Pour un coup d’essai, c’était un coup de maître. Olivier Longchamp (Sion), Luc Bourgeois (Ardon), les deux performers valaisans et leur caméraman, Aaron Crisci (Nyon) sont montés sur le podium d’une compétition de parachutisme freefly dès leur première participation. A Eloy, dans l’Arizona, le trio du Team Chocolate, a obtenu la troisième place derrière deux équipages quasi intouchables. Il s’agit d’une première, pour eux, d’une première aussi pour la Suisse à ce niveau. «Et c’est aussi la première fois que nous nous alignions en Coupe du monde», expliquent-ils. «Ce résultat constitue une grosse surprise. Il n’était pas attendu puisque nous avions affaire à des adversaires qui ont une longue expérience alors que nous étions des novices à ce niveau et dans cette discipline.»

Nous nous rendons une semaine par mois à l’étranger afin de nous entraîner et d’enchaîner les sauts.

Olivier Longchamp et Luc Bourgeois, performers du Team Chocolate

L’histoire de ce trio remonte à une année. Olivier Longchamp, troisième des Mondiaux dynamiques indoor, quatrième des Mondiaux outdoor, champion de Suisse en soufflerie et Luc Bourgeois, champion de saut en parachute indoor, montent un projet qui doit les amener jusqu’aux Mondiaux de freefly qui se tiendront en Russie, en août 2020. L’objectif est ambitieux. A plusieurs titres. «Sportivement, ça va, parce que nous n’avons pas vraiment de concurrents en Suisse. Chaque pays a droit à un équipage.»

En savoir plus : La vidéo d’un saut

250 000 francs de budget à trois

Financièrement, le coût aurait eu de quoi rebuter les trois sportifs. «Le budget s’élève à 250 000 francs», soufflent-ils. «C’est énorme. Il est exclusivement, ou presque, à notre charge. Nous avons déniché quelques sponsors régionaux; nous bénéficions de quelques prestations, du matériel essentiellement. Mais nous assurons à titre privé 60% du projet global. Disons que c’est une passion qui nécessite de gros sacrifices.»

Les entraînements, d’abord. Ils profitent de la structure du RealFly à Sion pour des séances en indoor. Ils volent régulièrement à Bex, «un travail plus spécifique». Surtout, ils doivent se rendre une semaine par mois à l’étranger. En général, ils optent pour l’Espagne, la Costa Brava. En mars prochain, ils se rendront en Floride. «D’abord, les conditions climatiques sont optimales. Ensuite, financièrement, c’est aussi plus abordable.»

Dix sauts par jour lors d’un stage

Lorsqu’ils sont à l’étranger, ils alignent en moyenne dix sauts par jour afin d’optimiser leur séjour. Pour autant, bien sûr, que la météo s’y prête. «Il faut savoir qu’on monte jusqu’à 4000 mètres à partir du sol. Là-haut, les vents peuvent souffler entre 300 et 500 km/h. Nous avons 42 secondes pour effectuer nos figures avant d’ouvrir notre parachute.»

Les trois hommes ont alors effectué une chute libre de quelque 3000 mètres, le temps pour eux d’effectuer plusieurs figures libres ou imposées, à plat ventre ou la tête en bas.

Ils visent un podium aux Mondiaux

Olivier Longchamp, Luc Bourgeois et Aaron Crisci ont déjà les Mondiaux de Russie en point de mire. Grâce à ce podium inespéré décroché dans l’Arizona, ils ne se contenteront plus d’une participation sans réelle prétention. «Il faut viser très haut», relève Olivier Longchamp, 26 ans. «Aux Etats-Unis, les deux premiers étaient bien devant. Mais nous n’étions pas largués pour autant. Je veux croire que la première place ne sera pas hors de portée.» «Disons qu’un podium serait déjà un sacré résultat», rétorque Luc Bourgeois, 41 ans. «Cette troisième place renforce notre motivation et nourrit notre ambition. Nous avons déjà réalisé un sacré exploit, qui ne tombe pas de nulle part non plus. Nous avons énormément bossé pour atteindre ce niveau.»

C’est quoi, le freefly?

Cette discipline implique trois personnes: deux performers qui réalisent des figures libres ou imposées et un caméraman qui filme tout en réalisant, lui aussi, des figures. Autant écrire que la synchronisation entre les trois hommes est essentielle et qu’elle n’autorise pas la moindre improvisation.

Une équipe effectue sept sauts, cinq avec des figures libres, deux avec des figures imposées. Chaque saut dure très précisément 42 secondes. «Après quoi, la caméra s’arrête automatiquement», précisent les deux performers. «Il est donc vital de ne pas rater le début et de ne pas finir trop tard.»

Les juges attribuent des notes sur la seule base des images vidéo.

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