courrier des lecteurs

Au secours d'une armée souffrante

23 juin 2017

L’armée suisse, ses représentants et les politiciens qui la défendent avec ferveur n’ont de cesse de relever l’attractivité du service civil, blâmant parfois ceux qui ont refusé de s’aligner sous les drapeaux, arme à la main, en tenue militaire. Paradoxalement, le service pacifiste est devenu « dangereux » pour l’armée. Sans débattre des différences de valeurs, d’utilité pour la société ou d’enrichissement personnel que l’on trouve entre le service civil et le service militaire, il est intéressant de comprendre les causes de ce prétendu débordement de civilistes.

Certes, une grande partie des affectations du service civil demeurent attractives. Mais ne cherchons pas de coupable là où il n’y en a pas. Le service civil répond à une demande. D’une part de nombreux jeunes sont motivés à apporter une aide concrète à des organisations d’utilité publique, d’autre part la société se réjouit de pouvoir accueillir des civilistes fournissant une contribution peu coûteuse, qui, suite à quelques politiques de coupes budgétaires, s’avère souvent nécessaire.

Alors au lieu d’inlassablement critiquer le service civil et son attractivité, l’armée suisse ne devrait-elle pas prendre conscience de l’épidémie d’indigestion militaire dont souffre un nombre croissant de jeunes ? Lorsque Monsieur Yannick Buttet, président de la commune de Collombey-Muraz et conseiller national, lâche : « On fait une publicité incroyable pour inciter les jeunes à faire du service civil, et du même coup les décourager d’effectuer leurs obligations militaires. C’est devenu du grand n’importe quoi. » (24heures, 13.06.2017), oublie-t-il que l’intérêt du service civil découle en partie du manque de sens de l’armée ? Renverser la problématique en blâmant le service civil n’attirera pas de nouvelles recrues au sein de l’armée et ne revalorisera pas son image. Restent alors les réformes visant à durcir l’accès au service civil, ou le passage du service militaire au civil, comme ultimes tentatives de guérison. Mais ces mesures relèvent plus de l’ordre du palliatif que de la recherche d’un remède.

Il est peut-être temps de rendre le port de l’uniforme militaire réservé à ceux qui le souhaitent et de se tourner vers un service obligatoire et… civil.

Florent Morisod, Collombey-Muraz

par Florent Morisod, 1868 Collombey