Le cyclisme valaisan est toujours bien représenté au sein des pelotons professionnels et élites, en Suisse et à l’étranger. Sébastien Reichenbach et Simon Pellaud ont porté les mêmes couleurs, chez Tudor Pro Cycling Team. Antoine Debons a été invité à terminer la saison chez Corratec alors que Valentin Darbellay et Arnaud Tissières ont poursuivi leur progression éclair. Les uns et les autres reviennent sur les moments forts de l’année 2023.

1. Quel regard portez-vous sur votre saison?

Simon Pellaud (Tudor Pro Cycling Team): «Le début a été compliqué mais j’ai bien rebondi. Les résultats ne le disent peut-être pas mais c’était une saison pleine. Il m’a peut-être manqué un pic de forme comme j’ai pu en avoir par le passé. J’ai su saisir ma chance quand j’avais une certaine liberté. C’était important parce que les occasions sont désormais plus rares. Tudor, c’était le bon choix. Entre les attentes et la réalité, je n’ai pas été déçu.»

Bouveret le, 25 avril 2023
Tour de Romandie. Prologue du Bouveret.
Sébastien Reichenbach. © Sacha Bittel/Le Nouvelliste

Sébastien Reichenbach n’a pas obtenu les résultats escomptés. © Sacha Bittel

Sébastien Reichenbach (Tudor Pro Cycling Team): «Le bilan n’est pas extraordinaire. Je n’ai pas beaucoup d’explications, sinon d’avoir été malade à plusieurs reprises. J’ai peut-être trop voulu en faire. Ma fin de saison a été à l’image de mon année, plutôt compliquée. J’étais content d’arriver au bout. J’ai voulu sortir de ma routine, ça ne m’a pas trop bien réussi. J’en retire des leçons. J’ai souvent alterné une bonne saison avec un exercice plus moyen.»

En début d’année, j’aurais signé les yeux fermés pour un tel exercice.

Valentin Darbellay, coureur chez Elite Fondations

Valentin Darbellay (Elite Fondations): «C’est une saison quasi parfaite pour moi. J’ai obtenu des résultats au-delà de mes attentes. J’ai aussi vécu une progression très intéressante. En début d’année, j’aurais bien évidemment signé les yeux fermés pour un tel exercice.»

Antoine Debons (Philippe Wagner Cycling): «Je suis plutôt content. J’ai pu confirmer, sur certaines courses, mon coup d’éclat des championnats de Suisse (ndlr: vice-champion de Suisse). Contrairement à ces années précédentes, j’ai été assez régulier avec un niveau correct mais j’aurais aimé avoir davantage de pics de forme. En début d’année, je m’étais fixé pour objectif de gagner quelques courses.»

Arnaud Tissières (Elite Fondations): «J’ai connu beaucoup de hauts et de bas avec des soucis physiques en début d’année et une chute, durant l’été, qui a contrarié ma fin de saison. Entre deux, j’ai obtenu de bons résultats. J’ai souvent eu le sentiment d’être fort mais il m’a régulièrement manqué quelque chose pour jouer la victoire. Je n’ai toujours pas compris pourquoi j’ai connu ces soucis aux jambes. Je n’avais plus de force durant une semaine.»

2. Quel a été le moment le plus fort durant l’année?

Simon Pellaud: «Emotionnellement, c’était l’accident mortel de Gino Mäder. Le point d’orgue, ça a été le championnat de Suisse où j’ai vécu le pic émotionnel le plus important de ma vie à l’occasion de cette course qui est devenue un objectif de carrière. Ce maillot, je l’ai quasiment eu sur le dos jusqu’à 50 mètres de la ligne. C’était une grande défaite et, en même temps, le moment le plus fort de la saison. Cette expérience forge le caractère.»

Simon Pellaud a remporté le classement du meilleur grimpeur au Langkawi. © Tour du Langkawi

Sébastien Reichenbach: «C’est difficile pour moi de sortir un moment fort. Disons qu’au Tour d’Allemagne, même si je n’ai pas claqué un gros résultat à titre individuel, j’ai pris une part active à la victoire d’étape de notre sprinter, Arvid De Kleijn. C’était un super moment avec l’équipe. Ça m’avait aussi fait du bien après plusieurs mois compliqués. Pour l’équipe, c’est important de gagner des courses.»

Valentin Darbellay: «Le Tour de Namur, au niveau de l’esprit d’équipe, a été unique. J’ai pris très vite le maillot jaune et, derrière, mes équipiers se sont mis en quatre pour le défendre. C’était cool de gagner, de porter le maillot de leader mais aussi un moment spécial d’être pareillement soutenu par les copains. C’était une première expérience pour moi, mais aussi pour beaucoup d’autres dans l’équipe.»

J’ai vécu, lors du championnat de Suisse, l’une des plus belles journées sur un vélo.

Antoine Debons, coureur chez Philippe Wagner Cycling

Antoine Debons: «C’est évidemment le championnat de Suisse que je termine au 2e rang derrière Marc Hirschi. J’ai vécu une journée incroyable, probablement l’une des plus belles sur un vélo. On veut toujours lever les bras; il y a peut-être un peu d’amertume aussi parce qu’un succès aurait changé beaucoup de choses dans ma carrière. Avec Corratec, en fin de saison, j’ai obtenu un top 10 lors de la première étape et le 13e rang final au général d’une course de cinq jours. C’est top.»

Arnaud Tissières: «En l’espace de deux jours, j’ai été retenu avec la sélection suisse pour disputer le GP de Gippingen avec les professionnels. Et le lendemain, je gagne la même course avec les élites. Un très grand moment. J’ai pu me rendre compte du niveau des professionnels aux côtés de nombreux coureurs qui allaient disputer le Tour de Suisse. C’était cool d’accompagner Mauro Schmid et Fabien Lienhard.»

3. Quel a été votre regret, l’acte manqué?

Simon Pellaud: «Je suis vraiment déçu de ne pas avoir gagné en Malaisie, lors du Tour du Langkawi. J’ai roulé très fort pour notre sprinter lors des deux premières étapes et je ne le regrette pas. Mais ça m’a coûté de l’énergie le troisième jour. Les victoires sont rares et là, il y avait vraiment un coup à jouer. Si j’avais eu davantage de jus dans le moteur, ce jour-là, j’aurais pu faire davantage de dégâts encore. L’enchaînement de ces efforts, durant huit jours, a aussi «flingué» mes dernières courses en Italie.»

Le décès accidentel de Gino Mäder m’a beaucoup affecté.

Sébastien Reichenbach, coureur chez Tudor Pro Cycling

Sébastien Reichenbach: «J’avais beaucoup d’attentes lors du Tour de Suisse; j’avais eu carte blanche. Or, je n’ai pas été dans le coup. Après, il y a eu l’accident mortel de Gino Mäder. C’était la première fois que j’étais confronté à la mort en course. Ça m’avait beaucoup affecté. Globalement, j’attendais davantage des courses en Suisse, le championnat et le Tour de Romandie notamment.»

Valentin Darbellay: «Quand on ne gagne pas, on a forcément toujours des petits regrets. Mais je ne vois pas un acte réellement manqué. Globalement, ça s’est tellement bien passé cette saison que je n’ai pas le droit de faire la fine bouche. S’il faut vraiment ressortir un événement, je dirai les championnats de Suisse. J’aurais bien aimé monter sur le podium des élites. En juin, j’ai un peu payé les efforts consentis en mai. Je n’étais pas dans mon meilleur jour.»

Saillon, le 2 avril 2023
Cyclisme. Grand Prix Berra à Saillon.
Valentin Darbellay (16) © Sacha Bittel/Le Nouvelliste

Antoine Debons: «C’est difficile de citer cette 2e place au championnat de Suisse parce que c’est le résultat qui m’a ouvert les portes du stage chez Corratec. Je dirai donc le GP Berra Immobilier, à Saillon, que j’ai encore laissé filer alors que j’étais tout proche de gagner. J’ai lancé le sprint de trop loin, ça me reste encore en travers. J’ai occupé toutes les places sur le podium de cette course qui me tient à cœur, sauf la première.»

Arnaud Tissières: «J’ai souvent été en forme mais je ne suis pas toujours parvenu à exploiter ma condition. Je me suis fait piéger à plusieurs reprises, tantôt à cause de la malchance, une crevaison par exemple, ou en raison de mon inexpérience ou d’erreurs tactiques. Par exemple, lors du Bol d’Or des amateurs, j’étais très fort mais ça n’a jamais collaboré dans le peloton. L’échappée est allée au bout.»

4. Quelles seront vos attentes, votre rêve secret en 2024?

Simon Pellaud: «J’ai deux rêves dans ma carrière: le titre national sur route et une victoire dans un grand Tour. Je serai remonté comme jamais, en 2024, pour le championnat de Suisse parce que je sais que chaque année qui passe est une occasion de moins pour revêtir le maillot. Quant au grand Tour, il y a de bonnes chances pour que nous soyons invités sur l’un d’eux. Il faudra encore être retenu dans le groupe.»

Sébastien Reichenbach: «Je n’ai pas encore pris la décision quant à mon avenir. Ça pourrait être ma dernière année; je m’en rapproche, forcément. J’aurai un esprit revanchard. J’espère surtout éviter les erreurs commises cette année en restant peut-être un peu plus tranquille durant l’hiver. Je me souhaite la même saison qu’en 2022 lorsque j’avais obtenu une dizaine de top 10. Ça n’avait été que du plaisir. L’étape du Tour de Romandie à Salvan/Les Marécottes m’inspire déjà. J’apprécie ce type d’ascension.»

Valentin Darbellay: «J’attends, d’un jour à l’autre, de connaître mon avenir et notamment la position de Corratec à mon égard. Si je signe dans cette équipe, j’aimerais m’établir chez les professionnels, disputer peut-être le Giro et obtenir quelques résultats. Sinon, j’espère passer un palier, soit trouver une équipe professionnelle ou une formation très ambitieuse. Si je reste chez Elite Fondations, je viserai la gagne lors de toutes les courses, ou presque.»

J’espère rejoindre le peloton professionnel. Je n’en suis pas si loin.

Arnaud Tissières, coureur chez Elite Fondations

Antoine Debons: «J’attends encore une réponse de Corratec. On m’a dit qu’il restait des places. L’attente est donc longue pour moi. J’y crois, bien évidemment. Si je peux signer dans cette équipe Pro Team, laquelle peut revendiquer une invitation pour le Giro, j’aurais alors le rêve d’être retenu pour le Tour d’Italie. C’est l’occasion pour moi de courir un grand Tour. L’équipe ne compte pas tant de grimpeurs. Alors si je fais un bon début de saison… J’aimerais vivre une saison complète chez les professionnels.»

Fully, le 27 mars 2023
Cyclisme. Arnaud Tissières, cyclistes élites arrivés sur le tard, prendront part au GP Berra. © Sacha Bittel/Le Nouvelliste

Arnaud Tissières: «J’espère franchir encore un palier et rejoindre le peloton professionnel. Je me dis que je n’en suis pas si loin même si mon âge (ndlr: 27 ans) ne joue pas en ma faveur. J’ai pu m’en rendre compte en fin d’année lorsque divers contacts n’ont rien donné en dépit, quand même, de bons résultats. Je resterai donc chez Elite Fondations où j’espère fêter davantage de victoires.»

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