410 jours. 410 jours sans skis. Une éternité pour une skieuse professionnelle. Plus d’une année après être montée pour la dernière fois sur ses lattes, Mélanie Meillard a retrouvé ce plaisir. Depuis une semaine, la skieuse d’Hérémence enchaîne tous les deux jours les virages sur les pistes de Thyon. On a pu la suivre, ou du moins on a essayé de le faire, le temps de cinq descentes. L’occasion de s’apercevoir que la pépite du ski helvétique féminin n’a rien perdu. La possibilité, surtout, de faire le point avec elle entre quatre montées de télésiège.
Mélanie Meillard, après avoir jonglé durant plus d’une année entre les hôpitaux, salles d’opération, salles de rééducation et salles de sport, vous voilà de retour sur la neige. Alors, quel sentiment?
Ça fait très plaisir. En tant que skieuse, vous êtes toute l’année sur les skis. De ne pas avoir pu skier durant tout ce temps a été très long. Enchaîner de nouveau des virages et retrouver la neige est un pur bonheur, tout simplement. C’est magique. Franchement, j’étais très étonnée en bien. Je sais que ce n’est pas encore parfait mais je pensais que ça allait être pire que ça. Non, vraiment, je prends un énorme plaisir à retrouver les pistes.
Officiellement, vous avez remis les skis le 25 mars dernier. Etes-vous en avance ou en retard par rapport au programme que vous vous étiez fixé?
C’est exactement le jour que l’on s’était fixé. On avait posé cet objectif il y a six mois. Juste avant de passer à l’acte, j’ai quand même dû repasser chez les médecins qui m’ont donné leur accord.
Avez-vous eu peur d’avoir oublié comment on skiait?
Même si je n’ai jamais imaginé que l’on pouvait complètement oublier comment skier, c’est vrai que je me demandais si j’allais réussir à faire des virages. Disons que dans ma tête, c’est soit je l’avais oublié, soit ça allait revenir immédiatement. Heureusement, c’est ce deuxième scénario qui s’est produit.
Pour l’instant, on imagine que vous essayez de retrouver vos sensations de base en n’axant votre ski que sur le plaisir…
C’est ça. Et ce sera encore le cas toute cette semaine. Ensuite, on va peut-être déjà se diriger un peu vers la technique. L’idée, c’est de reprendre les camps d’entraînements sur les glaciers avec l’équipe nationale fin juillet comme s’il ne s’était jamais rien passé.
Pouvez-vous affirmer aujourd’hui que votre rééducation est terminée?
Je ne sais pas où se termine une rééducation. Tout ce que je sais, c’est que j’ai énormément de travail qui m’attend. En skiant ces jours, je sens d’ailleurs parfaitement que je n’ai pas récupéré toute ma force. Mais d’être revenue sur les skis est déjà un point positif. Cela ne peut être que bénéfique pour la suite, et notamment en vue de la préparation physique.
Sentez-vous encore des douleurs à votre genou?
Cela dépend des jours. Mais oui, il m’arrive d’avoir mal. Cette douleur est due aux vibrations. Mais elle est minime. Elle est surtout supportable si je la compare à certaines douleurs que j’ai pu ressentir durant la rééducation.
A quel point parvenez-vous à retirer du positif de vos deux opérations et rééducations?
Il est toujours compliqué de retirer du positif dans une blessure. Mais il est vrai que j’ai appris passablement de choses sur moi-même. Je sais que je dois m’écouter davantage. Encore plus que ce que j’avais déjà pour habitude de faire. Je dois par exemple réussir à m’arrêter après une heure ou une heure et demie de ski, avant que la douleur ne soit insupportable.
La saison prochaine, vous serez de retour en Coupe du monde. Au fait, vous êtes-vous fixé des objectifs?
Aucun. Aujourd’hui, je ne pense même pas aux courses. Le but, dans un premier temps, ce sera déjà de reprendre la compétition. Il n’y a donc franchement pas de plan en ce qui concerne la Coupe du monde à l’heure actuelle. Skier pour le plaisir et faire des virages comme aujourd’hui est une chose, se retrouver entre des piquets et se montrer performante sur le cirque blanc en est une diamétralement différente. Après, j’espère évidemment retrouver mon niveau d’avant. C’est le grand objectif. Mais aujourd’hui, après la blessure, je ne sais pas comment je vais gérer mon genou entre les piquets et lors des entraînements.
Il n’y aura ni Jeux olympiques ni championnats du monde l’hiver prochain. Est-ce un avantage dans le sens où vous pourrez revenir sans aucune pression?
C’est sûr, oui. Bien sûr, que j’aimerais de nouveau réussir à aller chercher de bons résultats, mais si ça ne devait pas être le cas, il n’y aurait pas de conséquences derrière. Je n’aurai pas le stress de devoir me qualifier pour l’un de ces grands rendez-vous. Je peux avancer tranquillement. Que ce soit dans ma préparation puis dans ma saison.
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Née le 23 septembre 1998
Habite à Hérémence
A pris part à sa première épreuve de Coupe du monde en 2015
Compte 16 tops 10 à son actif
Trois tops 5 en slalom classique
Championne de Suisse de slalom et de géant en 2017
Se blesse lors des entraînements aux Jeux olympiques de PyeongChang en février 2018. Diagnostic: rupture du ligament croisé antérieur ainsi qu’une lésion du ménisque externe du genou gauche
Après sept mois de rééducation, elle apprend qu’elle doit de nouveau se faire opérer et doit tirer un trait sur la saison 2018/19
25 mars 2019: de retour sur les skis