Bon, qu’on se le dise – attention, mini-spoilers -, l’hiver est venu, il n’a pas fait long feu, Winterfell est debout mais Westeros n’est pas encore pacifié. Alors pour accueillir le printemps comme il se doit avant de repartir en campagne vers le sud, allons puiser quelques airs revigorants auprès des ménestrels les plus inspirés des Sept Couronnes. Désolé pour le langage médiévalo-fantasy mais le dernier épisode de Game Of Thrones a laissé des traces... Donc, résumons, la sève monte, les manches se raccourcissent, les terrasses se garnissent et les soirées s’allongent. Pour accompagner ce mouvement, voici une sélection de titres récemment diffusés et frais comme une brise de saison.
Les pépites «On se calme et on boit frais»
Pedro The Lion – «Yellow Bike»
Le groupe de Seattle, enfin le quasi «one man band» de David Bazan, est né au milieu des années 90 et c’est vrai que dans le son, il a toujours gardé cette fraîcheur indie rock, ce sens éraillé de la mélodie qui accroche. Ce «Yellow Bike», issu de l’album «Phoenix» qui marque la renaissance de l’entité groupe après 14 ans d’albums en solo plonge dans les jeunes années de Bazan et cherche la réconciliation. Très beau.
JJ Cale – «Go Downtown»
Six ans après la diparition de l’icône JJ Cale, l’album posthume «Stay Around» permet de mesurer l’étendue de la perte. Le songwriter discret de l’Oklahoma – ne pas confondre avec John Cale du Velvet Underground – est mort dans une quasi indifférence aux Etats-Unis, un peu moins en Europe où il s’était acquis une «fan base» fidèle. Beaucoup de finesse et d’humilité dans ce «Go Downtown» tout en élégance aride.
Josh Ritter – «Old Black Magic»
Presque aussi discret que JJ Cale, Josh Ritter arpente à peu près les mêmes territoires que son aîné. Le songrwiter de l’Idaho est sur son dernier album «Fever Breaks» d’humeur plus électrique que sur ses précédents disques et ce «Old Black Magic» est rugueux juste ce qu’il faut, anthémique sans trop en faire. Une saturation qui lui va bien.
Tom Petty & The Heartbreakers – «For Real»
Le grand, le très fin Tom Petty manque beaucoup à la planète. Disparu il y a deux ans, il a tout de même laissé dans ses tiroirs des inédits, dont ce «For Real» que l’on peut écouter sur le récent «The Best Of Everything», double album qui retrace la carrière de ce géant peu tapageur. Et on se rend compte en l’écoutant à quel point Petty pouvait rendre la simplicité majestueuse.
Weyes Blood – Everyday
On avait découvert la californienne Natalie Mering – alias Weyes Blood - en première partie de génial Kevin Morby au Port Franc de Sion. C’était il y a quatre ans. Et en quatre ans, Kevin Morby est devenu l'un des songwriters les plus influents de son temps et Weyes Blood n’en finit pas de conquérir les ondes. Comme avec cet imparable «Everyday» qui rappelle les symphonies de poche les plus belles des sixties. Tout ça pour dire qu’avoir en Valais des clubs dont les programmateurs ont du flair est une chose précieuse.
Charlie Cunningham – «Permanent Way»
On a vu le britannique Charlie Cunningham subjuguer des salles entières seul avec sa guitare, avec son jeu hérité du flamenco et sa voix profonde et sensible. Début juin sortira l’album «Permanent Way» et le morceau titre déjà diffusé donne la teinte du disque. Toujours autant de réverb, avec cette fois des textures synthétiques légères qui soulignent les climats sans trop les appuyer. Magistral.
Andrew Bird – «Sisyphus»
On retrouve le sifflet caractéristique de Andrew Bird sur ce «Sisyphus», titre introductif du dernier album du songwriter de l’Illinois «My Finest Work Yet». Beaucoup de deuxième degré dans ce titre, mais on est pas loin de lui donner raison tant tout, des arrangements aux médolies est maîtrisé, magnifiquement exécuté. Avec toujours, cette capacité à surprendre au détour d’un refrain.
Fat White Family – «Feet»
On change de continent et de style pour ce dernier titre avec «Feet» des britanniques de Fat White Family. On quitte l’americana pour les frimas de la Perfide Albion et on plonge dans un spleen urbain aux reflets pop, nouvelle direction prise par le groupe qui avait habitué le public à un rock chaotique et jouisseur. Assagi sur la forme mais pas sur le fond, le groupe reste l’un des brûlots les plus subversifs du Vieux Continent.