Bruno Erzinger n’est pas arrivé mercredi matin à Berne avec la conviction que le Prix Montagne 2016 allait être décerné à sa société. A une demi-heure de la cérémonie officielle, le futur gagnant estimait ses chances de victoire à 16,6%. Soit une chance sur six... puisque la finale avait à départager six candidats.
Alors excès d’humilité? Le directeur de Gomina AG se montre en tout cas davantage visionnaire dans la conduite de son entreprise. Au moment de faire l’éloge du vainqueur, le membre du jury Peter Niederer a souligné cette capacité de la firme de Niederwald à augurer de l’avenir. «L’abandon du taux plancher par la Banque nationale suisse n’a pas déstabilisé Gomina qui l’avait prévu depuis des années. L’entreprise a très vite compris qu’il ne serait plus viable pour elle de n’être qu’un sous-traitant au milieu de concurrents mondiaux plus compétitifs.»
Une activité insoupçonnée
Pour ne pas couler, la firme haut-valaisanne a réorienté son activité vers la fabrication de scies chirurgicales. Un marché de niche qui a permis à une société moribonde de devenir le plus grand employeur à l’année de la vallée de Conches. «Et pas en réalisant des fours à raclette ou des produits du terroir, a appuyé Peter Niederer. Cette société maîtrise l’entier de la chaîne de valeur, à 1200 mètres d’altitude et dans un secteur insoupçonné, ce qui est incroyable.» Un étonnement que partage la conseillère nationale PDC Viola Ahmerd, également membre du jury. «On ne s’attend pas à ce qu’une société de Conches fabrique des scies médicales.» La native de Brigue a dû se récuser au moment des délibérations sur Gomina, du fait de sa proximité géographique d’avec le candidat, mais se réjouit de cette victoire valaisanne et espère que cela encouragera d’autres initiatives du type dans le canton.
Les 40 000 francs seront investis pour le personnel
Le trophée du Prix Montagne est décerné avec une enveloppe de 40 000 francs. La somme servira à la formation continue des trente employés et à l’engagement de nouveaux collaborateurs, a déclaré le patron de Gomina, venu chercher le prix, accompagné de cinq membres de la direction, dont son fils.
En investissant dans des postes de travail, le lauréat poursuit un but prôné par les organisateurs du Prix Montagne. «Nous retenons pour la finale des initiatives qui ont fait preuve de leur viabilité économique pendant au moins trois ans, qui innovent et qui contribuent à la création d’emplois», liste Vincent Gillioz, de la communication du Groupement suisse pour les régions de montagne, co-organisateur du concours avec l’Aide suisse aux montagnards.