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Nous ne sommes pas Tessinois, la chronique de Romain Carrupt

23 août 2017, 16:51
Romain Carrupt, étudiant en droit à l’Université de Neuchâtel.

Ce qu’il y a de bien avec la course au Conseil fédéral, c’est qu’elle nous rappelle, à nous Suisses romands, que nous sommes latins. Comme les Tessinois. Dans notre pays, il y a donc les alémaniques et les latins. A part pour cette élection très particulière, qui s’en rend compte au quotidien? 

Très peu de francophones comprennent l’italien. Et non, pas tous les Tessinois ne maitrisent la langue de Molière. Seuls les universitaires ont dû  franchir le Gothard pour étudier. Chez eux comme chez nous, c’est l’allemand puis l’anglais que l’on apprend au primaire. 

Les Romands sont si proches des Tessinois qu’ils hésitent souvent entre deux villes pour la capitale du Sud des Alpes. Locarno ou Lugano? Bellinzone, ah oui, on l’avait naguère étudié! 

Le Tessin, c’est très joli et le merlot y est très bon. Contrairement à la Suisse allemande qui est très moche et où l’on ne sait pas cuisiner. Pourtant, nous nous rendons plus souvent à Berne, Zurich ou Bâle qu’à Ascona ou Mendrisio. Pour supporter le FC Sion, assister à un concert ou visiter de la famille. 

Sous prétexte que nos deux langues partagent de nombreuses syllabes et que l’on préfère le risotto aux Bratwurst, il faudrait que l’on forme une même catégorie avec les Tessinois? La culture latine signifierait quelque chose si elle était vécue. Mais ce n’est pas le cas. 

Les Romands ne sont pas plus Tessinois que Suisses allemands. Lorsqu’il faut citer des artistes de ces régions, nous n’avons pas d’exemple pour la première, et seulement un ou deux pour la seconde. Stephan Eicher si l’on est vieux, Pegasus ou 77 Bombay Street, si l’on est jeune. Ces derniers sont romanches, mais on va dire qu’ils sont alémaniques pour les besoins du classement binaire.

Dans l’imaginaire collectif, les Tessinois sont sympas. Ils ont du soleil, parlent avec les mains et travaillent surement un peu moins que nous. Nous qui travaillons un peu moins que les Suisses allemands. C’est sans doute pour cela qu’on nous dit proches d’eux. Les clichés ont l’avantage de la simplicité. 

Surprise par contre lors de scrutins clivants: ça vote pas mal conservateur par-là en bas. Presque autant qu’en Haut-Valais. On le souligne quatre dimanches soir par an, puis on l’oublie. Ils ont du soleil et parlent avec les mains. 

L’opposition latins alémaniques ne tient pas. Si l’Assemblée fédérale choisit Ignazio Cassis en septembre, le successeur de Doris Leuthard ou Johann Schneider-Ammann ne pourra pas être un Romand. Car les Alémaniques, majoritaires en Suisse, sont légitimés à disposer de quatre sièges. Mais pas parce que les Romands et les Tessinois se partageraient trois sièges latins. Entre ces deux régions, il peut y avoir une alliance des minorités. Pas une «solidarité latine.»

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