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Les pollens s'infiltrent partout

Environ 20% de la population frappée chaque année à des degrés divers.

03 mai 2012, 00:01
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L'individu allergique aux pollens souffre d'un dysfonctionnement du système immunitaire. SHUTTERSTOCK

Un soleil qui se fait moins pâle. Des rayons plus chauds qui, avec la durée des jours allongeant, font renaître la nature après la longue éclipse hivernale. Quelques bourgeons timides ornent les branches des arbres. Et les amandiers, les cerisiers, les pommiers, les poiriers vont éclater de fleurs roses et blanches. De quoi faire oublier neige et frimas.

Dans cette exubérance qui prévaut en début de printemps, les bouleaux, les aulnes, les noisetiers notamment s'apprêtent à participer à l'effervescence ambiante. Pour des centaines de personnes en Valais, cette période qui s'annonce va constituer un long calvaire. Allergiques aux pollens dégagés par ces arbres, ces malades vont passer des semaines difficiles.

"Cette année la saison a débuté tôt" constate le Dr Joël Duc, spécialiste FMH en allergologie et immunologie clinique, à Sion. "Au cours de ces dernières semaines, il a fait très chaud et très sec. Une sécheresse qui a par ailleurs favorisé le transport des pollens par le vent.

Qu'est-ce qu'une allergie aux pollens?

C'est un dysfonctionnement du système immunitaire. L'individu allergique est capable de fabriquer des anticorps spécifiques, que l'on nomme IgE, contre certaines protéines des pollens qu'il devrait normalement supporter.

Quels sont les symptômes de cette allergie?

Les pollens aéroportés par le vent, entrent en contact avec les muqueuses oculaires et respiratoires et vont entraîner: une rougeur oculaire avec prurit, écoulement parfois oedème, une rhinite séreuse avec éternuements en salve, des démangeaisons du voile du palais et parfois de toute la sphère ORL (nez, gorge, oreille). Dans les atteintes particulièrement sévères, ce tableau de rhino-conjonctivite peut se compliquer d'asthme bronchique, qui reste la manifestation clinique la plus redoutable et la plus grave des allergies respiratoires.

Que peut-on faire pour se soigner?

Il convient, dans un premier temps, de contrôler les symptômes. La médecine dispose aujourd'hui d'antihistaminiques plus puissants et moins sédatifs que les antihistaminiques d'autrefois. Associés à des anti-inflammatoires topiques performants (corticoïdes topiques nasaux ou pulmonaires), ils permettent dans la grande majorité des cas un contrôle tout à fait satisfaisant des symptômes, avec des effets secondaires mineurs.

Et pour la guérison?

L'immunothérapie, appelée autrefois désensibilisation, est le seul traitement causal de l'allergie. Elle peut se faire par voie orale ou sublinguale ou par injections sous-cutanées, qui reste encore actuellement la méthode la plus efficace. L'indication à une immunothérapie est fonction de la gravité de la maladie, de sa durée et de la réponse au traitement médicamenteux. Celle-ci nécessite un bilan allergologique spécialisé, où les allergènes incriminés dans les symptômes sont mis en évidence par des tests cutanés ou par le dosage des IgE spécifiques dans le sang. L'immunothérapie consiste à pratiquer des injections sous-cutanées d'allergènes, à dose croissante, pour faire produire, par le système immunitaire, des anticorps qui se "battront" contre les anticorps de l'allergie. Il s'agit d'un traitement long, qui s'étale sur une période de trois à cinq ans, mais couronné de succès dans 80% des cas, surtout si l'indication à cette immunothérapie est bien posée.

Quels sont les types de pollens?

Il y a trois catégories de pollens qui "pollinisent" à des périodes différentes: les pollens d'arbres (noisetier, aulne, chêne, frêne, bouleau...) sont les premiers à apparaître, du début février à début mai. De mai à fin juillet pollinisent les graminées et les céréales, responsables du "rhume des foins".

De fin juillet à début septembre, les pollens de mauvaises herbes se manifestent, particulièrement les pollens d'armoise, herbacée très abondante en Valais. Il faut tenir compte, dans ces calendriers polliniques, de l'altitude qui va déterminer la vitesse de croissance des végétaux. On ne peut pas éviter les pollens, à moins de vivre calfeutré chez soi ou de porter un scaphandre...

Dans notre canton, quel est le pourcentage de la population touchée par l'allergie aux pollens?

Environ 20% de la population, mais à des degrés très divers. Ces chiffres ont été multipliés par 3 ou 4 durant les quatre dernières décennies.

Pourquoi?

Trop de propreté, trop d'antibiotiques... Le système immunitaire, pas assez stimulé dans les premiers mois de vie, prend la mauvaise direction de l'allergie. Dans les milieux les moins protégés et les moins propres, dans des familles nombreuses où les enfants se "passent" les maladies, chez les enfants vivant très tôt en crèche, chez les enfants vivant à la campagne au milieu d'animaux (toxines) on constate beaucoup moins d'allergie.

Et cette hypothèse dite "hygiénique" expliquerait cette explosion des allergies qui ne touche en fait, que les pays ayant un western way of life (Europe occidentale, Amérique du Nord, Australie, Japon).

Qui sont les plus touchés?

C'est une pathologie qui frappe surtout les enfants et les adolescents. En dessous de l'âge de 10 ans, ce sont plutôt les garçons qui sont atteints, mais après, les chiffres s'équilibrent.

L'allergie peut survenir à n'importe quel moment de la vie, de l'âge de quelques mois à plus 80 ans. De plus en plus d'adultes développent tardivement une allergie.

Y a-t-il des facteurs génétiques?

La composante familiale est très importante. Si un des parents est allergique, le risque pour l'enfant d'être allergique est de l'ordre de 35%. Si les deux parents sont allergiques le risque monte à 80%.

En plus des facteurs génétiques, il y a également des facteurs environnementaux, dont certains ont déjà été évoqués ci-dessus. On sait, par exemple, que les particules fines de diesel favorisent l'allergie car elles sont d'excellents transporteurs de pollens.

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