En début d’année, lorsqu’il a acquis les droits de propriété d’un des tournois du circuit A1Padel, Stan Wawrinka savait qu’il allait lancer le premier tournoi international de padel en Suisse. Il ne manquait que la date et le lieu.

Cette fois, le projet prend forme. Cette grande première aura lieu du 15 au 20 août à Verbier. Le tournoi, doté d’un prize money de 110 000 euros, mettra aux prises les meilleurs joueurs du monde. Interview de son président Stan Wawrinka, qui a trouvé le temps d’effectuer un aller-retour dans le val de Bagnes avant le Grand Chelem de Roland-Garros qui commence le 28 mai.

Stan Wawrinka, auriez-vous trouvé votre reconversion professionnelle en devenant le président du premier tournoi suisse du circuit international de padel?

A 38 ans, je fais partie des plus vieux joueurs du circuit. Je dois donc me préparer. Ce rendez-vous, que j’espère inscrit sur le long terme, concerne effectivement mes projets d’après-carrière.

Ce rendez-vous, que j’espère inscrit sur le long terme, fait partie de mes projets d’après-carrière.

Comment êtes-vous tombé dans la marmite du padel?

Je l’ai découvert en Espagne, où ce sport est très développé, lorsque je m’entraînais là-bas. Comme je suis un compétiteur dans l’âme et que j’aime les jeux de balles et de raquette, il m’a tout de suite séduit. Depuis quelques années, il prend de l’ampleur un peu partout en Europe. Cette discipline commence à se développer ailleurs qu’en Espagne ou qu’en Amérique du Sud d’où il tire ses origines.

Est-il plus accessible que le tennis?

Pour renvoyer correctement la balle, tenir des échanges et éprouver du plaisir en tennis, il faut passer des heures à l’entraînement, pour s’assurer une bonne technique notamment. Ce n’est effectivement pas le cas du padel où les gens peuvent très vite prendre du plaisir. Disputé à un certain niveau, il est toutefois une discipline très physique.

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Verbier rejoint le circuit A1Padel qui compte déjà 18 étapes, dont celle de Séville ici à l’image. © DR

Vous êtes à ce point passionné par le padel que vous avez acheté les droits de propriété d’un des tournois du circuit A1Padel pour une étape en Suisse en 2023.

Je sens que ce sport se développe ici. De nouveaux centres dédiés à ce sport sont en projet. Quand Fabrice Pastor, qui est un très bon ami et qui a créé le circuit A1Padel, m’a évoqué la possibilité d’obtenir une licence pour un tournoi en Suisse, je n’ai pas vraiment hésité.

Cela démontre que vous croyez au potentiel de ce sport.

Les terrains en Suisse sont souvent remplis. Donc j’y crois, oui. Sans compter que j’aime amener de la nouveauté. Même si les gens ne connaissant pas le padel en Suisse aussi bien que dans d’autres pays, l’idée de créer un événement m’a plu.

Encore fallait-il trouver un endroit…

Il fallait surtout créer une équipe qui puisse gérer ce projet. Bon, quand je leur ai parlé de cette licence, je ne leur ai pas tellement laissé le choix. (Il rigole.) (ndlr: Wawrinka fait référence à la société WHL Sport SA dont il fait partie avec sa sœur Naëlla, Renato Lombardi et Dan Hafner) Je leur ai dit de se débrouiller mais qu’il fallait créer un événement, mon emploi du temps ne me permettant pas de le faire pour le moment. Ce sont eux qui ont trouvé le lieu de ce nouveau tournoi et qui ont porté ce projet qui, j’en suis persuadé, deviendra un rendez-vous unique.

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Stan Wawrinka s’y connaît quand il s’agit de parler de sport de raquette. © Raphaël Surmont

Comment votre choix s’est-il porté sur Verbier?

On s’est dit qu’il fallait un cadre qui sorte de l’ordinaire, qui contraste avec ce que l’on voit jusqu’à aujourd’hui sur les étapes mondiales de padel. On voulait aussi mettre en avant l’image de la Suisse. On s’est vite dit qu’un paysage de montagne répondait à ces critères. On a pensé à Verbier qui est de loin ma station favorite. J’ai beaucoup d’amis dans cette station qui affiche une réelle envie d’amener de nouveaux événements.

Les joueurs ne seront-ils pas trop perturbés par l’altitude?

En tennis, on doit bien s’adapter à Gstaad. (Il se marre.) Plus sérieusement, l’altitude implique davantage de rebonds mais le padel est un sport plus rapide, qui se joue sur un plus petit terrain que le tennis. Il y a donc forcément moins de gros rebonds. Il n’y a pas de lifts non plus. Je ne pense donc pas que les joueurs se plaindront de l’altitude. Au contraire, je suis persuadé qu’ils seront ravis de découvrir une région magnifique de la Suisse.

Ce tournoi est donc l’assurance de voir à l’œuvre les meilleurs joueurs du monde?

Du circuit A1Padel, oui. Ce Tour est l’un des trois circuits mondiaux qui existent actuellement. Idéalement, il faudrait que ces circuits s’arrangent pour se mettre ensemble, comme c’est le cas en tennis avec l’ATP et l’ITF qui ne forment qu’un seul et même tour.

Vous évoquiez Gstaad pour le tennis. L’idée est-elle que Verbier devienne le Gstaad ou le Bâle du padel?

Pas du tout. On ne veut copier personne. L’idée, c’est de faire découvrir le padel avec un niveau international sur une semaine mais aussi avec de nombreux événements annexes, de la restauration à l’animation en passant par des concerts. On pourrait presque qualifier ce tournoi de festival du sport.

Serez-vous là pour cette première édition?

Malheureusement, non, puisqu’un tournoi de tennis se déroule à ces dates. Tant que je serai professionnel, je ne pourrai pas venir profiter de ce rendez-vous de padel. Mais, même si on a signé un contrat pour les trois prochaines années, l’idée est de s’implanter sur le long terme ici, pour les dix ou vingt prochaines années. Tel est du moins notre objectif.

Parlons quand même un peu de tennis. A dix jours de Roland-Garros, comment vous sentez-vous?

Je sens que je peux battre de très bons joueurs. Jamais je n’aurais pensé, il y a dix ans, que j’allais être capable de jouer à ce niveau-là à 38 ans. Tant que je me sens compétitif et si mon corps me le permet, je continuerai. Tout en sachant que cela demande bien plus de discipline qu’en début de carrière. On doit travailler deux fois plus pour beaucoup moins de résultats.

Pouvoir jouer Roland-Garros est toujours exceptionnel. A mon âge, je sais que je vais vers mes dernières éditions.

On imagine que Roland-Garros, où vous avez signé l’un de vos trois succès en Grand Chelem, a une saveur particulière pour vous.

Pouvoir jouer ce tournoi est toujours exceptionnel. A mon âge, je sais que je vais vers mes dernières éditions. Surtout au vu des opérations que j’ai subies ces dernières années. Je ne débarque d’ailleurs pas à Paris avec les mêmes objectifs qu’il y a huit ou dix ans lorsque je me trouvais au sommet de ma carrière. Aujourd’hui, j’éprouve encore énormément de plaisir à jouer. Je veux profiter au maximum de ces moments parce que le jour où ça s’arrête, ce sera définitif. Il n’y aura pas de retour en arrière. Je vais donc chercher à jouer quelques éditions de Roland encore tout en essayant d’aller le plus loin possible dans le tableau.

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