C’est une chose d’y penser, c’en est une autre de le vivre. Le 11 mai 2023, Maxime Girod l’a bien compris. Tandis que certains fuyaient les tornades qui sévissaient aux Etats-Unis, lui se jetait tout droit dans la gueule du loup. Et avec persévérance, puisqu’il lui aura fallu 32 heures pour rejoindre l’Oklahoma.

«Tout le monde dit que c’est flippant. Quand on était sur place, c’était assez chaud par moments», reconnaît cet habitant de La Sarraz (VD), qui organise à Morges le prochain Forum Venoge sur le thème des catastrophes naturelles (voir l'encadré).

Le déclic? Le film «Twister»

Mais qu’est-ce qui a bien pu décider cet ingénieur sécurité et sûreté pour l’Etat de Genève à se lancer dans une chasse aux tornades? Un indélébile souvenir d’enfance.

Il a 8 ans lorsqu’il visionne le film «Twister», en 1996. «Un jour, je ferai ça», se dit-il en découvrant, subjugué, ces phénomènes météorologiques extrêmes.

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Une supercellule immortalisée à Morse, au Texas. Photo: DR

A cette époque, Maxime Girod n’a rien d’un petit casse-cou. Mais sa volonté est déjà bien tenace. La promesse qu’il se fait ce jour-là, c’est pour la vie, même s’il lui faudra patienter.

Tout le monde dit que c’est flippant. Quand on était sur place, c’était assez chaud par moments.

Maxime Girod, chasseur de tornades

Dix ans après cette révélation cinématographique, il n’a pas de formation et un job de manutentionnaire dans une usine. Ça lui permet d’assumer sa nouvelle indépendance, mais pas forcément d’embrasser ses rêves. Qu’à cela ne tienne: il va se donner les moyens de les réaliser.

Des cours du soir, voilà ce qu’il lui faut pour passer un diplôme de commerce. Travailler le jour et étudier la nuit, ça ne lui fait pas peur. L’anglais, il l’apprend en voyageant aux quatre coins du monde, au contact des habitantes et habitants.

Au sortir de l’école de recrues, où il officie dans la musique militaire – une évidence pour ce joueur de tuba auréolé de trois titres de vice-champion suisse –, il est embauché comme agent de sécurité. En parallèle, il continue à se former dans le milieu de la sécurité et de la protection incendie.

De manutentionnaire à ingénieur

Son expertise lui vaut de décrocher des postes de chef de projets dans différents bureaux. Mais il lui manque quelque chose: «Ce que je voulais, c’était un titre universitaire.»

Il doute – «je pensais que je n’aurais pas le niveau» –, mais fait acte de candidature pour suivre un master en sécurité globale et résolution des conflits en affaires internationales. Ça paie, puisqu’il est accepté sur dossier.

Son papier en poche, il est temps de ressortir son rêve de gosse des cartons. En 2021, il s’inscrit dans une agence de chasseurs de tornades américaine dirigée par des météorologues confirmés.

Six tornades au programme

Le départ est prévu pour le printemps 2023, cette saison où le ciel a l’habitude de se déchaîner outre-Atlantique. De fait, Maxime Girod et ses compagnons de voyage seront servis: «J’espérais une tornade, on en a vu six.»

Les voilà embarqués dans un périple de 6000 kilomètres à travers trois états. «On suivait, sur des radars, les tempêtes qui pouvaient donner quelque chose d’intéressant en fonction des vents», raconte-t-il.

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A Texico, au Nouveau-Mexique, Maxime Girod et ses compagnons de route ont chassé un mésocyclone. Photo: DR

Leur chemin est rythmé par les alertes et parsemé d’arbres couchés et de barrières qui volent. Ce qui ne les empêche pas de s’approcher, parfois très près du danger: «On nous disait alors: ''Code rouge, tenez-vous prêts à repartir''.»

On voit des familles dont la maison est rasée du jour au lendemain, il faut garder cela en tête.

Maxime Girod, chasseur de tornades

Tout cela, il s’y attendait: «Au départ, on signe un contrat qui stipule qu’il y a des risques de blessures et de mort.» Mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle? «Si vous n’êtes pas un passionné, non», répond le trentenaire du tac au tac.

Pour lui, d’ailleurs, «ce n’est pas un jeu». Ne serait-ce que parce que ces violents phénomènes font des milliers de blessés et de morts chaque année aux USA, et en moyenne 100 à 150 milliards de dollars de dégâts. «On voit des familles dont la maison est rasée du jour au lendemain, il faut garder cela en tête.»

Cette aventure, in fine, c’était «une expérience de vie». Et c’est aussi la preuve que quand on veut, on peut. Son parcours, qui l’a vu se hisser d’un poste de manutentionnaire à celui d’ingénieur, est là pour l’illustrer. «Il n’y a pas qu’un chemin tout tracé, il y a aussi des voies secondaires», souffle-t-il.

Un forum pour partager son expérience, mais pas seulement
Le Forum Venoge, qui a lieu ce jeudi de 13h à 20h au Théâtre de Beausobre, à Morges, est un évènement que Maxime Girod a créé pour rassembler la population et des personnalités autour de sujets d’actualité. Pour cette 4e édition, baptisée Tornado, les discussions tourneront autour du thème des catastrophes naturelles. Un thème qui fait tristement écho à la situation qu’a vécue La Chaux-de-Fonds, balayée l’été dernier par une violente tempête.
Des experts, élus et professeurs d’université se relaieront pour évoquer des préoccupations telles que les tremblements de terre, l’aide humanitaire ou la gestion de crise. Maxime Girod évoquera notamment son expérience de chasseur de tornades. Les dons récoltés seront reversés à Missions Horizon, une association qui vient en aide aux habitantes et habitants sinistrés de notre pays lors d’accidents naturels et climatiques.
Entrée payante. Plus d’infos sur www.forum-venoge.com/2024-tornado

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