mesure. Dans un tel bilan il sera également intéressant d’apprécier les effets collatéraux de ces mesures. Ainsi la diminution des déplacements et des loisirs à risque apportera sans doute une diminution sensible de la mortalité qui leur est habituellement liée, tout comme la diminution de la pollution atmosphérique aura un impact réel sur les personnes qui succombent à l’effet des particules fines dans l’atmosphère. Il faut également prendre en compte les effets délétères que peut engendrer chez certaines personnes le confinement ou ses conséquences sociales. Autant de questions que notre société devra se poser lorsqu’il sera possible de tirer un bilan de cette période particulière sur notre qualité de vie. 

Une question provient de votre personnel. Dans certains secteurs comme la cuisine, les mesures préconisées n’existent pas — pas de désinfectant ni de masques — et la distance de 2 mètres est parfois impossible à tenir. Que leur répondez-vous? 

Dans le contexte de faible disponibilité des masques qui prévalait au début de la pandémie, nous avons suivi strictement les règles de l’OFSP qui recommandait notamment le port du masque aux professionnels de la santé qui examinent, soignent ou conseillent des personnes malades ou susceptibles de l’être sans pouvoir se tenir à une distance d’au moins 2 mètres. En raison de la disponibilité plus importante des masques chirurgicaux, nous avons décidé depuis plus d’une semaine d’élargir leur utilisation à tout le personnel hospitalier qui n’est pas en mesure de maintenir la distance de 2 mètres avec des patients ou d’autres collaborateurs. Les habituelles et strictes mesures d’hygiène en cuisine, ainsi que les mesures organisationnelles prises dans ce domaine, comme dans d’autres, doivent en outre permettre de réduire au maximum les risques de propagation du virus et tout est mis en œuvre pour respecter les consignes de l’OFSP et de Swissnoso.

«Actuellement, même la Confédération peine à se procurer des masques en suffisance.» 

Il y a un mois, vous aviez affirmé dans ces colonnes que le Covid-19 n’était pas dangereux pour les enfants qui se trouvent encore dans le ventre de leur mère. Plusieurs lectrices nous demandent si c’est toujours le cas et si, parmi le personnel soignant, les femmes enceintes doivent être particulièrement protégées? 

A l’heure actuelle, rien n’indique que les femmes enceintes en bonne santé présentent un risque accru de développer une forme grave de la maladie. Pour ce qui est de la transmission de la mère au bébé, les données sont rassurantes lors d’une infection au troisième trimestre de la grossesse et les bébés infectés après la naissance sont rares et se portent bien. Selon les spécialistes, nous devons par contre attendre d’en savoir davantage sur les infections maternelles au premier ou au deuxième trimestre de la grossesse. Un registre international mis sur pied par le CHUV et l’Hôpital de l’Ile, à Berne, devrait permettre d’accélérer la recherche médicale sur le coronavirus et les femmes enceintes. Mais il faut se souvenir que nous avons à l’heure actuelle encore peu de recul sur ces situations et qu’il nous faut rester prudents en attendant d’en savoir davantage.

Un comité sportif a décidé d’organiser une levée de fonds pour acquérir des masques de protection et les distribuer gratuitement. Est-ce une fausse bonne idée?

C’est évidemment généreux de la part de ce club, comme tous les autres dons récoltés à ce jour. Pour les masques, ce n’est toutefois pas tant l’argent qui fait défaut, même si cette crise va également mettre les hôpitaux dans des situations financières difficiles, mais bien les masques eux-mêmes, en raison des difficultés d’approvisionnement liées à la demande qui a explosé au niveau mondial, alors qu’il n’y a que peu de sites de production et qu’ils sont principalement en Asie. Actuellement, même la Confédération peine à se procurer des masques en suffisance.

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions sont aussi disponibles sur le site www.hopitalvs.ch

 

Votre publicité ici avec IMPACT_medias