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Saxon: Descartes Meubles accusé de vendre des copies chinoises d’un célèbre designer

Descartes Meubles a vendu des copies chinoises du célèbre fauteuil américain Lounge Chair and Ottoman de Charles Eames. Son patron est accusé par le Ministère public de violation des droits d’auteur. Lui se défend de toute tromperie.

25 juil. 2019, 18:30
Le célèbre fauteuil Lounge Chair et son repose-pied, dont des copies étaient vendues en Valais.

«Je vends des meubles depuis un demi-siècle sans avoir jamais été condamné dans le cadre de mon activité», lâche, dépité, Jean-Daniel Descartes dans son bureau sis au premier étage de son magasin à Saxon. L’homme d’affaires n’en revient pas. Il est accusé par la justice d’avoir vendu en 2014 des copies chinoises d’un fauteuil emblématique du design industriel américain du XXe siècle.

Pour cela, le Ministère public requiert une peine de 60 jours-amendes avec sursis et une amende de 1920 francs pour infraction à la loi fédérale sur le droit d’auteur. Sans oublier la destruction des fauteuils. Le Tribunal de Martigny devrait trancher à la fin de l’été. D’ici là, l’accusé est présumé innocent.

Des copies très inspirées

Tout commence en 2010. Le Valaisan commande sept fauteuils avec repose-pied qui ressemblent à s’y méprendre à la célèbre Lounge Chair and Ottoman de Charles Eames, un modèle déposé et réputé du designer américain. Ce fauteuil emblématique est si connu qu’il est exposé au MoMa de New York et encore commercialisé aujourd’hui au prix de plus de 7000 francs pour le modèle de base.

Rien à voir avec le prix d’achat des copies chinoises de Jean-Daniel Descartes: moins de 400 francs. «A ce prix, il était clair que ce n’est pas un original», indique le commerçant. D’ailleurs, l’enquête a démontré que Descartes Meubles précisait aux clients intéressés qu’il s’agissait d’un fauteuil d’inspiration Eames et non d’un original.

J’avais demandé un avis de droit.

Jean-Daniel Descartes, propriétaire de Descartes Meubles

 

«Je n’ai pas l’habitude de faire n’importe quoi. Je n’allais pas commencer à enfreindre la loi pour sept fauteuils. De plus, je pensais être en ordre, ayant demandé un avis de droit à un avocat qui m’a conseillé d’indiquer clairement que ces fauteuils étaient inspirés de Charles Eames», se défend Jean-Daniel Descartes.

Il avance un autre argument. «Je n’aurais jamais fait de publicité pour ces fauteuils si j’avais pensé être hors-la-loi. Il n’y a jamais eu volonté de tromper le client.»

Marques déposées

Mais là n’est pas le problème. Le souci, c’est que le design du fauteuil et le nom Eames sont des marques déposées appartenant à la société Vitra Collections. Celle-ci a déposé plainte pénale et le Ministère public valaisan a donné tort à Jean-Daniel Descartes, même si ce dernier a immédiatement cessé de vendre ses fauteuils à des prix allant de 1500 à 2300 francs pour un prix d’achat de 400 francs. Cela représente tout de même une jolie marge. «J’offrais simplement aux clients la possibilité d’acquérir à un prix correct ces meubles avec une très bonne qualité», rétorque le vendeur. Selon un expert valaisan du marché des meubles, «ce modèle est très connu et s’il peut arriver que des copies soient vendues discrètement, il est plus surprenant que ce soit fait au vu de tout le monde, avec en prime de la publicité».

«Un original conserve sa valeur»

Contactée, Vitra Collections indique ne pas commenter les procédures juridiques en cours. Par la voix d’Aliénor de Chambrier, son service de communication précise toutefois que la protection des droits d’auteur s’applique aussi bien au designer qu’au fabricant et «qu’un original est un investissement qui conserve sa valeur, son prix de revente sur le marché du vintage en constante progression dépasse souvent son prix de départ». 

 

Un fauteuil exposé au MoMa
Charles Eames (1907-1978) est considéré comme un designer majeur du XXe siècle avec ses chaises en fibre de verre et sa fameuse Lounge Chair qui vaut des ennuis aux meubles Descartes aujourd’hui. Ce fauteuil de design industriel a été créé en 1956 pour le fabricant de meubles Herman Miller. Un exemplaire est exposé au Museum of Modern Art à New York. Toujours en production, il s’est vendu à plus de six millions d’exemplaires à travers le monde. Sans compter les copies.
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