Fin novembre, le Brass Band 13 Etoiles remportait à Lucerne son 15e titre national. L’année 2023 est celle de tous les superlatifs avec en mai, à Malmö en Suède, un premier sacre au niveau européen pour la formation d’excellence qui célèbre ses 50 ans d’existence.

A la baguette depuis 2018, Frédéric Théodoloz tire le meilleur de ses musiciens amateurs dont le niveau tutoie les sommets. Interview.

Le triplé d’Oriane Brückel, membre de la Lyre de Conthey et du BB13 Etoiles que vous dirigez, ce week-end à Grône, j’imagine qu’il vous réjouit…

Engagé en Norvège, je n’ai malheureusement pas pu être présent dimanche à Grône mais ce fut une belle surprise de découvrir sa performance. Un 3e titre consécutif au championnat valaisan des solistes juniors, c’est extraordinaire.

Pour vous aussi, 2023, avec un premier titre européen, un 15e titre national, un 14e Swiss Open, c’est une année royale?

Que demander de mieux! C’est effectivement carton plein.

Y a-t-il un titre qui vous a plus marqué qu’un autre?

Chaque titre est forcément unique. On aborde chaque concours comme si c’était le premier. Mais c’est vrai que le titre européen a une saveur spéciale car c’est le sacre ultime. C’est la coupe dont tous les chefs rêvent. Et on l’a ramenée à la maison cette année. (Il sourit.)

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Frédéric Théodoloz, un chef qui emperle les titres. © DR

Après de telles performances, c’est encore possible de faire mieux? Si oui, comment?

On essaie toujours de s’améliorer, de progresser. Mais on ne va pas changer notre manière de faire. Le groupe actuel est très jeune et talentueux, avec un fort esprit de corps. Le mieux qu’on puisse faire, c’est de continuer à travailler comme ça. Tout en sachant que, dans les concours, il y a toujours une part d’incertitude.

Arrivez-vous à cerner les ingrédients de votre succès? A un tel niveau d’excellence, ça se joue sur d’infimes détails, on imagine…

Ça ne tient parfois pas à grand-chose effectivement. Car tous les ensembles travaillent énormément, avec beaucoup d’assiduité. Alors même que, rappelons-le, tous les musiciens sont des amateurs.

Il se dit que vous apportez une attention particulière à la musicalité. Ça tient à votre parcours dans la musique classique?

Je ne sais pas quels ingrédients les autres chefs mettent dans leur préparation. De mon côté, j’essaie d’apporter mon expérience de musicien d’orchestre. Pendant plus de vingt ans, j’ai pu jouer comme tromboniste dans de prestigieux ensembles symphoniques comme l’Orchestre de la Suisse romande (OSR), l’Orchestre de chambre de Lausanne (OCL), l’Orchestre national de Porto ou encore l’Orchestre philharmonique de Durban en Afrique du Sud. J’ai côtoyé passablement de chefs et de solistes classiques. C’est un bagage que j’ai en moi et que j’essaie de transmettre. La musique doit venir du cœur, du plus profond de soi.

Vous diriez que le Brass Band 13 Etoiles a un son propre?

C’est vrai que depuis 2018 on fait un gros travail sur le son, sur les couleurs, sur les atmosphères. On s’efforce d’obtenir quelque chose qui nous correspond. Il faut aussi avoir les musiciens capables de le faire. Aujourd’hui, on construit effectivement un son spécial, très homogène, très symphonique au fond.

Le classique, c’est un bagage que j’ai en moi et que j’essaie de transmettre. La musique doit venir du cœur, du plus profond de soi.

Choisir les bonnes pièces, le bon répertoire, c’est aussi essentiel pour performer en concours?

Ce n’est pas une nécessité mais c’est intéressant de passer commande de pièces écrites spécialement pour nous. Cette année, on a la chance d’avoir une création signée de mon meilleur ami Ludovic Neurohr. C’est du sur-mesure, fruit d’une vraie collaboration. Elle correspond très bien à notre ensemble, à nos solistes. L’an dernier, on a pu compter sur le même effet de surprise avec l’œuvre de Thierry Deleruyelle «Sand and stars» devenue une pièce du répertoire. Chaque commande a l’avantage de l’enrichir, à disposition de tous les autres brass bands.

Avant vous, le Valaisia dirigé par Arsène Duc a aussi eu sa période faste. Peut-on dire qu’il vous a éperonnés?

Indéniablement. C’est une saine concurrence qui nous tire vers le haut. D’autant qu’on se connaît tous très bien en Valais.

Dans nos colonnes en 2019, vous disiez avoir le sentiment de «conduire une Ferrari». Ce bolide, aujourd’hui, vous l’avez dompté?

(Il rit.) On peut clairement comparer le BB 13 Etoiles à une belle mécanique avec ses musiciens et ses solistes d’excellence. C’est une chance de pouvoir travailler avec eux. Mais je les guide plus que je les dompte. Je les fais se rencontrer, s’épanouir et se dépasser.

Avec le BB 13 Etoiles, je suis aux commandes d’une Ferrari avec ses musiciens et ses solistes d’excellence.

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Les formations A et B du Brass Band 13 Etoiles victorieuses du championnat suisse des brass bands 2023 © 360DSM

Un brass band, ce sont effectivement des hommes et des femmes, avec leur lot d’émotions. Comment gérez-vous ce facteur humain?

Il n’y a qu’un mot: l’amour. L’amour de la musique, la passion, l’envie de faire de belles choses, et ce toujours avec le cœur. Avec le treize Etoiles, on aime vraiment ce qu’on fait.

Quelles ambitions nourrir à l’avenir quand on a déjà quasiment atteint le firmament?

Les concours restent notre priorité. Ce sont eux qui font vivre les brass bands. Les jeunes ont envie de se surpasser, de se mesurer aux autres. Il y a un esprit de compétition propre à cet univers. Au-delà de ça, j’ai à cœur de mener des projets différents. Comme cette année avec le trompettiste Sergei Nakariakov dans le cadre du Sion Festival. Ça permet d’atteindre un autre public, pas forcément familier du milieu.

Je peux citer aussi le BPM festival à Grône qui met en lumière la musique de cuivres et de percussions au sens large. C’est une forme de démocratisation que me tient à cœur. Fin janvier, on se rendra d’ailleurs en Angleterre, à Manchester, pour le RNCM brass festival, le plus prestigieux festival de brass bands au monde.

Vous tutoyez actuellement les sommets. Le déclin, ça vous effraie?

Les concours, on peut les gagner. Mais ce n’est pas la règle. Si un jour, on ne termine pas premiers, on ne sera pas déçus, ça fait partie du jeu. Depuis que j’ai repris l’ensemble en 2018, on n’a d’ailleurs pas toujours été devant. On veut juste profiter un maximum de cette période faste.

Ne pas gagner un concours, ça fait partie du jeu.

Et vous, votre avenir, il s’écrira encore quelques années à la direction du BB 13 Etoiles?

Oui, j’espère pouvoir diriger cet ensemble aussi longtemps que possible.

Aussi longtemps que Géo-Pierre Moren, le chef historique?

Pourquoi pas (il sourit), si la collaboration se passe toujours aussi bien. Ma motivation est intacte.

Faire partie de la riche histoire du BB 13 Etoiles, qui n’a connu que trois baguettes en cinquante ans d’existence, une fierté?

Bien sûr. Mon histoire est liée à cet ensemble. Issu de la Marcelline de Grône, j’ai commencé en 1992 dans la formation B dont j’ai été le premier trombone. Reprendre les rênes en 2018, c’était un rêve qui se réalisait. Je suis très fier de cet ensemble et de ses musiciens.

Pour voter, c’est par ici: valaistars.lenouvelliste.ch.

Le Brass Band 13 Etoiles conserve son titre de Champion d’Europe

Samedi, en Lituanie, le Brand Band 13 Etoiles a remporté pour la deuxième année de suite le Championnat d’Europe.