Le glacier de Saleina, près d’Orsières, a livré les restes de deux individus morts durant l’époque moderne, soit entre 1640 et 1800. Depuis, les archéologues du canton s’activent à récupérer tout ce qui peut l’être dans le cadre d’une étude.

La première découverte de certains restes humains sur le glacier de Saleina remonte à 2006. A l’époque, c’est la police cantonale qui se saisit du dossier, pensant qu’il s’agit de personnes disparues dans cette zone au cours du XXe siècle, explique lundi à Keystone-ATS Romain Andenmatten de l’office cantonal d’archéologie du Valais. Celui qui parle «d’un cas très intéressant» revenait sur une information diffusée dans l’émission Mise au Point de la RTS.

D’autres vestiges sont retrouvés en 2019. «Pour la seconde fois, des recherches sont effectuées afin de savoir s’ils peuvent être liés à un cas récent de disparition», ajoute-t-il. Les datations par le radio-carbone effectuées en collaboration avec le Service de médecine légale de l’Hôpital du Valais tranchent: les ossements et les vêtements sont beaucoup plus vieux.

Une femme et un homme

D’autres analyses concluent que ceux-ci appartiennent à deux individus, une femme et un homme, «sans qu’il ne soit possible de dire s’ils voyageaient ensemble au moment de leur mort ou s’il s’agit d’événements distincts», précise l’archéologue. Seule certitude, tous deux ont vécu entre 1640 et 1800 dans la vallée du Rhône.

Les gens circulaient beaucoup par les cols latéraux. A certaines périodes, les glaciers possédaient des surfaces plus régulières qu’aujourd’hui.

Romain Andenmatten, archéologue à l’Office cantonal d’archéologie du Valais

Le glacier de Saleina est une voie de passage entre le Val Ferret et Argentière, entre la Suisse et la France. Ces deux personnes ont peut-être tenté cette traversée, suppose Romain Andenmatten.

«Les gens circulaient alors beaucoup par les cols latéraux. A certaines périodes, les glaciers, beaucoup plus imposants, possédaient des surfaces plus régulières qu’aujourd’hui, avec moins de séracs ou crevasses et ils recouvraient aussi certaines barres rocheuses. Des passages alpins étaient donc plus aisés qu’aujourd’hui».

Corps disloqués

Sur le glacier de Saleina, aucun des corps n’a été retrouvé entier. «Il faut se représenter un glacier, comme un fluide qui bouge à des vitesses différentes selon que l’on se trouve en son centre ou sur ses bords. Intégrés dans les glaces de surface, soumis à ces mouvements, les corps se disloquent sur la langue glaciaire. Ici, les os, les restes partiellement momifiés, des vestiges de matériel ont été retrouvés sur quasi 800 mètres», explique l’archéologue.

Les nouveaux éléments récoltés doivent maintenant être datés, afin de savoir ce qui appartient réellement aux deux individus et de lever un coin de voile sur leur histoire. En parallèle, les archéologues vont travailler avec des glaciologues «afin de mieux comprendre de quel endroit du glacier proviennent ces vestiges à l’origine et d’établir la manière dont s’est effectuée cette dispersion», relève Romain Andenmatten.

Le «mercenaire» de Zermatt

Cette découverte rappelle celle du «mercenaire» mort dans les années 1600 et retrouvé au col du Théodule dans la région de Zermatt dès 1984 avec vêtements, chausse-pied, chaussures, rasoir, pièces de monnaie, dague, épée et pistolet. L’étude de ces vestiges avait finalement permis d’estimer que ledit mercenaire était plus probablement un marchand.

La fonte des glaces provoque régulièrement des découvertes de nouveaux vestiges archéologiques en haute altitude. Quelle que soit la découverte, l’office cantonal d’archéologie appelle les randonneurs à ne pas la toucher ou la déplacer et à la lui signaler via l’application IceWatcher. Cela afin de faciliter le travail des archéologues.

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