Six cents personnes à la salle polyvalente de Conthey ont passé leur soirée de mardi à parler du règlement communal sur l’eau. Le sujet est émotionnel. Financièrement pesant pour certains citoyens.

Avant le début de la séance, plusieurs participants ont un petit billet sur lequel sont écrites leurs questions. La liste est longue.

Pour ajouter une couche, l’UDC locale, par la plume de Damien Fumeaux, a diffusé un communiqué en fin d’après-midi pour demander au président de commune de démentir les propos tenus dans «Le Nouvelliste».

L’ambiance est électrique, ça promet des étincelles.

Erreur de communication

A l’arrivée des nouvelles factures, les réactions ont été vives. Trois cent vingt personnes ont signé une pétition contre le nouveau règlement communal. Plus de 200 réclamations ont été envoyées à la commune. Et le flot n’est pas tari.

«Nous avons soit mal communiqué, soit au mauvais moment», reconnaît d’emblée le président Christophe Germanier (Alliance communale). Il rappelle les informations envoyées à la population et les discussions au Conseil général. Mais cela n’a pas suffi.

Pour justifier le changement, le président rappelle l’obligation légale d’autofinancer les comptes liés à l’eau et de les financer selon le principe du consommateur-payeur. Toutes les communes devront y passer. Jusqu’ici, le déficit de ce secteur est massif. A Conthey, il a même dépassé les 500 000 francs en 2020.

L’orateur reconnaît encore que la facture a augmenté. De 29% en moyenne, soit de 136 francs. Mais dans l’assemblée, la moyenne importe peu, c’est la douloureuse reçue qui compte. Pour certains, elle a plus que doublé.

Des chiffres déconcertants

Avant que les compteurs d’eau soient posés et qu’ils disent ce que les Contheysans consomment réellement, un forfait de 80 m³ par personne a été introduit. Un chiffre qui a fait office de goutte d’eau qui fait déborder le vase, la moyenne nationale se situant à 55 m³.

«Nous distribuons en moyenne 112 m³ par habitant», constate le président. Stupeur. Pourquoi autant? «Ce n’est pas parce que nous buvons plus d’eau que les autres», sourit Christophe Germanier. «C’est parce qu’en Valais nous utilisons l’eau potable pour irriguer», explique Christine Genolet-Leubin, la cheffe du Service cantonal de l’environnement.

Le flot des questions

«Je paie pour l’irrigation des vignes?» demande un citoyen. «Chacun paiera en fonction de sa consommation lorsque les compteurs seront installés.»

Justement, n’aurait-il pas fallu attendre ces fameux compteurs avant de changer la manière de facturer, s’interroge la salle. «Chaque année, le trou financier se creuse, nous ne pouvons pas attendre», répondent les autorités.

«Je paie l’épuration pour l’eau que j’utilise pour ma pelouse!» s’indigne un contribuable. «C’est vrai, mais cela ne représente qu’un faible pourcentage. On pourrait poser des compteurs à la sortie, mais il faut les installer et cela coûte.»

Lorsque le flot des questions s’assèche, le président du Conseil général Jean-Daniel Vergères (Alliance communale) raconte. En analysant ce dossier, les élus du législatif ont posé 29 questions, les mêmes que les citoyens. Ils ont proposé 17 amendements, seuls 4 ont pu être pris en compte, les autres étant contraires à la législation. Sous-entendu, il faut se rendre à l’évidence, il n’y a pas vraiment de choix.

La réponse à la pétition

Et maintenant? Le Conseil communal va prendre position et répondre aux pétitionnaires. Les mécontents disposeront alors de trente jours pour faire recours auprès du Conseil d’Etat.

Pour les autres, la facture doit être payée. Les compteurs vont arriver prochainement, avec eux la facturation devrait être plus claire. Comme de l’eau de roche…

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