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L'alpiniste valaisan Michel Darbellay n'est plus

Vainqueur de la première de la face nord de l'Eiger en solitaire, Michel Darbellay s'est éteint mercredi soir. L'alpiniste de La Fouly dans le Val Ferret avait à son actif plusieurs autres premières et surtout, était pionnier du style léger.

13 juin 2014, 11:00
Michel Darbellay au lendemain de son exploit à l'Eiger. C'était il y a 50 ans.

L’Eiger par sa face nord. Seul. Il y a 51 ans, le guide de montagne de La Fouly Michel Darbellay laissait une empreinte indélébile sur l’ogre bernois. Une victoire gravée dans le grand livre de l’histoire de l’alpinisme. L’an dernier, son exploit était remis en lumière pour fêter le demi-siècle de cette conquête. Mais il y a deux jours, à 79 ans, l’homme a entamé sa dernière ascension, au terme d’un douloureux combat. Il manquera à ses proches et à la montagne toute entière. Car avec sa disparition c’est un style et un esprit pionnier de la conception de l’alpinisme qui s'érode encore un peu.

Son exploit de ce jour d'août 1963 le propulse en première page des magazines du monde entier, et en font le guide incontournable pour de prestigieux clients à la recherche d’adrénaline. Au-delà de tout ça, l’homme ne souhaitera jamais s’en vanter. L’histoire dit même qu’il n’avait jamais pensé à prendre une photo au sommet. Qu’on ne se méprenne pas, il avait beaucoup d’audace, une rapidité extrême, et savait dans quels projets difficiles il s’embarquait. «On n’avait pas le droit de tomber», disait-il souvent. Soucieux de ne pas effrayer ses proches, il dira à sa mère, le matin de son départ pour l’Eiger, qu’il s’en va «chercher des abricots». Dans les récits qu’on lui consacre sur cette ascension, Michel Darbellay évoque sans cesse son bonheur d’être là, proche de l'euphorie, suspendu au-dessus du vide, sans place pour les doutes à l’horizon.

Toujours, la modestie figure en première place des qualités qu'on lui reconnaît. C’est plus que ça, c’est une simplicité déconcertante.  Léger, il enchaîne les voies plus difficiles des Alpes. La face nord du Cervin, le Pilier Bonatti des Drus, l’Aiguille noire de Peuterey au Mont-Blanc. Il les avale, discret, rapide et ne s’embarrasse pas de mots dans des carnets de course.  

Mais c’est dans son Val Ferret natal que la roche gardera son souvenir le plus étincelant, sur le granit brûlé par le soleil du Petit Clocher du Portalet. Sur l’emblématique monolithe, qui s’illustre par la modestie de son dénivelé conjuguée à sa redoutable difficulté, il ouvrira en 1962 et 67 deux voies d’escalade extrême, avec son frère et un ami. L’une porte son nom, l’autre Esprit de Clocher. Mises ensemble, l’esprit de Michel Darbellay se trouve, plus que jamais, inscrit dans le clocher. Suspendu, heureux, paisible, léger, au-dessus du vide.

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