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"T'es rose ou t'es bleu?"

La société incite toujours plus à mettre les gens dans des cases. Ceux qui ne correspondent pas à la norme sont souvent laissés de côté.La société incite toujours plus à mettre les gens dans des cases. Ceux qui ne correspondent pas à la norme sont souvent laissés de côté.

07 mai 2015, 00:01
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LYSIANE FELLAY

Aujourd'hui, la majorité des jouets pour les filles sont roses et ceux pour les garçons sont bleus. "La société restreint toujours plus les codes du genre. C'est particulièrement flagrant dans le domaine des jouets. Aujourd'hui, pour être dans la norme, il faut être un homme viril et non pas un garçon efféminé. De même, il vaut mieux ne pas être une femme avec un look masculin. Le coiffeur est forcément gay et la peintre en bâtiment, lesbienne" , explique Johanne Guex, coordinatrice du projet PREMIS, prévention du rejet des minorités sexuelles. Dans cette société très codifiée, la différence dérange et elle peut être montrée du doigt et stigmatisée. C'est ainsi qu'une personne peut se retrouver victime d'injures ou d'insultes homophobes (c'est-à-dire une discrimination envers une personne à qui l'on prête certaines qualités ou défauts attribués à l'autre genre). L'homophobie peut toucher tout le monde, cela ne concerne pas uniquement les personnes ayant une orientation sexuelle minoritaire (homosexuel ou bisexuel).

 

Un climat de peur

 

Dans tous les cas, la personne discriminée va être blessée par ces propos. C'est encore plus difficile et douloureux pour un adolescent en pleine période de construction identitaire. "Les jeunes recherchent la similitude. C'est beaucoup plus compliqué d'être différent" , souligne Johanne Guex. Dans les cours d'école, les enfants et les adolescents peuvent être très durs entre eux. Sur le podium des insultes, on retrouve en première place la corpulence et en deuxième position les propos homophobes. Pour Jacqueline Fellay, conseillère en santé sexuelle au centre SIPE (sexualité, information, prévention et éducation) de Sion, l'ouverture du monde actuel a poussé l'humain à remettre des normes "serrées" afin de retrouver un cadre de vie sécurisant. Johanne Guex ajoute qu'aujourd'hui: "il n'y a plus de continuum entre le masculin et le féminin. Ces deux notions s'opposent. Pourtant, toutes les femmes ont une part de masculinité en elles et les hommes une part de féminité..." Au centre SIPE, les conseillères en santé sexuelle rencontrent régulièrement des jeunes victimes de discrimination en tout genre. Forte de son expérience pratique, Jacqueline Fellay reconnaît que la discrimination invite à la réflexion. "Si c'est humainement inacceptable, il faut tout de même avouer que c'est un mécanisme humain, un mécanisme de défense. C'est un peu comme la résistance au changement. Il faut l'écouter. Cela nous dit quelque chose de nous-même." Les professionnels s'accordent à dire que chez l'adulte, plus le propos prononcé est virulent, plus cela remet en question quelque chose de profond chez la personne discriminante. "Quand une personne discrimine, elle a une bonne raison de le faire. Il faut s'intéresser à pourquoi elle le fait, qu'est-ce que ça lui apporte? Un jeune ayant de la difficulté à s'intégrer dans un groupe va discriminer un camarade qui a trop d'embonpoint, par exemple, pour se valoriser" , continue Jacqueline Fellay. Lorsque la peur surgit, la professionnelle recommande de ne pas la projeter sur l'autre, d'accepter cette peur et de se demander ce qui dérange. L'idéal serait de se questionner, de revisiter ses valeurs. Tout un chacun peut réfléchir et trouver une solution à ce qu'il vit. C'est intéressant de faire un travail sur ses peurs. "Ce message doit également être délivré par les parents aux enfants. Ils ont un rôle éducatif important à jouer. Ils doivent apprendre à l'enfant la différence. Ils doivent également laisser à l'enfant ressentir ses émotions. Enfin, la discrimination ne doit jamais être tolérée. Chaque adulte responsable se doit d'intervenir à sa manière lorsqu'il est témoin d'une telle scène" , souligne Jacqueline Fellay.

 

Attaque de l'estime de soi

 

La discrimination attaque l'estime de soi. Elle dit à la personne qu'elle n'a pas le droit d'exister comme elle est. Face à une telle situation, il vaut mieux réagir. " Ç a peut être par un poing sur la gueule de l'autre. Ç a peut aussi être symbolique. Cela dépend des outils que l'on a dans sa boîte personnelle. Ils peuvent en parler à des professionnels comme ici au centre SIPE" , explique Jacqueline Fellay. Enfin, lorsqu'une discrimination s'inscrit sur la durée, la personne peut devenir celle que l'on discrimine systématiquement. Cela va avoir un impact délétère sur la santé globale tels que peur d'être en groupe, troubles du sommeil, de l'alimentation voire de la détresse existentielle comme la dépression ou le suicide. Cela peut aussi amener la personne à se réfugier dans une conduite addictive lorsqu'il n'y a personne pour apporter un soutien.

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